Evénement

Art Paris : au coeur de l’Art Contemporain

À peine les stands des salons du dessin bien rangés, la foire Art Paris, du 4 au 7 avril, fait de la Ville Lumière le point de rencontre incontournable de l’art moderne et contemporain. Pour Paris Capitale, Guillaume Piens, commissaire général d’Art Paris, constate l’époustouflante renaissance de Paris tandis qu’Éric de Chassey, directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art, pose son “Regard sur la scène française”.

Art Paris 2024 4 au 7 avril

Grand Palais Éphémère. Place Joffre, 7e www.artparis.com/fr
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Rendez-vous du 4 au 7 avril pour la 26e édition d’Art Paris qui, pour la dernière fois, se tiendra dans la vaste enceinte du Grand Palais Éphémère au Champ-de-Mars. La sélection 2024 compte 42 nouveaux arrivants, portant le total à 135 experts en œuvres modernes et contemporaines, dont 40 % issus de la scène internationale. Ce casting trié sur le volet devrait attirer plus de 70 000 visiteurs et confirmer le retour de la capitale comme l’un des rendez-vous incontournables de la scène artistique mondiale. En effet, « dans les années 60, Paris a perdu son leadership au profit de New York, explique Guillaume Piens. Aujourd ’hui, nous assistons à un retournement spectaculaire. Depuis le Covid et le Brexit, nous constatons la fin d’une période de mondialisation démarrée dans les années 1990, pour un retour à la proximité. À cela, s’ajoute la renaissance de la place de Paris sur le marché, liée à partir de 2017 à l’émulation entraînée par les fondations privées Pinault, Arnault, Vuitton, mettant en concurrence nos institutions publiques. Ces dernières ont réagi avec de nombreuses rénovations de lieux emblématiques. »

« La force d’Art Paris est de s’enraciner sur l’écosystème français. C’est une foire régionale et cosmopolite, joli slogan sur lequel insiste son directeur. Ouverte à ce qui vient d ’ailleurs en regardant ce qu’il y a à côté de nous. » Si la sélection exigeante fait la part belle aux exposants français tout en renforçant la présence internationale, la foire n’en garde pas moins son identité. Le visiteur se passionne pour les jeunes galeries du secteur Promesses, les coups de projecteurs sur les dix-sept solo shows, dont ceux de Gilles Barbier et Erwin Olaf, découvre le parcours Art & Craft réalisé par Nicolas Trembley et tombe, le regard ébloui, sur d’illustres œuvres des surréalistes qui fêtent le centième anniversaire de ce délirant mouvement ! Si la foire profite d’une nouvelle conjoncture positive de la capitale, elle doit toute sa force à sa sensibilité à l’écoresponsabilité et à l’écoute de l’actualité. 2024 annonce un très bon cru et 2025 tournera une nouvelle page dans le Grand Palais rénové.

ÉRIC DE CHASSEY : « L’ART PERMET DE VOIR AUTRE CHOSE, D’ÊTRE SURPRIS »

Chaque année, Art Paris invite un commissaire d’exposition à réaliser un parcours Regard sur la scène française. Pour cette nouvelle édition, Éric de Chassey, directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art, révèle ce qu’il appelle les “Fragiles utopies”. Une des œuvres de cet ensemble sera sélectionnée pour le tout nouveau Prix BNP Paribas Banque Privée, doté de 30 000 €.

Quel est l’intérêt de créer un parcours dans une foire ?

Éric de Chassey : « Étant donné l’ampleur du public qui vient dans une foire comme Art Paris, faire en sorte qu’il y ait des éléments qui permettent d’aider le regard à se poser plus sur telle œuvre que sur telle autre, se dire là ça vaut la peine de ralentir, était pour moi important. Dans une foire, tout ne repose pas sur des effets spectaculaires. »

Que permet l’art ?

Éric de Chassey : « L’art nous permet de voir autre chose, d’être surpris, d’être emmené ailleurs, d’être en face d’une altérité complète. »

Pourquoi avez-vous choisi le titre “Fragiles utopies” ?

Éric de Chassey : « Les arts visuels n’ont pas pour seules fonctions de représenter ou décorer. Croire qu’une œuvre d’art peut changer l’ensemble du monde et proposer une utopie immédiatement réalisable est impossible. Ce qui peut être fait, c’est proposer une utopie qui soit fragile, parce que c’est la conscience qu’elle l’est de toute façon, c’est l’assurance qu’elle n’est pas une utopie de type totalitaire.

Il était donc important pour moi d’inclure dans ce parcours des œuvres des avant-gardes qui ont été très marquées par cette volonté d’utopie, et de privilégier des artistes qui me semblent, aujourd’hui, en résonance avec la manière dont on regarde le monde, quand on veut le changer, et que l’on ne se contente pas de l’état dans lequel il est. »

Quelle est la relation entre les artistes choisis ?

Éric de Chassey : « Ce qui les lie, c’est cette idée que l’art participe d’une l’interrogation sur le monde. Mais les propositions de ces artistes sont totalement différentes. Elles sont grinçantes et ironiques chez Daniel Schlier, mélancolique chez Edgar Sarin, dans une sorte d’allégresse chez Juliette Roche ou une forme de désenchantement chez Jean-Michel Alberola. Il y a aussi des artistes que l’on ne voit pas assez comme Philippe Favier, Marie Helena Vieira da Silva, Delaunay (née en Ukraine), Nicolas Chardon, Pierrette Bloch, Cécile Bart et Nathalie du Pasquier, Assan Smati. Beaucoup d’entre eux ont un rapport avec l’histoire car il semble bon de rappeler que l’art ne se produit pas dans un vide intersidéral. »

  • 4 au 7 avril
  • 30 ou 35 €
Par - Publié le

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