Interview

Camille Berthollet Jeune prodige du violon

À tout juste 17 ans, cette ravissante jeune fille à la chevelure flamboyante, lauréate de plusieurs concours internationaux et de la première édition de Prodiges, diffusée sur France 2 en décembre 2014, s’impose comme l’une des violonistes virtuoses du xxie siècle. Sous contrat avec Warner, son premier album est déjà disque d’or, fait rarissime dans la musique classique, et un second est en préparation pour octobre. Rencontre avec la fraîche et enthousiaste Camille, aussi à l’aise au violon qu’au violoncelle, qui se produit à travers le monde avant un concert, le 1er avril, à Paris, salle Gaveau.

 

Il est rarissime de voir une jeune fille de votre âge déjà consacrée par la profession. Comment est née votre passion pour le violon ?

Pour tout vous dire, j’ai commencé par le violoncelle. Je n’avais que trois ans lorsque mes parents m’ont amenée pour la première fois assister à un concert au château d’Annecy, la ville où nous habitions. J’ai été fascinée par les violoncelles et par la sonorité extraordinaire qui s’en dégageait. Sitôt rentrée à la maison, j’ai demandé à mes parents de me faire apprendre cet instrument. Ma requête ne les a pas étonnés car ma sœur Julie, d’un an et demi mon aînée, faisait déjà du violon.

Vos parents étaient-ils eux-mêmes musiciens ?

Musiciens non, mélomanes, oui. On écoutait beaucoup de musique à la maison. Du classique bien sûr, mais aussi Édith Piaf et Patrick Bruel. Mon père, ingénieur de formation, est professeur de génie mécanique dans un lycée technique et ma mère, ex-professeur de sport, est devenue bibliothécaire. Elle a en partie renoncé à sa carrière pour nous accompagner à travers le monde ma sœur et moi. C’est sans doute l’une des raisons qui font que, pour moi, la musique n’a pas de frontières. D’ailleurs, sur mon premier album, figurent mes morceaux préférés, aussi bien Vivaldi et Brahms que La Liste de Schindler ou Gardel et Piazzolla !

À quel âge avez-vous commencé le violon ?

À huit ans. Quand ma sœur Julie a demandé à jouer un second instrument et a choisi le violoncelle, j’ai voulu faire comme elle et me suis tout naturellement tournée vers le violon ! Pendant quatre ans, Julie et moi étions inscrites au Centre de pratique musicale d’Annecy. Très vite, les professeurs nous ont dit : « Nous n’avons plus rien à vous apprendre. Il faut que vous alliez voir ailleurs. » Je me suis alors retrouvée à la Haute école de musique de Genève tout en suivant, comme Julie, l’école par correspondance, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir deux ans d’avance ! À 13 ans, j’avais déjà deux autres cours de violon par mois, à Vienne. Et j’ai eu la chance d’avoir des professeurs russes, réputés très exigeants, comme Zakhar Bron qui a été celui du grand violoniste Maxime Vengerov.

Après avoir donné à l’âge de huit ans un premier concert de 90 minutes à l’église luthérienne de Genève, voici des années qu’avec votre sœur Julie, vous sillonnez la planète pour y donner des concerts.

Oui, et je me dis que j’ai une chance incroyable de voyager autant à mon âge, même si ces déplacements ne nous laissent guère le temps de visiter les lieux où nous nous produisons ! J’entretiens une relation fusionnelle avec Julie qui est très intelligente et extrêmement mature. Depuis mes 13 ans, nous voyageons seules. Elle trouve que je parle beaucoup et que je suis très divertissante ! Notre plus grand bonheur est de nous produire ensemble en concert. Il existe entre deux sœurs quelque chose qui ne peut se produire avec personne d’autre. Un regard suffit pour se comprendre. J’ai envie que, rapidement, on parle des sœurs Berthollet et pas seulement de moi, Camille Berthollet !

 

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J'adore m'amuser, danser et bien manger...

Peut-être parce que c’est vous qui avez remporté ce fameux concours des Prodiges de France 2, un événement auquel vous devez votre grande médiatisation !

Si Julie n’a pas participé à ce concours, c’est simplement parce qu’elle avait dépassé de trois mois l’âge limite d’inscription. À la maison, nous ne regardons pratiquement jamais la télévision et encore moins les concours. C’est une voisine qui, après avoir vu la publicité pour cette émission, m’a convaincue d’y participer. J’ai envoyé deux vidéos à la production. L’une où je jouais du violon, l’autre du violoncelle. Deux mois après, je n’avais reçu aucune nouvelle et cette histoire m’était complètement sortie de la tête. Et voici qu’on m’apprend que je suis retenue pour le casting à Montpellier. Comme l’équipe n’avait visionné que la vidéo Violon, je suis sélectionnée par rapport à cet instrument. Ce n’est qu’en juillet que j’ai appris faire partie des finalistes ! L’émission a alors été enregistrée dans les conditions du direct sans que nous sachions sa date de diffusion. Le grand violoncelliste Gautier Capuçon, frère de Renaud, faisait partie du jury. Je ne me rendais absolument pas compte de l’impact qu’allait avoir ce concours. En fait, je ne me rendais compte de rien…

Et puis, vous rentrez chez vos parents où le téléphone ne cesse de sonner…

Tous les médias m’appelaient, voulaient me rencontrer… L’émission avait réuni près de cinq millions de téléspectateurs ! Je me souviens de ma participation au Vivement Dimanche de Michel Drucker. Gautier Capuçon est venu jouer avec moi. J’étais stressée à mort, mais il a su me mettre en confiance. À la fin de la séquence, la maison de disques Warner est venue me proposer un contrat. La maison des plus grands, de Natalie Dessay aux frères Capuçon ! Depuis ce concours, j’ai l’impression de vivre un conte de fées. D’autant que l’argent gagné m’a permis d’acquérir un violon de qualité supérieure.

Aujourd’hui, en plus de vos concerts, vous terminez votre licence de musicologie à Genève et pratiquez le violon entre trois et six heures par jour. Cela vous laisse-t-il le temps d’avoir des amis et les préoccupations des jeunes filles de votre âge ?

Mais tout à fait ! Il faut cesser de penser que les musiciens classiques sont des gens sinistres. Moi, j’adore m’amuser, danser, bien manger, jouer aux échecs et, comme je suis très « fille », je suis capable d’engloutir tout un cachet dans une seule robe de concert, sans compter ma passion pour les sacs à main !

Comment vous imaginez-vous dans dix ans ?

Je rêve de mener une double carrière de soliste. De jouer en duo avec ma sœur à la Philharmonie de Paris, au Châtelet, mais aussi au Musikverein de Vienne et pourquoi pas au Carnegie Hall de New York. Qu’un mécène me prête un violon exceptionnel que, bien sûr, aucun musicien ne peut s’offrir lui-même. Je souhaite surtout m’améliorer sans cesse parce qu’en musique un interprète peut toujours mieux faire et ce tout au long de sa vie. Là où j’en suis aujourd’hui, rien n’est acquis, bien au contraire. C’est seulement maintenant que tout commence…

Bio Express

Bio Express

  • Naissance à Annecy
  • Débute le violoncelle
  • Premier prix du concours Vattelot-Rampal qu'elle remportera également les années suivantes à Aix-les-Bains et Paris
  • Commence le violon
  • Entre à Musimax dans la section pour jeunes musiciens prometteurs du conservatoire de Genève
  • Premier prix du concours Suisse-Jeunesse
  • Entre en classe pro au Conservatoire de Lyon
  • Admise à la Haute école de musique de Genève
  • Lauréate du concours Talents for Europe en Slovaquie (Violon)
  • Lauréate du concours Prodiges diffusé sur France 2
  • Premier album chez Warner Classics
  • Concert à Paris salle Gaveau
Par Caroline Rochmann. Photos : Stéphanie Slama - Warner Classics - Publié le

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