Culture

ARTPARIS : un cru historique

ArtParis lance la saison 2025 des grandes foires culturelles, du 3 au 6 avril, au sein du splendide Grand Palais tout juste rénové. La fréquentation des foires n’a d’ailleurs jamais été aussi dynamique qu’en ce moment. ArtParis tient une place à part « puisqu’elle met plus que d’autres l’accent sur la scène française qui nous entoure directement », constate l’historien de l’art et ancien directeur du Centre Pompidou, Alfred Pacquement.

Si la 26e édition d’ArtParis, qui s’est tenue pour la dernière fois au Grand Palais Éphémère, a été saluée comme le plus beau cru de son histoire, celle de 2025, de retour dans les murs rénovés du Grand Palais, risque de faire exploser les compteurs. La foire, qui occupe désormais la nef et les balcons, accueille 170 galeries de 25 pays différents dont 60 % d’exposants français et 40 % d’étrangers.

ArtParis 3 au 6 avril

Grand Palais. 7 Avenue Winston Churchill www.artparis.com/fr
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« Paris a beaucoup plus d’atouts que n’importe quelle capitale, explique Alfred Pacquement, conservateur général honoraire du patrimoine et ancien directeur du Centre Pompidou. Elle regroupe à la fois des institutions culturelles très dynamiques, un paysage de galeries important, des musées classiques qui sont ouverts à l’art d’aujourd’hui, etc. » La force d’ArtParis est de mettre en valeur, depuis la direction de Guillaume Piens, une identité aussi bien provinciale, nationale qu’internationale. Parmi les galeries fidèles, le public retrouve Sémiose, Mennour, Continua, Lelong, ou Templon. Parmi les nouveaux arrivants internationaux, les visiteurs découvrent Sabrina Amrani de Madrid, Waddington-Custot de Londres ou Wilde de Genève. La programmation de la foire se renouvelle et s’enrichit. Elle encourage, d’une part, la présentation de 22 expositions monographiques pour découvrir en profondeur le travail d’artistes modernes, contemporains et émergents dont Enki Bilal chez Barbier, Loïc Le Groumellec chez Françoise Livinec ou Vera Molnar chez Oniris. Elle agrandit, d’autre part, le secteur Émergence dédié à la jeune création dont la sélection est confiée, pour la première fois, à un commissaire, Marc Donnadieu, qui présente entre autres Michèle Schoonjans Gallery et Felix Frachon Gallery de Bruxelles. ArtParis lance aussi, en 2025, un nouveau secteur French Design Art Edition pour lequel les deux commissaires, Jean- Paul Bath et Sandy Saad, dévoilent les œuvres de Pierre Bonne fille, Philippe Hurel ou Nicolas Aubagnac. ArtParis, c’est aussi, chaque année, les retrouvailles avec deux expositions thématiques.Le “Hors limites”de Simon Lamunière explore la création contemporaine sous le prisme du métissage, de l’hybridation des formes et des cultures avec dix-huit artistes internationaux dont Kurt Schwitters chez Zlotowski, Kiki Smith chez Lelong et Joana Vasconcelos chez Gowen Contemporary. Amélie Adamo et Numa Hambursin présentent “Immortelle, un regard sur la peinture figurative en France”en confrontant plusieurs générations où l’on retrouve Françoise Pétrovitch à la galerie Sémiose, Karine Rougier à la galerie Les Filles du Calvaire et Eugène Leroy à la galerie Claude Bernard. N’oubliez pas de passer un moment de détente à l’espace VIP d’ArtParis où la Maison Ruinart poursuit son mécénat du cycle “Conversations avec la Nature” en soutenant le projet artistique de Lélia Demoisy. Nul doute, l’édition 2025 d’ArtParis au Grand Palais livre une proposition encore jamais égalée qui répond impeccablement à sa définition d’une foire régionale et cosmopolite, orientée vers la découverte.

Lélia Demoisy. Entre nous. Photographie d’une oeuvre exposée dans les Jardins de la Maison Ruinart, à Reims. 

Kurt Schwitters. Sans titre (Wagner und Wien) 1925. Galerie Zlotowski

Arnaud Rochard. Bataille, 2024. Felix Frachon Gallery.

Que pensez-vous de la représentation de la scène française à ArtParis ?

Alfred Pacquement : « La scène française est incontestablement dynamique et très diversifiée, d’où la bonne idée d’ArtParis de réaliser, chaque année, un parcours autour du choix d’un commissaire, dont j’avais l’honneur d’être l’invité il y a deux ans par Guillaume Piens. »

Est-ce important de la défendre ?

Alfred Pacquement  : « Tout ce qui peut contribuer à valoriser cette scène et ces artistes est évidemment nécessaire. De ce fait, ArtParis tournée vers la scène française, tient sa place parmi les autres foires concurrentes. »

Comment a évolué cette scène française ?

Alfred Pacquement : « Pour quelqu’un comme moi qui circule dans ce monde de l’art contemporain depuis maintenant quelques décennies, la visibilité des artistes de la scène française sur le plan national est beaucoup plus forte qu’elle ne l’était il y a une dizaine d’années et que sur le plan international il y a trente ans. C’est très bon signe. »

Le prix BNP va choisir un artiste de la scène figurative. Comment la trouvez-vous ?

Alfred Pacquement : « Comme tout le monde, je remarque actuellement, et c’est le thème choisi par les commissaires, une certaine dynamique de la peinture figurative. Ce sont des phénomènes qui sont importants à considérer et, en même temps, qui ne doivent pas occulter la totalité de la scène. Il y a des moments où des coups de projecteurs sont donnés, et tant mieux, mais pour autant, il y a d’autres artistes qui travaillent dans d’autres domaines et qui seront sous le coup des projecteurs dans un an ou deux. J’ai toujours eu et c’est aussi lié aux positions que j’ai eu dans mes différentes fonctions, un regard sur la diversité de la scène et pas seulement sur un aspect particulier. J’observe et constate cette impulsion, mais elle ne doit pas occulter l’impulsion d’autres artistes. C’est cette diversité qui suscite l’intérêt. »

 

Que pensez-vous de la sélection ?

Alfred Pacquement : « J’ai vu que parmi le choix des artistes il y en avait que je connaissais et d’autres pas, donc je trouve cela très excitant. »

Que pensez-vous du prix ?

Alfred Pacquement :  » Il y a beaucoup de prix, et tant mieux pour les artistes. Pour le prix BNP Paribas qui a lieu dans une foire, avec des galeristes qui représentent des artistes, la compétition est moins forte comme elle peut l’être pour le prix Marcel Duchamp ou le Turner Price en Grande-Bretagne. Néanmoins, félicitons-nous que les artistes reçoivent des soutiens de cette manière-là et plus encore que des entreprises privées y participent. »

Par Anne Kerner - Publié le

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