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Hubert le Gall, The artist !

Comme un magicien des arts décoratifs, Hubert le Gall fait sortir de son chapeau pléthore d’animaux, de végétaux, de grands mythes revisités qui prêtent leurs formes et leurs symboles à un mobilier sculptural. Entre deux créations personnelles, l’artiste signe également les scénographies des plus grandes expositions nationales, et notamment parisiennes.

Son père le destinait à un métier sérieux, en l’occurrence la finance, mais c’était sans compter sur l’extrême opiniâtreté d’Hubert le Gall et son goût inaltérable pour l’architecture, la création d’objets, la scénographie – activité dont il fut un précurseur –, toutes choses dans lesquelles il met génie et fantaisie. Ses créations, sculptures et mobilier, vous ne les verrez pas en boutique, mais dans les musées et les galeries spécialisées en arts décoratifs, comme Avant-Scène, qui présente actuellement une sélection de ses œuvres (les plus mobilières) réalisées pour l’exposition “Hubert le Gall, une fantaisie grecque”, produite cet été à la Villa Kerylos, à Beaulieu-sur-Mer. Dans cette demeure néo-antique érigée au tout début du XXe siècle, Hubert le Gall a déroulé son histoire comme Ariane son fil, en parsemant les jardins, le péristyle, les salons et les chambres, de trente-cinq œuvres revisitant les grands mythes et ses personnages épiques, d’Aphrodite à Dionysos en passant par Icare et Ulysse. Des sculptures et de magistrales pièces de mobilier comme le cabinet Taureau, la banquette Pasiphaé, le bureau Virgile, la table Ariane, le siège Pénélope, le tabouret Atena ou encore les drôles de bougeoirs La Parade des Minotaures où l’on découvre le monstre du labyrinthe tout empli de sa virile personne. « Il s’agissait d’instaurer un dialogue entre mon mobilier et la villa, qui est en elle-même une œuvre d’art totale. Mon expérience de scénographe m’a permis de comprendre ce que le lieu laissait encore d’espace pour y mettre des œuvres, de le respecter tout en étant suffisamment fort pour ne pas être absorbé par lui », explique Hubert le Gall. Les créatures légendaires réinterprétées s’ajoutent ainsi à son bestiaire personnel, mené par Odilon – un lapin récurrent dans son œuvre –, où l’on retrouve baleine, éléphant, cobra, souris, cheval, papillon et autres volatiles prêtant leurs formes à des assises, secrétaires, luminaires ou encore paravents. Ils viennent compléter son “herbier” grandeur nature, les fleurs – marguerites, nénuphars, edelweiss –parsemant des buffets, des commodes et de poétiques tables en métal forgé devenues des classiques.

Galerie Avant-Scène

4, place de l’Odéon, 6e www.avantscene.fr/fr
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Si les œuvres du créateur sont des habituées des musées, l’homme scénographe l’est aussi, et l’on ne compte plus les parcours réalisés pour les plus grands d’entre eux, Orsay, Maillol, le musée du Luxembourg et celui de l’Orangerie, la fondation Claude Monet à Giverny… Tous sont conquis par sa façon de dérouler le récit et par son usage bien dosé de la couleur. « La couleur, ce n’est pas un truc qu’on met au dernier moment. Son rôle est immense dans le dialogue qu’elle tisse avec l’œuvre, elle n’est jamais gratuite ni secondaire, elle est conditionnée par le volume de la pièce et ce qu’on veut raconter. Elle permet de faire sortir la lumière des tableaux. » Après Turner et Signac, Hubert le Gall signe en ce moment même le parcours de l’exposition “Botticelli, artiste et designer” au musée Jacquemart-André qui s’est attaché ses services pour l’ensemble de ses expositions. Ces prochaines semaines verront aussi l’arrivée de l’exposition “Uderzo, comme une potion magique” au musée Maillol, ainsi que celle consacrée aux fables de La Fontaine illustrées par Gustave Moreau (au musée éponyme), prévue au printemps dernier et repoussée pour cause de Covid. « Mon rôle est de trouver des scénarios qui ne soient pas attendus. De bousculer les perspectives, de rafraîchir le regard. On croit qu’une œuvre d’art a tout dit une fois accrochée dans son musée, sur son mur. C’est faux. Sortie de son contexte, rapprochée avec d’autres œuvres, installée sur un autre fond, elle vous donne une nouvelle émotion. C’est ça qui est intéressant. Quand j’arrive même à surprendre des descendants d’artistes qui ont tout vu, qui connaissent tout par cœur, c’est gratifiant. Une expo, c’est un film : il faut un début, une fin, et entre les deux des rythmes, des instants où le regard s’apaise, des moments où les œuvres vous saisissent, d’autres où c’est à vous d’aller les chercher. Et le visiteur doit partir sur une note haute, pour emporter avec lui une belle image. »

Hubert le Gall Portrait
Par Florence Halimi - Publié le
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