Ce côté sulfureux, on le retrouvera un peu plus tard, après une parenthèse Cinéma d’auteur, où vers 1936, La Scala, devenue cinéma Art Déco, diffuse les films de Carné, Tati ou Godard. Dans les années 70, La Scala est transformée en multiplexe porno, avec cinq salles où l’on est peu regardant sur ce qui se passe entre spectateurs… Sur la toile, des “œuvres” aux titres évocateurs La mouillette infernale ou La comtesse est une pute. Clin d’œil à l’évolution des mœurs, les lieux sont rachetés en 1999 par… une Église baptiste brésilienne qui se voit interdire d’en faire un temple, lorsque la mairie de Paris classe l’endroit en un lieu culturel.
Il faudra dix-sept ans avant que le couple Biessy (l’alliance d’une pro de la finance et d’un producteur de spectacles) prenne le relais et rénove en deux ans seulement ces lieux chargés d’histoire. Il fait appel au scénographe Richard Peduzzi (fidèle de Patrice Chéreau) qui ressuscite le Bleu Scala et invente tout un système de gradins entièrement rétractables et d’acoustique variable selon le genre de musique sélectionnée. L’autre innovation : une programmation résolument “service public” financée par le privé, sans acteurs stars ni “comédies de boulevard”, avec du nouveau cirque, de la musique contemporaine, du théâtre exigeant… C’est le circassien acrobate Yoann Bourgeois qui inaugurera les lieux, avec Scala, jonglant ainsi avec le passé et le futur.
*À lire : “L’Intégrale des ombres, La Scala de Paris” une histoire magnifiquement racontée par Olivier Schmitt et illustrée par Richard Peduzzi. Éditions Actes Sud, 43 €.
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