Camille, comment cette passion du violoncelle vous est-elle venue ?
À l’âge de 4 ans. Ma mère était pianiste. Ma sœur aînée jouait du violon. Pour m’aider à choisir ce que j’allais moi-même pratiquer, mes parents m’ont fait écouter différents disques sur lesquels figuraient toutes sortes d’instruments. J’ai eu un coup de foudre immédiat pour le son grave et chaud du violoncelle qui ressemble à la voix humaine et qui est tellement émouvant…
Votre scolarité a-t-elle classique ?
Entre 5 et 10 ans, j’ai intégré la maîtrise de Radio France avant de suivre une scolarité aménagée au lycée Racine. Quand je joue du violoncelle, j’ai l’impression de chanter et pour moi, la musique commence où les mots s’arrêtent. J’essaie de parler, de raconter quelque chose au-delà de la frontière du langage. Je veux parler d’un cœur à l’autre.
À l’âge de 18 ans, vous partez pour l’Allemagne.
Où je vais rester près de dix ans, avec la sensation que quitter mon cocon confortable me ferait encore davantage progresser. J’étais surtout très attirée par la sensibilité slave exacerbée de la culture allemande, dont Brahms et Schumann sont de merveilleux représentants. À Berlin, où j’ai passé les trois premières années de mon séjour outre-Rhin, il y a encore deux conservatoires et deux philharmonies, les uns correspondant à l’ex-RDA, les autres à l’ex-RFA. Moi, j’étais au conservatoire de l’ex-Allemagne de l’Est où enseignaient encore de remarquables professeurs russes. Ensuite, j’ai habité Cologne pour suivre un autre professeur, avant de finir mon circuit à Weimar. Je suis revenue à Paris il y a seulement trois ans.
La capitale ne vous a-t-elle pas manqué durant toutes ces années ?
Oh si ! Au début j’étais heureuse de quitter le côté auto centré de Paris, mais sa beauté et son foisonnement culturel m’ont rapidement manqué. D’ailleurs, j’avais en permanence sur ma cheminée un grand livre illustré des ponts de Paris ! J’étais également en manque de l’élégance d’esprit des Parisiens, de leur raffinement, de leur art de vivre. Sortir au restaurant, boire un bon vin, avoir le sens de la fête, autant de choses que je ne trouvais pas en Allemagne. Je suis moi-même une épicurienne qui adore la vie, ce qui ne m’empêche pas d’avoir des moments de nostalgie et de mélancolie.
À Paris, où avez-vous posé vos valises ?
À Montmartre. Après avoir grandi dans le Marais, j’ai eu envie de me sentir au-dessus de la ville. J’habite au pied des 40 marches qui mènent à la butte et, une fois arrivée en haut, on a totalement l’impression d’être sortie de Paris. J’ai la chance d’avoir des voisins très compréhensifs que mes sept heures de musique par jour ne font pas broncher. En même temps, je suis en concert à travers le monde une bonne partie de l’année. À Noël, pour la première fois depuis dix ans, je me suis autorisée dix jours de vacances sans violoncelle ! Un break qui m’a fait beaucoup de bien, car j’étais épuisée émotionnellement !