Dans la galaxie mondiale des maisons d’opéra et de danse, chaque capitale joue sa partition. À Moscou, le Bolchoï tient le haut du pavé. Restauré à grand frais il y a quelques années, il reste une fierté en Russie avec un ballet virtuose et un orchestre de qualité. Quant au Royal Opera House à Londres, lieu de productions lyriques et chorégraphiques, il vient de s’offrir de nouveaux espaces, ouvrant ses portes aux visiteurs toute la journée et non plus seulement les soirs de représentations. Une façon de rendre à Covent Garden tout proche son lustre d’antan. L’Opéra de Paris, lui, peut se targuer d’être la plus ancienne maison du genre. Avec deux salles, une historique le Palais Garnier, et l’autre tout juste trentenaire l’opéra Bastille, l’Opéra de Paris dispose d’un outil de production unique doublé d’une école de danse (désormais à Nanterre) et depuis peu d’une “salle” virtuelle, La 3e Scène, qui propose de la création numérique originale. C’est le prix à payer pour tenir son rang sur la scène internationale. Et résister aux turbulences.
En effet, les observateurs ont beaucoup glosé sur les “scandales” à répétition : le départ fracassant de l’étoile Sylvie Guillem, la démission de Benjamin Millepied, bref directeur de la danse, l’installation en ce début d’année des Saturnales, les deux œuvres d’art contemporain commandées à Claude Lévêque : un diadème lumineux qui surmonte Bastille, et deux grands pneus couverts à la feuille d’or dressés sur les rampes du grand escalier Second Empire de Garnier. Déjà en août 1869, une bouteille d’encre était lancée sur la statue de Carpeaux, La Danse, en façade de l’Opéra Garnier qui avait choqué les bonnes âmes. Drôle de manière de célébrer au nouveau venu bon vent…