Design

Fanny Perrier "La décoration est un récit, une narration"

Fanny Perrier est une designer montante de la scène parisienne, que l’on retrouve derrière les nouveaux hot spots de la capitale, comme les établissements du Perchoir Group, ou la joaillerie Viltier dans le 7e arrondissement. Chaque décor, privé ou public, met en scène une histoire, une ambiance, avec toujours la nature en toile de fond.

Il n’a pu ouvrir ses portes que dans la courte parenthèse estivale, entre deux confinements, mais en quelques semaines, Le Perchoir de la rive gauche, cinquième rooftop du nom installé sur le toit du parc des Expositions de la Porte de Versailles, a fait le plein. Et sa créatrice Fanny Perrier a conquis ses galons d’architecte d’intérieur sur la scène parisienne, après avoir fait ses armes au restaurant Maison Lautrec dans le 9e arrondissement, puis au Chéri Chéri, un club de Pigalle. Dans cette cave de poche, elle démontre déjà son talent pour optimiser l’espace, tirer parti des contraintes et de la configuration particulière d’une salle voûtée en arc de cercle en l’habillant de miroirs. « Pour que tout se réfléchisse, que les danseurs se reflètent à l’infini, dans une sensation de mouvement perpétuel », raconte la jeune femme. Son parcours est atypique. Créatrice dans l’âme, elle se forme au métier de marchand d’art parce qu’il faut bien vivre. « Mais j’étais tiraillée entre l’envie de comprendre les artistes, de les accompagner, de les promouvoir et la nécessité de m’exprimer. J’ai compris que les seuls aujourd’hui à avoir les moyens de créer des pièces de collection, sur mesure, de très belle facture, flirtant avec l’objet d’art, sont les architectes d’intérieur-décorateurs. »

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Lorsque Fanny ouvre son studio il y a trois ans, elle a déjà renoué avec la création en suivant un master à l’Ecal, la fameuse école de design suisse, où elle suit un cursus dédié à l’industrie du luxe. « Une expérience sensationnelle, qui m’a permis de travailler pour des fleurons de l’art de vivre associés à ce master, comme Audemars Piguet, Bernardaud ou Baccarat. » Diplômée avec mention, elle arrive à Paris et se forme auprès de Patrick Jouin et de Joseph Dirand, avant de se lancer en association avec sa mère Pascale, elle-même architecte d’intérieur depuis vingt-cinq ans. « Elle apporte à notre tandem sa connaissance du métier, sa façon de simplifier, de rationaliser pour parvenir à la cohérence et à l’équilibre. » Pascale Perrier se charge notamment de paysager les projets, comme les 489 m2 de terrasse du Perchoir, au cœur des 14 000 m2 de cultures urbaines installées dans le Parc des Expositions. Une terrasse imaginée comme un jardin méditerranéen, avec ses oliviers, ses ficus et ses guirlandes végétales qui s’enroulent autour des pergolas. Cette scénographie vivante et vibrante se poursuit jusque dans le restaurant arboré, ponctué de mobilier chiné et de pièces architecturales réalisées sur mesure pour les lieux, comme les appliques et les suspensions en vitraux dont les couleurs rappellent les tissus des banquettes, ou encore le bar, une pièce magistrale dont la céramique émaillée, striée manuellement, reproduit fidèlement le bambou. « Nous voulions créer un effet théâtral dans cet espace contemporain avec une grande hauteur sous plafond. Nous dessinons environ 70 % du mobilier, car de chaque lieu doit émaner une harmonie absolue. »

C’est d’ailleurs pour atteindre la note parfaite que Fanny s’adjoint les talents d’artistes et d’artisans d’art. Au Perchoir, par exemple, une céramiste fait planer, sous le plafond du hall d’entrée, une envolée d’oiseaux de porcelaine dont le mouvement semble montrer le chemin des agapes. « Les associés du Perchoir sont des amateurs d’art contemporain désireux de faire la promotion de la scène émergente française, régulièrement invitée pour des collaborations. » C’est aussi le cas au pavillon Puebla, prochain projet du groupe aux Buttes-Chaumont, sur lequel Fanny Perrier travaille actuellement. Cette jolie maison de campagne de style Napoléon III nichée dans le parc deviendra, au printemps 2022, un lieu hybride sublimé par sa terrasse luxuriante, un restaurant, un bar, un club, une salle de ciné, une ferme urbaine… « Une maison de campagne à Paris, pour les Parisiens. Nous sommes associées sur ce projet à un cabinet d’architecture, qui exhume les traces originelles du bâtiment pour les glorifier. Concernant la décoration, ce sera une ode au romantisme, un style victorien, un mobilier poétique, des appliques en coquillages de plâtre blanc, par exemple, ainsi qu’un bar en plâtre, également, pour rappeler les grottes des Buttes-Chaumont. »

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Par Florence Halimi - Publié le
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