Interview

Laurent Maugoust, ça c’est Paris !

Depuis vingt ans, Laurent Maugoust porte haut et loin le style parisien, dans ses projets hôteliers ici et ailleurs, comme dans la création d’un mobilier d’exception, à quatre mains, avec sa directrice artistique Cécile Chenais. Les deux créateurs sont d’ailleurs ambassadeurs de la prochaine édition de Paris Déco Home, l’événement dédié à l’art de vivre et au mobilier de haute facture, du 23 au 27 mars prochains.

Dans une vie lancée à pleine vitesse, où les projets s’enchaînent sans temps mort, la période de confinement a été pour Laurent Maugoust et sa complice Cécile Chenais une parenthèse inespérée, pour se poser, réfléchir, mûrir des desseins qui ne demandaient qu’à éclore. Ainsi est née la première collection signée Laurent Maugoust Editions. Quinze mois plus tard, Paul Silvera invite les créateurs à présenter, au showroom Silvera, l’ensemble des pièces dont certaines sont éditées par Ecart International, Henryot & Cie, Galerie B… Toutes se nourrissent de ce qui constitue l’essence des deux designers : le sens de l’espace, de la scénographie, de l’architecture d’intérieur et du design pour Laurent (diplômé des Beaux-Arts et de Camondo), l’histoire, l’anthropologie de l’art et de l’espace pour Cécile (formée à l’École du Louvre). « Nous avons pris le temps de réfléchir posément ce mobilier, pour le faire vivre et évoluer, en nous réappropriant ce temps qui nous manquait toujours et que le confinement nous offrait. C’était le moment où jamais de pousser tout ça », avoue le créateur. Le style de Laurent Maugoust se nourrit de siècles d’histoire de l’ameublement, mais aussi de pop culture et de science-fiction. « J’aime la scénographie, la muséographie, introduire un élément de rupture dans un environnement rassurant, classique, familier. Produire un décor très parisien que vient bousculer un élément de modernité, un objet intrigant. » Et de fait, c’est dans cet esprit qu’il réalise la suite hôtelière du salon EquipHotel 2020, réinventant cet espace en mutation, dans le style et dans ses fonctions. « Cette suite nous a amenés assez loin dans la création de mobilier, avec des pièces qui dégagent à la fois la culture des arts déco et celle des années 70 dans lesquelles nous avons grandi. »

 

Portrait Laurent Maugoust

Plusieurs d’entre elles portent le sceau de ces influences, comme la console-bar Esor réalisée pour Henryot & Cie, un exercice artisanal de haute volée qui a nécessité le concours de plusieurs corps de métiers, celui d’une laqueuse métallisée notamment pour donner au chêne massif l’aspect du poli miroir. « Mon design est conditionné par les artisans qui trouvent les solutions. Sur ces pièces, qui nous amènent dans le domaine de l’exceptionnel, le prix n’est plus le problème, c’est la perfection qui est attendue. » De la perfection, le tapis Alezan (Galerie B) n’en manque pas, ni d’audace, ni de panache, dans sa forme comme dans sa conception. Sa teinte a été choisie directement sur la robe d’un cheval, tandis que ses franges, tissage de crin et de lin, suggèrent par leur emplacement la queue ou la crinière de l’animal. « Les codes équestres sont emblématiques de la France, grâce à une maison comme Hermès. Presque aussi incontournables et indémodables que le mobilier Art déco et le Louis XVI. » Et de fait, les nombreux projets hôteliers du studio se distinguent par une touche de XVIIIe siècle, là un marbre blanc, une moulure, ici un cabochon ou un parquet point de Hongrie… « C’est intemporel et c’est notre culture. L’idée est de l’utiliser, de la maîtriser, de la respecter, de s’appuyer sur l’existant sans tout réinventer. À l’étranger, on vient aussi nous chercher pour ça. » S’il multiplie les projets d’hôtels depuis vingt ans partout dans le monde, Paris reste pour Laurent Maugoust un prolifique terrain de jeu. Il y a décoré de nombreux établissements dont le Bowmann (99 boulevard Haussmann) dernièrement, un cinq étoiles de style haussmannien qui synthétise toutes ses amours, portant à leur paroxysme les mariages de classique flamboyant, les clins d’œil futuristes, les jeux de miroirs. « Je suis attaché à l’idée de l’intemporel, de la pérennité, quitte à amener un switch, une note de modernité pour s’inscrire dans l’époque. Lorsqu’on touche à un lieu qui a une histoire, une enveloppe, une architecture, on doit le respecter et venir s’introduire subtilement, avec humilité et intelligence », affirme avec conviction le designer.

https://www.laurentmaugoust.fr/

https://paris-deco-home.com/

Laurent Maugoust-design
Par Florence Halimi - Publié le

Vous aimerez sûrement les articles suivants…

Rejoignez-nous sur Instagram Suivre @ParisCapitale