Urbanisme

Une cathédrale orthodoxe russe en bord de Seine !

La nouvelle cathédrale orthodoxe russe surmontée de bulbes dorés sur le quai Branly, face au pont de l’Alma, a été inaugurée le mois dernier. Elle est l’œuvre de Jean-Michel Wilmotte, comme les bâtiments qui l’entourent, le tout formant un centre spirituel et culturel orthodoxe russe. À coup sûr, ce site va connaître un beau succès, au moins de curiosité.

Non, vous ne rêvez pas ! Vous n’avez pas été télétransporté à Moscou, c’est bel et bien une cathédrale orthodoxe russe qui orne dorénavant la rive gauche de la Seine entre les Invalides et la Tour Eiffel. Conçue par Jean-Michel Wilmotte, maître d’œuvre architectural du projet, Bouygues étant le constructeur, elle forme un carré (450 m²) comme le veut la règle. À l’intérieur, une nef décorée de fresques. Au-dessus, à 37 mètres (hauteur maximum autorisée par les règles d’urbanisme), se trouvent cinq bulbes dorés qui font l’étrangeté du monument (alliage d’or et de platine appelé Moon Gold). Le plus grand symbolise le Christ, les quatre autres évoquent les évangélistes, Matthieu, Marc, Luc et Jean. Les murs extérieurs, comme ceux des annexes, ne se caractérisent que par leur élégance relativement discrète. Relativement, car ils apparaissent comme un manifeste en faveur de l’utilisation de la pierre dans la construction contemporaine. En l’occurrence, il s’agit de pierres de Massangis (taillées par l’entreprise Rocamat), lesquelles ont été beaucoup utilisées dans le passé à Paris. Les façades sont comme feuilletées de par la disposition de « lames » de pierre posées à l’horizontale. Orientées chacune différemment, elles créent des effets en jouant avec la lumière. La cathédrale est enserrée entre un centre paroissial avec auditorium (1 675 m²) et un centre culturel (745 m²), tandis qu’un peu à l’écart a été construite une école primaire bilingue (1 920 m²). L’ensemble couvre 4 790 m² sur un terrain où se dressait le siège de Météo France. Il concrétise un projet « fondé sur l’horizontalité, la transparence, le travail de la lumière, la minéralité, la sobriété, la douceur » selon les mots de Wilmotte. Destinées à faciliter l’organisation de processions, des allées bordées de quelques touches de verdure, permettent de circuler entre les bâtiments du Centre, lequel est mitoyen d’une aile du palais de l’Alma. Abritant aujourd’hui des services de la Présidence de la République, ce sont d’anciennes écuries et appartements, construits en 1861 pour l’empereur Napoléon III.

Centre spirituel et culturel russe

2 Avenue Rapp, 75007, Paris
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Baptisée cathédrale de la Sainte-Trinité, l’édifice principal est malicieusement surnommé par certains Saint-Vladimir car il n’aurait sans doute pas vu le jour sans la ferme volonté de Vladimir Poutine, le président de la Fédération de Russie. Pourtant, se dit-on, n’existe-t-il pas déjà la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, appelée souvent église russe de la rue Daru ? Les non initiés l’ignorent, mais elle dépend en fait du Patriarcat œcuménique de Constantinople et non du Patriarcat de Moscou, proche du Kremlin. Lancé après concours en 2010, le projet a d’abord pris la forme d’un ensemble architectural signé Manuel Nuñez-Yanowsky, lequel a été combattu par le maire Delanoë car il considérait qu’il allait défigurer un bord de Seine classé par l’Unesco. La construction prévue était notamment surmontée d’une… canopée en verre hérissée des indispensables bulbes. Arrivé deuxième au concours, c’est Wilmotte qui a pris la relève. L’affaire a dès lors été rondement menée, commencé en 2014, le chantier est à présent terminé. Que vont penser les Parisiens de ce nouveau monument pas comme les autres ? Ce qui est certain, c’est qu’il va devenir un sujet de conversation (et de polémique ?) tout trouvé !

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Par Michel Doussot. Photos : Wilmotte & Associés Architectes - Publié le
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