Parmi les plus de 190 galeries présentes à Art Basel Paris, Paris Capitale a sélectionné les pépites à ne pas rater. Du maestro Picasso à la toute jeune artiste Johanna Mirabel, découvrez un panorama en sept artistes de la scène artistique contemporaine.
Art Basel Paris : Plus grand, plus fort, plus beau…
Quelle a été votre première impression en pénétrant dans le Grand Palais rénové ?
Clément Delépine : « J’ai été happé par la beauté, la grandeur, la monumentalité du lieu et la sublime verrière. Le charme a opéré immédiatement. J’ai tellement rêvé de cette ouverture que nous préparons depuis trois ans. Art Basel Paris est extrêmement privilégié dans la capitale et nous tentons de nous hisser à la hauteur de ce privilège. »
Qu’apporte la rénovation du Grand Palais?
Clément Delépine : « Tout d’abord, le lieu augmente en taille. Donc la foire grandit. Art Basel Paris présente 41 galeries supplémentaires et fait croître la foire de 27 %, ce qui est assez conséquent par rapport à l’événement. Ce n’est pas rien de passer de 154 galeries à 195. Il faut un sacré exercice d’intelligence collective du comité de sélection pour choisir les galeries qui occupent le mieux les différents espaces du Grand Palais. C’est toute la question qui nous a animés. »
Comment occupez-vous l’espace ?
Clément Delépine : « Au-delà du confort logistique et des aménagements d’infrastructures, nous occupons les balcons qui avaient été fermés au public. Le secteur Emergence, en partenariat avec le Groupe Galeries Lafayette, investit cet espace. C’est un secteur important, à mes yeux, car il défend les économies plus fragiles. Je viens de la foire Paris Internationale, qui présente de jeunes artistes, c’est quelque chose qui me tient à cœur. »
Quel est le propos d’Art Basel Paris 2024?
Clément Delépine : « C’est une foire internationale à l’intérieur de laquelle l’excellence de la scène française est mise en avant. C’est aussi une foire qui profite de la présence de différents champs créatifs à Paris pour tester de nouvelles intersections possibles entre les arts et la mode, la littérature et le design. »
Quelle forme peut prendre ces intersections?
Clément Delépine : « Cette année, le partenariat avec la maison de mode Miu Miu créé en 1993 par Miuccia Prada, très investie dans l’art via sa fondation à Milan et Venise, met en scène un projet intitulé Tales & Tellers conçue par Goshka Macuga et Elvira Dyangani Ose, au sein du Palais d’Iéna. »
Quelles sont les propositions artistiques fortes des grandes galeries?
Clément Delépine : « D’une part, en cette d’année d’anniversaire du surréalisme, beaucoup de galeries ont voulu mettre à l’honneur les artistes du courant comme Wilfredo Lam, René Magritte, Max Ernst, Yves Tanguy… D’autre part, la proposition des institutions culturelles parisiennes donne généralement un indicateur des artistes que l’on trouve en écho au Grand Palais. Tom Wesselmann, qui a une rétrospective à la Fondation Louis Vuitton, est montré par Almine Rech (Paris) et Van de Weghe Gallery (New York). L’Arte Povera, présenté à la Bourse de Commerce – Pinault Collection, se retrouve chez Sprovieri (Londres). Et puis, vous avez des propositions précises comme celle de Richard Nagy (Londres) avec Egon Schiele. Tous les grands noms de la scène contemporaine, tous les artistes établis sont présents à la foire. »
Vous créez un nouveau secteur, Premise. Que va-t-il présenter?
Clément Delépine : « Ce secteur, qui se rapproche du secteur Feature de la foire de Bâle, offre une liberté curatoriale qui fait la part belle aux histoires que les galeries nous racontent. Il regroupe neuf présentations d’œuvres reflétant une relecture de l’histoire de l’art plus inclusive. C’est un retour à un tropisme de l’art qui fait que c’est parfois l’exposition qui fait œuvre d’art. »
Pouvez-vous nous dire si un courant domine la scène contemporaine?
Clément Delépine : « Il existe un questionnement autour de l’objet et de son accumulation. Pour certains artistes, j’observe un retour à des pratiques plus conceptuelles dans le sens où l’idée fait œuvre d’art, le protocole, une pratique militante fait œuvre d’art. »
Quel rôle pédagogique donnez-vous à la foire?
Clément Delépine : « La foire n’est pas un musée, mais elle a malgré tout un rôle institutionnel et a un potentiel pédagogique incroyable. Quand on se confronte à des événements comme la Biennale de Venise ou Manifesta, on voit qu’il y a une tendance à la réécriture du canon. Nous sommes, évidemment, un outil du marché, mais on produit aussi du discours sur le marché, et on arrive, en tant que foire, à se rendre compte de ce qui se négocie à l’instant T dans le champ de l’art. On aimerait que le canon soit peut-être un peu plus poreux. Car nous embrassons un public très large. «