Culture

Paris Photo : de retour au Grand Palais

Pour sa 27e édition et son retour au Grand Palais du 7 au 10 novembre, Paris Photo se lance dans une programmation d’une richesse exceptionnelle qui désire montrer toute la vitalité et la diversité du médium et atteindre de nouveaux collectionneurs. Rencontre avec Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo et Anna Planas, directrice artistique de la foire.

Grand Palais 7 au 10 novembre

Avenue Winston-Churchill, Paris 8e www.parisphoto.com/
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Pour sa 27e édition, la première foire mondiale de la photographie réinvestit le Grand Palais avec 240 exposants dont 66 nouvelles gale- ries venues de la scène internationale. Pour Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo, son but premier demeure « la transmission, la découverte, et bien sûr l ’ancrage dans le marché ». Car aucun autre lieu, aucune autre capitale au monde ne peut accueillir un tel événement. « La France est, en effet, le berceau de la photographie et Paris porte un nombre de projets extrêmement importants dont quatre institutions dédiées à la photographie, avec le Jeu de Paume, le Bal, la Fondation Henri Cartier-Bresson et la Mep. » « On sent aussi l’excitation monter d ’année en année, poursuit Anna Planas, directrice artistique de la foire. Les collectionneurs calent tous leurs rendez-vous, les galeries gardent leurs meilleures pièces, les artistes sortent leur nouveau travail, les éditions publient leurs plus beaux livres. » Fédératrice donc avant tout, Paris Photo propage une ardeur qui envahit toute la capitale avec une programmation exceptionnelle. Si les musées et les institutions se mettent à la photo et programment de grandes rétrospectives comme “Surréalisme” au Centre Pompidou, d’autres salons et festivals se sont mis en place comme approche, Photodays ou Photo Saint-Germain.

Une carte blanche au Surréalisme

Diversité et innovation sont les maîtres mots de cette nouvelle édition qui passe de 12 000 m2 au Grand Palais Éphémère à 21 000 m2 avenue Winston Churchill ! Une surface exceptionnelle qui permet de développer secteurs et temps forts en faisant dialoguer les œuvres historiques avec les nouvelles pratiques contemporaines. « La photo- graphie historique occupe une place importante dans le secteur principal qui regroupe 147 galeries internationales avec 32 solo shows, 18 duos et 89 group shows, explique Anna Planas. Parmi les merveilles que le visiteur découvre, Julian Sander (Cologne) dévoile pour la première fois, dès l’entrée du Grand Palais, la série de 619 tirages d’Auguste Sander intitulée The Twentieth Century. » Remarquez également la galerie Fraenkel, qui consacre son stand à Hiroshi Sugimoto, ou celle de Vermelho à Claudia Andujar. Le Surréalisme, qui a profondément métamorphosé l’art et la photo, fête son centième anniver- saire, avec une carte blanche proposée à une star, le réalisateur et scénariste américain Jim Jarmusch, mais aussi avec de superbes œuvres accrochées sur les stands du New-Yorkais Bruce Silverstein ou de la Française Sophie Scheidecker. L’anniversaire des cent ans de la naissance de Robert Frank est également largement célébré par les galeries internationales Thomas Zander, Pace et Schneibel. Le retour au Grand Palais est aussi l’occasion de faire découvrir une formidable sélection d’œuvres des collections de photographies lituaniennes provenant du Centre Pompidou et de la Bibliothèque nationale.

Le défi ? Intéresser les jeunes collectionneurs

Cette édition 2024 met aussi et surtout la photographie contemporaine à l’honneur. « On n’a jamais vu autant de photographies, d’images, donc cela n’a jamais été aussi néces- saire de s’intéresser à ce médium et d’avoir le regard des artistes, confie Anna Planas. La pratique photographique est en plein décloisonnement. Il y a des artistes qui reprennent des techniques anciennes pour re-explorer la photo, et il y a aussi beaucoup d’œuvres plastiques qui sortent du cadre, avec des sculptures, des installations, des collages. Il reste aussi une génération qui travaille le documentaire d’une façon plus contemporaine. On raconte des histoires moins linéaires et plus personnelles. » Si côté santé c’est la peine forme, côté conjoncture, c’est plutôt la crise. « Nous avons des collectionneurs qui sont fidèles mais qui vont peut-être ralentir leurs achats. Nous voulons donc intéresser une nouvelle cible de jeunes collectionneurs qui viennent de tous les milieux, car il ne faut pas oublier que la photo est un médium très accessible. Les captiver fait partie de nos enjeux », expliquent Florence Bourgeois et Anna Planas. Le secteur Emergence propose ainsi vingt-trois solo shows de jeunes galeries et des artistes comme Diane Meyer, Alice Pallot ou Lucile Boiron qui poussent l’expérimentation du médium vers de nouvelles voix. Pour sa deuxième année, le secteur Digital prend de l’ampleur avec seize galeries et trois expositions collectives avec une mise en avant d’artistes comme Alina Frieske qui intègre la réalité numérique dans son travail. Le parcours Elles X Paris Photo, où vous pouvez découvrir le merveilleux travail de Tee A. Corinne, galerie Webber et à la Patinoire Royale, met à l’honneur les femmes photographes. Grande nouveauté 2024, le nouveau secteur Voices propose à trois commissaires de concevoir une proposition autour de thématiques contemporaines. Ces œuvres, comme celles de Claudia Andujar, présentent toute la vitalité de la scène artistique d’Amérique Latine avec des questionnements forts sur la construction de l’identité et du corps. Enfin, le secteur de l’Édition se développe dans les étages du Grand Palais avec pas moins de quarante-cinq éditions françaises et internationales dont Delpire, Actes Sud, Filigranes, et quatre cents séances de signatures d’artistes !

« Nous avons toujours eu la vocation de dresser un panorama de deux siècles de photographie, conclut Florence Bourgeois. Il faut venir et revenir à Paris Photo pour découvrir toute la richesse de notre programmation. »

Par Anne Kerner - Publié le

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