Design

Quand Dorothée Boissier se livre

Dorothée Boissier forme avec son mari une paire d’as de la décoration d’intérieure, articulée autour d’une vraie complémentarité. Pour eux tout part de l’art, chaque projet de décoration est alimenté, enrichi, sous-tendu par des sources esthétiques.

Comment est né ce livre ?

Nous voulions parler de notre métier, mais sous un angle singulier, signifier un point de vue qui représente l’éclectisme de notre travail sans tomber dans un catalogue de projets. L’idée était de se dévoiler un peu plus, en partant des éléments déclencheurs qui nourrissent notre travail – un tableau, un dessin, une photo, un décor, une forme – et de les faire entrer en
résonance avec nos réalisations.

Comment fonctionnez-vous avec Patrick Gilles ?

En totale complémentarité, quitte à être le meilleur détracteur de l’autre : on se dit les choses, même ce qui ne fait pas plaisir, tant que ça fait avancer le projet. Tout part de nous deux, de discussions, de temps libres, ensemble ou chacun de notre côté, avant même de dessiner. Chaque projet fait l’objet de nombreuses discussions entre nous, mais en définitive, en tant que directeur artistique du studio, c’est lui qui tranche.

Qu’apportez-vous à votre duo ?

J’ai une vision globale et panoramique du projet, de ce que va donner l’ensemble. Et j’aime beaucoup passer d’une échelle à l’autre, du décor au détail. Je suis d’ailleurs très impliquée dans le développement des meubles, objets et luminaires pour notre showroom avenue Montaigne. Je fais en sorte d’exprimer notre style à l’échelle du retail, de créer un univers de marque éclectique à partir de nos projets, en invitant des artistes et créateurs à exposer leurs œuvres. On y découvre un cocktail de ce qui nous définit, une vision très évolutive de notre univers.

Quel est votre exercice préféré ?

Avant de parler de décoration, nous aimons travailler l’espace, l’architecture intérieure au sens premier, un exercice complet que nous avons peaufiné pour les hôtels qui concentrent tous les défis. Lorsqu’à partir d’un plateau de milliers de mètres carrés, nous devons penser squelette, circulation, fonction, construire l’espace, travailler les volumes et descendre d’échelle au fur et à mesure.

Gilles & Boissier

2, avenue Montaigne, 8e www.gillesetboissier.com/
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Quels sont vos matériaux et couleurs de prédilection ?

Nous partons toujours d’un mix de brutal et de sophistiqué, de matériaux forts, d’essences de bois dans tous leurs états, de marbres timides ou audacieux, de laiton doré, noir ou battu… Le tout ponctué de teintes lumineuses, vaporeuses, d’écru, de rose pâle, de blanc, de grège… Mais j’aime aussi les incursions de couleurs. Il y a toujours, quelque part, une touche foncée qui vient recréer du contraste et surligner les formes.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Nous développons une vingtaine de projets, dont des résidences privées et des hôtels. Après le Ritz Madrid rouvert dernièrement, nous allons livrer un hôtel Dorchester à Dubaï et un Four Seasons à Majorque. Nous poursuivons parallèlement la décoration des flagships Moncler, dont le prochain, à la Galerie Vittorio Emanuele II à Milan. Chaque boutique Moncler est comme un laboratoire, une manifestation de la marque dans toutes ses dimensions créatives et technologiques ; c’est toujours une nouvelle aventure, faite de défis qui sont autant de leviers de créativité. Nous réalisons
également l’architecture intérieure du Café de l’Alma à Paris, dans un esprit de brasserie new-yorkaise, décontractée et énergisante, élégante sans être statutaire.

Quels sont vos lieux de prédilection à Paris ?

Je viens de découvrir le restaurant Langosteria à la Samaritaine, que nous fréquentons beaucoup à Milan. C’est délicieux, et la décoration de Peter Marino est très juste, vraie, feutrée et milanaise. Par ailleurs, je fréquente les expos dès que je le peux. Une belle scénographie peut être une source d’émulation, comme celle consacrée à Signac qui s’est terminée le 26 juillet au musée Jacquemart-André, où je vais retourner voir celle sur Botticelli. J’adore ce musée, tout comme Camondo, proche de chez nous. Nous y allons, nous y retournons, c’est un endroit inspirant, émouvant, avec en toile de fond l’histoire tragique de cette grande famille déportée.

Dorothée boissier design
Par Florence Halimi - Publié le

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