Rencontres Designer

Tom Dixon, l’alchimiste

Depuis quatre décennies Tom Dixon secoue le monde du design, transformant le métal le plus basique en objets de désir, comme sa toute première collection outdoor « Groove » à retrouver en exclusivité dans les showrooms Silvera jusqu’au 1er juillet.

C’est une icône anglaise qui a révolutionné le monde feutré et fleuri de la décoration britannique, à l’instar de son complice Mark Brazier-Jones. Fait Officier de l’Ordre de l’Empire britannique pour sa contribution au rayonnement culturel de la nation, il a multiplié les pièces maîtresses du design contemporain comme la mythique « S-Chair » pour Cappellini, pris les rênes de la création artistique d’Habitat à la fin des années 90, tout en fondant son studio et sa marque en 2002. Parfaitement autodidacte, toujours surprenant, Tom Dixon prouve que le talent n’attend pas le nombre des diplômes.

 

Vous êtes un pur autodidacte, vous avez exercé plusieurs métiers avant de devenir designer, quelle est votre rapport au design ?

Tom Dixon : « Tout cela a été très évolutif, sans plan ni volonté particulière de devenir designer. Ce qui m’a attiré vers ce métier, c’est la soudure que j’ai découverte dans le garage d’un copain. Je me lasse des choses et le fait de pouvoir découper, tordre, réassembler le métal, créer rapidement des objets tangibles, m’a enthousiasmé. J’avais déjà fait un peu de céramique et travaillé le bois mais ce sont des matières plus cadrées. Avec le métal on peut se permettre de changer d’avis ou de se tromper. J’ai commencé à en récupérer dans les décharges, et ces objets trouvés me donnaient des formes et des typologies qui laissaient envisager un potentiel fonctionnel… J’étais juste quelqu’un qui s’amusait à fabriquer des choses, que les gens se sont mis à acheter, ce qui a validé mon travail. Je m’inspirais beaucoup de l’art et j’aurais pu me tourner vers la sculpture, mais je trouvais plus facile de faire des objets qui avaient l’excuse d’une fonction. »

Et quel est votre apport au design selon vous ?

Tom Dixon : « Ces objets trouvés qui m’ont permis de démarrer ont apporté une esthétique très différente de ce qui se faisait à l’époque, avec d’un côté un retour du Bauhaus très minimal, de post-modernisme tout chrome et cuir noir, et de l’autre – en Angleterre particulièrement – un retour de l’ère victorienne avec de grandes fleurs, des rideaux, des canapés vintages. Je pense avoir alors incarné une forme d’anticonformisme. J’ai peut-être également contribué à faire naître chez certains designers l’envie de créer un univers qui leur ressemble avec leur marque, leur magasin, et pas seulement un studio de design. Mon parcours atypique a aussi pu conforter des créateurs dans l’âme mais sans diplômes, dans leur désir de se lancer. »

 

Quel lien vous entretenez-vous avec Paris ?

Tom Dixon : « C’est une ville qui m’a formé dans le sens où jeune homme j’ai été très marqué par une trilogie d’expositions au Centre Pompidou – Paris New-York, Paris-Berlin, Paris-Moscou – qui a développé mon appétence pour l’art, la sculpture, les objets bien sûr, mais aussi les interactions entre les cultures. J’ai des origines françaises et j’ai toujours eu l’ambition d’ouvrir un showroom parisien, projet repoussé par le Covid, le Brexit… J’ai eu la tentation d’avoir une boutique aux Puces, au marché Paul Bert, dont j’aime la géographie, le fait qu’on y retrouve le vieux Paris fantasmé. »

Vous sortez votre première collection outdoor, vendue en exclusivité chez Silvera jusqu’en juillet. Pourquoi avoir autant attendu pour le faire ?

Tom Dixon : « C’est un exercice plus difficile qu’il n’en a l’air avec les contraintes techniques inhérentes à l’exposition au soleil, à la pluie, au sel de mer qui corrodent et dégradent les matériaux. Alors que c’est un produit saisonnier, il est souvent plus cher du fait même des difficultés qu’on rencontre pour le faire durer. Groove, c’est dix ans de recherche dans le métal, sous sa forme la plus fine, en m’inspirant de la tôle ondulée que j’ai toujours trouvée décorative. Je voulais une collection esthétique sans être trop design, dont la décoration procède de sa structure. »

C’est quoi pour vous une pièce de design réussie ?

Tom Dixon : « C’est un objet auquel on apporte une plus-value, un progrès. Améliorer les choses doit être l’essence du design.  »

Votre rêve aujourd’hui ?

Tom Dixon : « J’en ai des centaines. C’est l’avantage de ce métier, on peut dessiner à l’infini, une maison, une collection de mode comme je l’avais fait pour Adidas, un téléphone portable… Il y a tant de possibilités. En définitive, je me sens toujours davantage dans la peau d’un débutant que d’un designer qui n’aurait plus rien à prouver. C’est un renouveau perpétuel. »

 

www.tomdixon.net – Adresses Silvera sur www.silvera.fr/nos-showrooms

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