Sandra Benhamou Rock’n’folk
C’est en 2010 que Sandra Benhamou lance son studio de design, après une première vie dans l’industrie cinématographique, qui alimente aujourd’hui son art de créer des décors qui se racontent. Cosmopolite, cette Parisienne d’origine italo-tunisienne qui a longuement vécu aux États-Unis, puis en Angleterre, nourrit ses créations des cultures dans lesquelles elle a baigné, de ses rencontres, de ses coups de foudre musicaux, de ses flashs esthétiques, en grande collectionneuse d’art contemporain et de photos qu’elle est devenue. Et, comme au cinéma, la lumière joue un rôle de premier plan dans ses projets d’architecture, ciselant les espaces dans lesquels se confrontent matériaux bruts, matières nobles, pièces bohèmes et folks, tonalités chaleureuses et enveloppantes.
Parallèlement à sa carrière d’architecte d’intérieur, elle édite ses propres collections de mobilier, réalisées par la fine fleur des artisans d’art français, en séries limitées. Ses pièces les plus fameuses, comme les assises Dolly, sont présentées jusqu’à fin décembre à la galerie Invisible Collection. La designer s’y révèle dans une mise en scène léchée émaillée de pièces vintage, d’œuvres d’art et de références à l’Amérique des années 1960 et 1970 qu’elle aime tant.
Quelles pièces avez-vous choisi de présenter lors de l’exposition “Kozmic Blues” ?
Des pièces emblématiques de ma collection : le canapé Gae, un bar, une table de backgammon en pierre, une lampe, ainsi que la collection Dolly, composée d’un fauteuil, d’un pouf, d’un banc et d’un ottoman. Je les mets en scène à la façon d’un paysage intérieur, pour un voyage sensible dans un lieu où l’on pourrait imaginer Janis Joplin passer, travailler, rêver, s’inspirer.
Quels sont vos matières et coloris de prédilection ?
La pierre, le bois foncé, le métal patiné, la laque. J’aime les matières sensuelles, vivantes, qui gardent une force brute. Côté couleurs, je travaille autour des jaunes, des gris, des bruns et des marrons profonds, avec des notes de bleu en écho au titre de l’exposition, “Kozmic Blues”. Cette palette reflète à la fois la chaleur du bois et la densité de la pierre, mais aussi une dimension plus vibrante et émotionnelle.
Comment voyez-vous votre style, quel est votre apport au design ?
Mes pièces racontent des histoires, elles cherchent à transmettre une émotion autant qu’à remplir une fonction. Ce qui m’importe, c’est de créer une atmosphère, un univers qui reste en mémoire.
Comment travaillez-vous ?
Je m’inspire beaucoup de mes voyages, des expositions et des univers artistiques que je découvre. Une ambiance, une couleur, une œuvre peuvent déclencher une idée. Mais ce travail se construit aussi avec les membres de mon équipe, qui m’accompagnent au quotidien. Leur regard et leur énergie nourrissent ma créativité. C’est une dynamique collective, où chacun apporte sa sensibilité.
Quels sont vos projets ?
Je travaille actuellement sur plusieurs projets résidentiels, notamment à la campagne, à Ramatuelle, mais aussi à Milan et à New York. En parallèle, je prépare le lancement de nouvelles pièces de mobilier prévues pour 2026, dans le prolongement de “Kozmic Blues”. Ce qui m’anime, c’est d’imaginer des univers complets, où l’architecture intérieure, le mobilier et l’art dialoguent pour donner une identité unique à chaque lieu.
Quel est le rôle d’un designer aujourd’hui ?
Inventer des objets qui accompagnent le quotidien tout en ouvrant d’autres horizons. Entre esthétique, sensibilité et vision.
Qu’est-ce qu’une pièce de design réussie, selon vous ?
Celle qui touche, qui suscite une émotion immédiate. Un objet ou un décor dans lequel on se sent bien, presque naturellement.
Quelle pièce rêveriez-vous de créer ?
Un meuble stéréo, qui intégrerait une enceinte, un lecteur vinyle et des rangements pour les disques. J’aimerais en faire une pièce à la fois technique et esthétique, dans l’esprit des meubles hi-fi des années 1960 et 1970.
- Jusqu’à fin décembre (sur rendez-vous)
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