Si ce bâtiment forme un tout, il présente deux aspects. Vu de l’extérieur, entre parc et périph’, il apparaît comme une masse minérale aux faux airs de butte, tout en arêtes apparemment désordonnées, comme s’il avait subi un séisme. Ce qui frappe l’œil, c’est le revêtement en aluminium qui couvre la plupart des façades, le toit, ainsi que les montées tournoyantes vers la salle ou le belvédère. Son motif répété à l’infini, de forme variable et allant du gris clair au noir, est un oiseau stylisé, qui symbolise l’envol de la musique. Une partie des façades, à la hauteur de la salle, est cependant formée de plaques en inox. Ailleurs, de hautes baies vitrées donnent une allure plus classique au bâtiment. Enfin, un mur écran surplombe le toit. Vont y être inscrits des messages indiquant des éléments de programme visibles depuis Paris et la banlieue : « comme une main tendue vers les populations habitant au-delà du boulevard périphérique » selon Laurent Bayle.
À l’intérieur, l’agencement des espaces correspond à ce qu’offrent la plupart des grandes institutions culturelles modernes. Cependant, lorsqu’on pénètre dans la salle de concert – à laquelle ont été associés les acousticiens Harold Marshall et Yasuhisa Toyota, ainsi que l’architecte Brigitte Métra –, on est impressionné par ses dimensions dignes d’une cathédrale. Le public dispose de 2 400 fauteuils répartis en parterre et arrière-scène – lesquels sont escamotables pour accueillir 3 650 spectateurs – ainsi que sur plusieurs niveaux de balcons. Le défi à relever était de créer un nouveau modèle, de combiner deux effets qui s’opposent habituellement : la clarté et la réverbération du son. On y est à la fois proche des artistes qui jouent sur une scène centrale modulable – au plus, à 32 mètres contre 40 à 50 habituellement – et immergé dans la musique. Et pour isoler parfaitement cette salle des bruits extérieurs, elle est comme suspendue dans une “boîte dans la boîte”. À l’utile, ses concepteurs ont ajouté l’agréable. Les balcons semblent flotter, les réflecteurs du plafond apparaissent comme des nuages…