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Les chapeaux relèvent la tête

La nouvelle star des podiums, des défilés, et de la rue est un accessoire. Lequel ? Le chapeau. Les maisons spécialisées tout comme les griffes de mode le déclinent presque à l'infini.

Chanel à Hermès en passant par Gucci ou Dolce & Gabbana, le chapeau sous toutes ses formes est devenu incontournable. Tombé en désuétude il y a quelques décennies, le couvre-chef commence une nouvelle vie ! Hedi Slimane, alors directeur artistique de Saint Laurent, remit au goût du jour la capeline à très larges bords pour femme. Il n’en fallait pas moins pour que toutes les élégantes et fashionistas l’adoptent et en fassent un accessoire indispensable à porter avec un smoking, un jean ou un pull oversize en cachemire.

Les plus audacieuses craquent pour le turban ou la forme cloche revisitée. Chez l’homme, stars de la musique et acteurs – Johnny Depp en tête – ont popularisé le trilby, le Fédora, le panama, la casquette et le bob. Portés par cette vague du “chapeau fashion”, les chapeliers comme Motsch ou Maison Michel, dont l’activité était en berne, relèvent la tête. Et de jeunes maisons, telles d’Estrëe et La Cerise sur le Chapeau, voient le jour.

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Motsch, chapelier depuis 1887, et désormais dans le giron d’Hermès, perpétue son savoir-faire. La boutique de l’avenue George-V a doublé la surface de la dernière chapellerie de Paris et ouvert son espace aux autres métiers d’Hermès, du prêt-à-porter à la maroquinerie, en passant par les arts de la table. À gauche de l’entrée, devant les grandes vitrines, le comptoir est occupé par une arrondisseuse, une machine pour raccourcir les bords des feutres ainsi que des formes en bois et une presse pour repasser les chapeaux dans les règles de l’art.

Autre chapelier mythique : Maison Michel. Créée en 1936 par Auguste Michel, cette institution réalisait des couvre-chefs pour des clientes privées, des chapeaux et accessoires de tête pour l’Opéra de Paris et le Lido et collaborait avec la haute couture. Rachetée en 1997 par Chanel qui l’installa au sein de son entité Métiers d’Arts, la chapellerie inaugure dix ans plus tard sa ligne de diffusion éponyme proposant au fil des saisons, des variations inattendues des chapeaux signatures de la maison.

Borsalino chapeau feutre

modèle Chapeau Borsalino

On se souvient des serre-tête à oreilles de chat et de lapin en résille – version pop du bibi à voilette – qui firent un immense tabac. Priscilla Royer, la nouvelle directrice artistique et créatrice de la marque Pièce d’Anarchive, y engage, depuis l’hiver 2015-2016, une réflexion pragmatique autour du chapeau jusqu’à la tête, orientée vers l’individu et son style. Les créations féminines et désormais masculines combinent innovations technologiques, références culturelles et historiques, portabilité et culte de l’attitude.

Chez l’italien Borsalino, qui fête tristement ses 160 ans – la maison, déclarée fin 2017 en situation de faillite par le tribunal d’Alexandrie, devrait néanmoins perdurer –, le processus de fabrication des modèles reste inchangé depuis 1857 : une réalisation entièrement à la main au cours de 72 opérations qui nécessitent sept semaines de travail. Le coup de génie de Giuseppe Borsalino, le fondateur de la marque ? Mettre au point un chapeau qui permettait aux hommes de se découvrir plus prestement devant les dames. À l’époque, les messieurs portaient tous le melon. En pinçant les fossettes, ils retiraient leur chapeau et le remettaient en place avec une facilité désarmante. La légende veut que le pli central du chapeau ait été inspiré à Giuseppe par les manifestations de rue qui ont accompagné le Risorgimento, la longue marche vers l’unification italienne. Elles étaient parfois réprimées avec violence. Matraqués, les melons y laissaient des plumes, ou plutôt des poils. Pile enfoncé en son milieu, l’un d’eux aurait inspiré le modèle mythique.

La griffe est toujours la reine du feutre (également appelé Fédora ou Bogart, qui l’a immortalisé au cinéma) et s’est également imposée comme le nec plus ultra dans la seconde grande famille de chapeaux, plus estivale : le panama. La maison croit fortement au chapeau comme objet d’usage ou de mode. Pour preuve, elle a demandé à Nick Fouquet, le chapelier des stars d’Hollywood, d’imaginer une collection. Dix modèles à la fois élégants et modernes où les lignes classiques de la maison italienne se confrontent aux détails grunge californiens du Franco-Américain. Et la fusion, étonnante, fonctionne : une seconde collaboration est en cours cet hiver.

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Créateur anglais, spécialisé dans les chapeaux et installé à Paris depuis 1992, Anthony Peto fabrique ses produits dans un atelier au centre de la Ville Lumière. Les modèles qu’ils proposent sont pour la grande majorité unisexe. On y retrouve les différents classiques : béret, panama, chapeau melon, haut de forme, trilby, Fédora et même chapka. Tous y sont revisités dans diverses versions dont certaines très excentriques. Cette vague du couvre-chef a vu naître de jeunes maisons spécialisées exclusivement dans la création et la fabrication de chapeaux.

D’abord D’Estrëe. Fondée il y a deux ans par Géraldine Guyot, cette griffe imagine des modèles fabriqués intégralement à Paris, en collaboration avec des artisans de renom. Les modèles femme et homme sont à la fois traditionnels et contemporains, inspirés par deux formes classiques : le Fédora et le Canopie. Le premier est revu en allongeant les bords et en modifiant la coupe au niveau de l’arrière de la tête dont les bords sont habituellement relevés. Le second est à la croisée du canotier et du porkpie. La créatrice s’est inspirée de ces deux indémodables pour créer le Canopie. Un mélange intéressant des deux formes qui retient la fameuse calotte du porkpie ainsi que les bords très plats du canotier ! Au fil des saisons, une casquette bicolore en feutre a vu le jour. La marque a étendu son art de vivre à une collection de sacs et pochettes en cuir pour femme.

Seconde récente maison : La Cerise sur le Chapeau. La fondatrice Cerise, qui a toujours adoré les chapeaux, propose des couvre-chefs personnalisables. Elle a d’abord l’idée de proposer des modèles aux formes, certes classiques, mais dans des coloris plus pop que le noir et le gris. Elle ouvre une boutique rue Cassette, où elle propose à ses clients de choisir la forme. Entre le panama, la capeline, la cloche ou encore le trendy, au bord relevé à l’arrière, les choix sont multiples. Mais aussi la matière (parmi 45 couleurs de feutre ou 25 de paille d’Équateur), la couleur du gros-grain et du passant. Après cet espace rive gauche, La Cerise sur le Chapeau propose dans son nouvel atelier parisien du 17e arrondissement de personnaliser son propre couvre-chef dans le cadre d’ateliers ludiques et conviviaux. Les apprentis chapeliers peuvent repartir au bout de deux heures avec un chapeau exclusif, à leurs couleurs. Une griffe unique et un lieu atypique à découvrir d’urgence !

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Par Par Fabrice Léonard. - Publié le

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