Spectacles

Le renouveau des comedy clubs

Déjà présents depuis plusieurs années en France, les comedy clubs sont de plus en plus nombreux à monter leur offre en gamme et à décider de proposer une expérience gastronomique qualitative. Décryptage de ces nouveaux temples de l’humour, chic et glamour.

En plein cœur de la rue Saint-Denis, à la place d’un ancien kebab, un comedy club d’un nouveau genre a ouvert en juin 2020. De l’extérieur, une enseigne simple, bleue sur fond noir : Le Fridge. Une fois la porte d’un (faux) réfrigérateur franchie, on accède à une très belle véranda et à une salle de restaurant à la décoration soignée. À la carte, des cocktails délicats, concoctés par Céline Lopez, inspirés des stars de l’humour aux États-Unis (le Jim Carrey, le Whoopie Goldberg ou encore un sans alcool le Robin Williams) et des plats aux accents levantins signés de la chef Hannah June. Au sous-sol, après un second bar, une Comedy Room qui ressemble à s’y méprendre au club de jazz du film La La Land. Si l’inspiration anglo-saxonne est là, avec ces petites tables où l’on peut boire un verre et déguster des tapas bistronomiques (stracciatella et pistaches, frites de patates douces, etc.), la programmation, elle, est bien française. Sur la scène du Fridge Comedy Club, les mastodontes de l’humour comme Gad Elmaleh, Camille Lellouche ou Élie Semoun côtoient les jeunes talents du stand-up. Derrière le Fridge Comedy, l’humoriste Kev Adams. Alors que la France se relève doucement du premier confinement, il crée une expérience totale. L’idée ? “Manger pour rire, et rire pour manger”. Longtemps considérés comme des lieux “bonne franquette” destinés seulement à découvrir les dernières pépites de l’humour – formule initiée par le Jamel Comedy Club, dans les années 2000 – des établissements plus chic fleurissent dans la capitale.

Rire et repas chic au programmes

Dans le sillage du Fridge, Le Paname propose une cuisine 100 % faite maison et bistronomique (sashimi de saumon sauce teriyaki, velouté de butternut ou encore tapioca au lait de coco) avant d’assister aux sketchs de Paul Mirabel ou Nawell Madani. De son côté, le célèbre Bœuf sur le Toit programme régulièrement des soirées comedy club au sous-sol, avec une carte gastronomique, dont un menu affiché à 95 €. Quant au Madame Sarfati de l’humoriste Fary, le lieu s’est davantage concentré sur la décoration, signée du street artiste JR, faite du zinc des toits de Paris et de l’étain de ceux de New York. En montant la gamme d’une offre autrefois populaire, un nouveau public, plus mature, et donc au pouvoir d’achat plus important, fréquente désormais ces établissements : « Les jeunes sont toujours présents, parce que la première partie de la soirée marche seulement au pourboire pour les humoristes », confie Ambre Eucat, responsable de la partie “comedy” du Fridge, avant de poursuivre : « On veut s’adresser à tous les publics, mais il est vrai que grâce à l’espace restaurant et aux cocktails haut de gamme, on voit arriver des spectateurs qui n’étaient pas des habitués des comedy clubs. » En témoigne Pascal, 41 ans, venu avec sa compagne pour assister au show de Kev Adams, populaire auprès de la jeunesse, et qui rode son nouveau spectacle en ce moment, au Fridge : « La série Drôle, sur Netflix, nous a donné envie d’aller dans un comedy club. On ne savait pas lequel choisir, mais on voulait juste bien manger et rire. L’ambiance speakeasy d’ici nous a beaucoup séduits », dit-il. Un concept parisien, que l’équipe du Fridge aimerait étendre à toute la France. Ou quand la comédie rime (enfin) avec gastronomie.

Gad – Boeuf sur le Toit
Madame sarfati paris
Trois Questions  à Kev Adams

Trois Questions à Kev Adams

  • Dans un comedy club, on a un peu l’image du “je vais manger un hot-dog et je vais voir des inconnus”. J’avais envie de casser cette image-là pour proposer un style street-chic. Une offre à la fois populaire, car on est rue Saint-Denis, et en même temps très qualitative. On peut avoir un endroit accessible et haut de gamme, c’est ce que j’ai essayé de faire ici.
  • se mentir ! (rire) Plus sérieusement, c’est une tendance qui vient des pays anglo-saxons, où les gens vont dans des comedy clubs comme ils vont au cinéma. Ce sont des endroits qui peuvent être gratuits (ou payés au pourboire), et qui sont pleins de surprises. On ne sait pas qui on va voir et on découvre, parfois, des pépites.
  • J’adore ça, il n’y a rien de plus vrai. Et puis, quand une blague fonctionne devant cinquante personnes, elle marchera devant mille. Les comedy clubs, ce sont les salles de boxe des humoristes. n
Par Paola Dicelli - Publié le

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