Faire de ce Châtelet un théâtre “populaire”, c’est justement l’objectif de la nouvelle équipe en place, un duo détonnant composé de Ruth Mackenzie, Anglaise excentrique et réaliste en charge des choix artistiques, et son alter ego gestionnaire, le Français Thomas Lauriot dit Prévost. « Populaire », explique ce dernier, « cela veut dire ouvert à tous. Donc à tous les genres artistiques. On a la chance, ici, d’avoir ni troupe d’artistes ni orchestre à domicile. Nous pouvons programmer des projets très divers en repensant notamment le rapport artiste-public. »
La dream team a donc misé sur des spectacles où l’interactivité aura sa place, telle cette Parade inaugurale qui mènera (du 13 au 15 septembre) les spectateurs en “défilé poétique” derrière de gigantesques marionnettes, de la place de l’Hôtel de Ville jusqu’à la salle rénovée, comme pour mieux se ré-approprier ce théâtre tout neuf qui appartient à la ville de Paris. Parade, c’était le titre d’une œuvre iconoclaste des Ballets Russes créée dans ce même théâtre du Châtelet en 1917. De la danse, des costumes étranges, du cirque : voilà pourquoi c’est le circassien Stéphane Ricordel qui donnera ce jour-là un spectacle « avec plusieurs artistes de cirque dont une funambule qui sera à 4,50 m du sol, regardée par un petit garçon qui va grandir au fil de la traversée… » explique-t-il.
Éclectisme encore au fil de la saison, avec du théâtre en musique (Les Justes de Camus), de la danse (William Forsythe, Merce Cunningham, Pina Bausch, Akram Khan, Christopher Wheeldon.), de la danse qui chante (avec la reprise de la légendaire comédie musicale du Châtelet Un Américain à Paris), de la musique de toutes époques (Saül de Haendel, Les Troyennes en opéra coréen, le DJ Rone…), et puis “des femmes à l’honneur” souligne le directeur général avec Perle noire de Peter Sellars consacrée à Joséphine Baker, dont l’une des galeries du théâtre porte désormais le nom, ou encore le spectacle This Is How You Will Disappear de la Franco-Autrichienne Gisèle Vienne, sans oublier une première mondiale avec la musicienne malienne Rokia Traoré qui rendra hommage à Miriam Makeba, une icône de la lutte contre l’apartheid.
Le Châtelet sera aussi dans l’air du temps, avec des préoccupations écologiques : « Tous nos décors sont désormais fabriqués avec des matières recyclables », précise Thomas Lauriot dit Prévost. « Les toiles seront fixées sur des chassis réutilisables pour d’autres productions. Cela diminuera aussi leur volume et aura un impact écologique moindre sur le transport par camion. » Le Châtelet affiche 157 printemps, et une actualité toujours aussi fraîche et enlevée…