Interview

Alysson Paradis Pétillante comédienne

Elle avait déjà un nom célèbre. Elle est en train de se faire un prénom. Alysson, cadette de onze ans de Vanessa, est actuellement à l'affiche de La Récompense au théâtre Edouard VII. Jeune femme spontanée et pétillante, elle nous reçoit au Terrass" Hotel.

 

Alysson, dans La Récompense de Gérald Sibleyras, mise en scène par Bernard Murat, on découvre que vous savez être aussi une actrice de comédie !
C’est vrai ! Et cela me fait plaisir que l’on me voie enfin dans des emplois autres que sombres, tragiques et taiseux ! (Rires) J’ai grandi avec le projet du metteur en scène Bernard Murat. Il m’a appris à ne pas avoir peur de faire rire. C’est quelqu’un qui aime casser les codes, qui a la force d’être curieux…

Pourtant, à vous regarder, on s’étonne qu’on puisse vous confier des rôles aussi ténébreux.
D’autant que, depuis toujours, je suis cataloguée comme le clown de la famille ! Rien ne m’affecte autant que les conflits que j’essaie constamment de désamorcer par le rire. En même temps, je reconnais porter tout de même en moi une part de mélancolie.

Quel genre de petite fille étiez-vous ?
Une enfant à la fois garçon manqué et plutôt dans la lune qui adorait grimper aux arbres. Mes parents, très intelligents, m’ont permis de m’initier aussi bien au karaté qu’à la poterie. Ce n’était pas des partisans de l’activité à tout prix et, le mercredi après-midi, ils avaient instauré ce qu’ils appelaient “deux heures d’ennui” où ils nous laissaient improviser avec de l’argile, de la peinture et l’appareil de sérigraphie qu’ils nous avaient installé. Nous avions l’interdiction de regarder la télévision ce jour-là !

 

Étiez-vous proche de votre sœur aînée Vanessa ?
Vanessa avait onze ans quand je suis née. C’est une très grande différence d’âge ! Si nous sommes très proches aujourd’hui, j’ai plutôt été élevée avec mon cousin qui a deux ans de plus que moi et que j’ai toujours considéré comme mon frère. Lui est devenu musicien.

À croire que la fibre artistique s’étend à toute la famille, y compris à votre nièce Lili-Rose qui elle aussi devient une star !
Et qui me voit davantage comme une grande sœur que comme sa tante ! Mais je vous l’ai dit, je ne souhaite pas vous parler d’elle, pas plus que de Vanessa, même si je les adore. Je peux toutefois vous dire que nous avons eu la chance de naître dans une famille très structurée où l’on parle beaucoup et où l’on s’écoute énormément. Nous formons une vraie tribu, un clan très soudé et solidaire. À la maison, en région parisienne, il y avait aussi une immense bibliothèque où chacun des enfants a lu très tôt et en grande quantité.

Avez-vous souhaité très jeune devenir comédienne ?
Non, pas spécialement. D’ailleurs, je n’ai commencé ce métier qu’à l’âge de 19 ans. Avant, j’ai suivi des cours d’Arts plastiques et d’Histoire de l’art. Issue par ma mère d’une famille d’architectes, je souhaitais moi-même exercer cette profession ! J’adore chiner, rénover des appartements. Récemment, j’ai aidé ma mère à refaire toute sa cuisine et je donne volontiers à un coup de main à mes amies pour retaper leur appartement car j’ai aussi suivi des cours de décoration d’intérieur !

Vous avez 17 ans lorsque vous vous installez à Paris.
Dans ce quartier du Marais dont je n’ai plus bougé depuis tant j’en suis amoureuse ! Je connais tous les commerçants, j’ai l’impression d’être dans un village lui-même situé au cœur d’une grande ville. J’adore le square du Temple, le musée Picasso. Dans Paris, je me déplace beaucoup à pied ou en scooter. Jamais en voiture ! J’aime décorer ma maison. Je cuisine, je fais le marché. J’aime aussi beaucoup aller m’asseoir au Luxembourg avec mon fils d’un an et demi ou l’emmener au jardin des Plantes.

Dans la vie de tous les jours, êtes-vous plutôt du genre jean-baskets ou tenues très féminines ?
Oh la la, complètement jean-tee-shirt-baskets ! Je peux même vous avouer que c’est mon uniforme, à l’exception de quelques robes bohèmes que j’affectionne aussi l’été. Je reconnais ne pas être très “fille” de ce côté-là et acheter la plupart de mes vêtements en ligne car faire les boutiques ne me passionne pas. Pourtant, au festival de Cannes ou lors de grandes occasions, j’adore porter une très belle robe, juchée sur de hauts talons !

Comment se manifeste votre côté “fille” ?
Je suis très copines. J’apprécie beaucoup la compagnie des femmes à qui j’aime dire qu’elles sont belles, les valoriser. Nous sommes sept amies inséparables depuis l’âge de 19 ans. Nous ne pouvons pas nous passer les unes des autres et nous sommes toutes devenues mamans à peu près en même temps. Nous avons pris chacune des voies différentes, nous ne nous sommes jamais jugées et je suis la seule du groupe à être devenue comédienne ! Ces femmes forment ma deuxième tribu. Elles m’aident à garder les deux pieds dans la réalité.

Vous semblez faire très attention à ce qu’on vous propose…
Je suis très sélective dans mes choix. En même temps, je ne suis pas Marion Cotillard et je ne reçois pas quarante-huit scripts par jour ! Cela ne m’empêche pas d’être très vigilante par rapport à ce que j’ai envie de raconter. Il faut que je sois emmenée quelque part.

Vous êtes la maman d’un tout jeune enfant. Pas trop difficile de donner la vie dans notre monde actuel ?
Je suis très perturbée par le monde qui est le nôtre, mais il faut rester positif et optimiste pour élever un enfant ! J’essaie de le protéger du monde et de lui inculquer des valeurs, et pour cela, je me dois de tenir le coup ! Les jeunes d’aujourd’hui ont des itinéraires jonchés de sacrifices. On se sent perdus. Nous sommes une génération précaire. La première à galérer autant depuis la guerre.

Bio Express

Bio Express

  • Naissance en Seine-et-Marne.
  • Bac en poche, décide de s’installer à Paris pour suivre des cours en histoire de l’art. Travaille en même temps dans un restaurant pour payer ses cours de théâtre au Laboratoire de l’acteur. Prend pour agent Marceline Lenoir qui est aussi celui de sa sœur Vanessa.
  • Débute dans Le Dernier jour de Rodolphe Marconi avec Gaspard Ulliel.
  • À l’intérieur de Julien Maury avec Béatrice Dalle.
  • Camping 2 de Fabien Ontenient.
  • Devient l’héroïne de Q.I, une série télévisée où elle incarne une ancienne actrice du X qui souhaite changer de vie.
  • Les Yeux jaunes des crocodiles de Cécile Telerman avec Julie Depardieu.
  • Naissance de son fils, dont le papa est l'acteur Guillaume Gouix avec qui Alysson vit en couple depuis plusieurs années.
  • La Récompense de Gérald Sibleyras au théâtre Edouard VII.
Par Caroline Rochmann. Photos : Stéphanie Slama. - Publié le

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