Shopping

Dior, l’expérience 30 Montaigne à Paris

Bienvenue dans la galaxie Dior. À l’emplacement historique qui a vu sa naissance, la maison de couture inaugure un lieu d’un genre nouveau mêlant une boutique agrandie, une galerie muséale, un restaurant, un café, des jardins luxuriants et une suite privée

L’adresse historique de la maison Christian Dior, fondée en 1946, a rouvert ses portes après plus de deux ans de travaux pharaoniques. « La maison Christian Dior débuta avec trois ateliers, sis dans les combles du 30, avenue Montaigne : un studio minuscule, un salon de présentation, une cabine, un bureau de direction et six petits salons d’essayages », raconte Christian Dior dans ses mémoires. Le couturier serait sans doute stupéfait et heureux de découvrir les 10 000 m2, sublimement conçus et aménagés, entièrement consacrés à sa griffe de luxe qui vit le jour il y a trois quarts de siècle. Plus qu’une simple boutique, Dior invite sa clientèle à vivre une expérience à 360 degrés en dévoilant son univers : une galerie, des salons privés, une suite, des jardins luxuriants, un restaurant, un café et une pâtisserie. Au 30 avenue Montaigne, l’étoile, ce symbole de la chance auquel Christian Dior était si attaché, est partout. Tissé sur un modèle de la collection de prêt-à-porter féminin, brodé délicatement sur un Book Tote bag – le sac best-seller de la maison décliné chaque saison – ou encore en constellation sur un bijou de la collection Rose des Vents. Il décore même l’inédit dessous de verre et la vaisselle que l’on découvre sur les tables du premier salon de thé Dior et du restaurant dont la carte a été confiée à Jean Imbert, le chef arrivé récemment aux cuisines du Plaza Athénée, le palace à quelques encablures du 30 Montaigne que Monsieur Dior affectionnait particulièrement. Avant même la présentation dans ce lieu de la première collection, en février 1947 et l’éclosion du New Look, l’étoile est chez Dior un signe du destin. Le 18 avril 1946, huit mois avant l’ouverture de la maison au 30 avenue Montaigne (en décembre 1946), Christian Dior remonte à pied la rue du Faubourg-Saint -Honoré et heurte une étoile métallique, pièce détachée d’une roue de calèche. Le couturier très superstitieux, qui a rendez-vous le lendemain avec l’industriel Marcel Boussac pour financer son aventure, y voit le signe de sa future bonne fortune. Cette étoile, conservée par la maison, est d’ailleurs exposée dans La Galerie Dior.

Dior

30 Av. Montaigne, 75008 Paris www.dior.com/fr_fr/fashion
Voir l’itinéraire

La partie boutique regroupe tous les univers de la griffe : la mode féminine et masculine, la beauté, la maison, l’horlogerie et la joaillerie. On note les créations à la féminité affirmée pensées par Maria Grazia Chiuri dont certaines exclusives avec un service de personnalisation proposé pour des sacs et quelques vêtements judicieusement sélectionnés. Un écrin précieux accueille les collections de joyaux et de garde-temps imaginés par Victoire de Castellane, qui, à son arrivée chez Dior, a bouleversé les codes de la place Vendôme. L’espace homme donne la pleine mesure du succès des collections conçues par Kim Jones qui a réinventé la silhouette masculine de la griffe. L’univers Dior Maison valorise l’art de vivre à la française et les collaborations avec des designers et des architectes d’intérieur comme Pierre Yovanovitch qui signe des objets inédits. Tous jouxtent un des trois jardins imaginés par le paysagiste Peter Wirtz. Sans oublier le boudoir contemporain dédié à la beauté et aux parfums dont les murs sont rythmés par des roses sculptées dans la matière. Derrière une porte dérobée, une cabine de soins et maquillage invite à la détente. Les codes de la maison ont été réinterprétés sans jamais verser dans le trop “démonstratif” grâce au talent de Peter Marino, l’architecte star qui connaît parfaitement l’univers du luxe et est un fidèle de la maison. Il s’est vu confier sa troisième transformation de l’adresse légendaire de Dior. « Ce projet est différent des autres, bien sûr, parce que c’était la première boutique Christian Dior à présenter une façade historique du XVIIIe siècle », explique l’architecte. « L’idée était d’ouvrir les espaces, de faire entrer la lumière et la nature si chère à Christian Dior. Les photos de lui dans le jardin de sa maison de Granville m’ont toujours frappé ; il avait l’air si heureux. Je souhaitais vraiment créer un jardin d’hiver rempli de fleurs au rez-de-chaussée. » De nombreuses œuvres soulignent une nouvelle fois l’attachement de la maison aux arts et apparaissent comme un hommage à la vie de Monsieur Dior qui fut galeriste avant d’embrasser la carrière de couturier. Rose II d’Isa Genzken anime l’escalier principal, La Bourrasque de Paul Cocksedge surplombe la rotonde, réinterprétant l’idée de feuillage de façon abstraite. En touche finale, le mobilier soigneusement choisi est notamment signé Joaquim Tenreiro, Hans Olsen, Gio Ponti, Ado Chale, Claude Lalanne, Delos & Ubiedo, Gabriella Crespi. Les pièces vintage répondent à des créations contemporaines, un canapé XVIIIe siècle à des pièces américaines ou du mobilier des années 1940-1950 de Joseph-André Motte. Mais cette adresse mythique souhaite devenir avant tout un lieu de vie. Outre les ateliers de haute couture qui ont réintégré le bâtiment, un nouvel atelier haute joaillerie vient de s’y installer. Cette expérience repose également sur un luxe ultime : la première et unique suite Dior, un appartement exclusif qui “donne les clés” à son occupant de tout le 30 Montaigne, avec repas privé et visite possible à n’importe quelle heure, même la nuit, des ateliers maison. Il se murmure qu’elle est déjà réservée par des clients ultra-fidèles ! L’adresse du 30, avenue Montaigne est désormais tout aussi historique que hors norme.

La Galerie Dior, au cœur de la création

Si les passions de Monsieur Dior comme le jardinage, la mode, l’art de vivre à la française, les fleurs et les parfums, la cuisine raffinée avec des douceurs sucrées et des recettes salées, sont mises en avant dans la boutique, il faut franchir l’entrée de la Galerie Dior pour connaître sous toutes ses coutures sa vie et la success story de la maison qu’il a fondée. La visite de cet espace de 2 000 m2, qui rend hommage à son activité de galeriste avant son entrée dans la mode, est indispensable. Premier choc esthétique : une collection exceptionnelle de plus de 1 800 objets miniaturisés de l’univers Dior conçus en impression 3D, tout en camaïeux de couleurs animent les murs de son escalier. Le lieu profite de la scénographie audacieuse et exigeante de Nathalie Crinière qui est allée jusqu’à reconstituer le bureau de Monsieur Dior et la cabine d’essayage originelle de la maison de couture. Ce ne sont pas moins de treize salles animées de robes, d’accessoires, de films, d’images d’archives et de photos qui rythment cette balade tenant du conte de fées. Le public plonge dans la vie du couturier, dans l’ébullition des ateliers et des défilés, découvre l’allure Dior, les affinités artistiques de la maison, les femmes-fleurs avec d’exceptionnels modèles signés par Monsieur Dior et après lui Yves Saint Laurent, les robes de stars comme celle bleu marine portée par la princesse Diana au Met Gala en 1996, les influences des voyages ou encore les créateurs et couturiers qui furent et sont actuellement garants de la signature stylistique Dior, d’Yves Saint Laurent à Raf Simons en passant par John Galliano et Maria Grazia Chiuri. Il faut s’attarder sur un incroyable cabinet de curiosités au sein duquel sont méticuleusement exposés, dans des vitrines, des accessoires et des objets patrimoniaux dont le flacon de Miss Dior prenant la forme du bichon maltais du couturier, Bobby, créé spécialement pour les fêtes de Noël de 1952. Le parcours s’achève par la grandiose salle dédiée aux robes de bal, mises en majesté par des jeux de lumière féeriques. Le voyage est étourdissant. Un crème dans le Café Dior qui accueille le visiteur en fin de course… le temps de revenir tout doucement à la réalité.

Dior galerie paris
Dior Galerie paris montaigne
Rencontre avec Pietro Beccari,
Président directeur général de Christian Dior Couture

Pourquoi était-il important de rénover l’adresse mythique de Dior ?

Le 30 Montaigne est l’histoire de Dior. C’est là que tout a commencé, c’est un lieu symbolique. Combiné à cette nouvelle architecture dans la boutique, ce bâtiment historique nous rappelle notre histoire, le pouvoir esthétique de Monsieur Dior, sa vision novatrice et son courage de financer sa marque au sortir de la guerre.

Que vit-on au 30 Montaigne ?

La culture fait partie intégrante des vraies marques de luxe ; nous avons créé une expérience complète, à 360 degrés. Aujourd’hui, les clients ne vont plus acheter un seul produit, ils vont se rapprocher d’une marque, de son histoire, de ses valeurs. Monsieur Dior est présent partout au 30 Montaigne : aucune autre marque ne peut reproduire cette expérience. Ce lieu nous donne un caractère unique qui nous permet de nous positionner au-delà du luxe tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il y a un Dior avant, et un Dior après le 30 Montaigne.

Quelles furent les difficultés rencontrées lors du projet ?

L’une de mes premières idées fortes était un peu folle : utiliser ce bâtiment historique – ou plutôt ces bâtiments historiques, puisqu’il y en a six – qui était occupé par des bureaux essentiellement. La boutique occupait un étage. Je voulais créer quelque chose qui pourrait nous donner un avantage stratégique majeur, qui serait difficile à reproduire, un point fantastique d’unicité pour la marque Dior à Paris. Fermer la plus grande boutique du monde pour deux ans, transférer 600 employés parmi lesquels les studios créatifs qui se trouvaient là depuis 1947 pour les éparpiller en 29 lieux différents de Paris, trouver les nouveaux bureaux sur les Champs-Élysées, enfin pulvériser les 13 600 m2 qui se trouvaient derrière la façade de l’avenue Montaigne, étaient plus qu’un défi. Et je dois avouer que certaines nuits je n’en ai pas dormi. Surtout durant ces quelques mois où, pour excaver le second sous-sol, les bâtiments ne tenaient que sur des micros-poteaux…

Pourquoi avoir choisi le chef Jean Imbert pour le restaurant et la pâtisserie ?

Il est jeune, amusant et énergique. De plus, de tous les projets présentés, c’est celui de Jean qui se rapproche le plus de l’esprit de Monsieur Dior. Il a eu l’idée de reprendre certaines recettes de couturier, un vrai gourmand qui a écrit son propre livre de cuisine. Je crois au pouvoir de l’énergie, des gens et des équipes. Je leur dis toujours : « Ne voyez pas grand, voyez immense ! »

Ce projet ne paraît-il pas un peu paradoxal à l’heure où l’industrie du luxe travaille sur l’e-commerce et les métavers ?

Le 30 Montaigne n’est pas à contre-courant de l’expérience numérique, loin de là ; il sert plutôt de lien entre le monde physique et le monde virtuel grâce à des innovations technologiques. C’est une expérience “sans couture” : un client peut préparer ce qu’il veut acheter, à la maison ou dans sa chambre d’hôtel, puis se rendre en boutique pour essayer ses articles. Il n’y a pas de caisse : il peut payer n’importe où dans le magasin, à tout moment. Nous avons ce pouvoir d’authenticité, et je pense que lorsqu’il s’agit de luxe, l’expérience compte plus que tout. Le luxe est l’émotion qu’un produit ou qu’une expérience vous procure. Seul ce type d’expérience peut générer cette émotion. Nous
voulons donc les réunir dans un seul lieu et nous assurer que nos visiteurs peuvent découvrir tout cet univers Dior en une journée.

Pietro beccari dior montaigne
Par Fabrice Léonard - Publié le

Vous aimerez sûrement les articles suivants…

Rejoignez-nous sur Instagram Suivre @ParisCapitale