Interview

Delphine Depardieu Elle s'est fait un prénom

Jeune femme sensible et attachante, Delphine Depardieu porte haut les couleurs de son illustre patronyme. Entre deux répétitions du Dernier baiser de Mozart qu’elle interprétera à partir du septembre au théâtre du Petit Montparnasse, elle nous a entraînés dans l’univers bucolique des Buttes-Chaumont, son quartier qu’elle affectionne particulièrement.

Dans le Dernier baiser de Mozart, d’Alain Teulié, vous interprétez Constance Weber, l’épouse du musicien souvent dépeinte comme une jeune femme superficielle…

Ce qui est faux ! Constance était exactement le contraire d’une godiche. C’était une femme très intelligente, grande musicienne elle-même, qui a passé sa vie à gérer son mari qui, malgré son génie, était resté un homme très infantile. Durant toute leur vie, le couple est resté très amoureux, partageant le même humour et la même énergie. Ce que peu de gens savent, c’est qu’elle est également à l’origine des droits d’auteur. La pièce commence peu après la mort de Mozart lorsque, incapable de rembourser les 30 ducats que le commanditaire du Requiem avait versés à Mozart, elle demande à Franz Xaver Süssmayr, l’ami et principal collaborateur du musicien, de terminer l’œuvre.

Delphine, vous portez l’un des noms les plus connus du cinéma français étant à la fois la nièce de Gérard, la cousine de Julie et la fille d’Alain, qui fut l’un des plus grands producteurs de la fin du XXe siècle. Le cinéma a-t-il toujours fait partie de votre vie ?

Mon père avait produit des films très forts comme Tchao Pantin ou La Leçon de piano et moi, dès l’enfance, j’étais déterminée à faire ce métier. Quand je l’ai annoncé à mon père, il a commencé par me répondre : « Passe ton bac d’abord ! » Ce que j’ai fait, avant d’enchaîner avec le Cours Simon puis celui de Jean-Laurent Cochet.

Votre adolescence n’a pourtant pas toujours été rose…

J’ai vu mon père faire des films magnifiques, puis, un peu comme Mozart, à savoir vivant très bien sans penser à l’avenir en mettant de l’argent de côté, connaître de très grosses difficultés financières quand le vent a tourné. J’ai vu combien d’autres ont été ravis de prendre sa place quand sa boîte a fermé, j’ai découvert la grande jalousie mêlée à la grande hypocrisie de ce métier. Avec le recul, je me dis que c’est une chance d’avoir connu très jeune ce genre de difficultés, car j’ai eu très vite la conscience de la valeur de l’argent. Parce que j’ai vu notre train de vie se réduire considérablement, je ne dépense jamais plus que ce que j’ai !

 

Vous avez traversé ensuite une autre grande épreuve…

Celle de la maladie puis de la mort, trois ans plus tard, de ma mère que j’adorais et avec qui j’entretenais une relation fusionnelle. Aujourd’hui, la jeunesse devient adulte très tard et quand elle est morte, son travail n’était pas terminé. J’ai dû construire ma vie de femme sans maman, ce qui n’a pas toujours été simple. Même si j’entretiens une très belle relation avec mon père qui a tout de même réussi à remonter la pente après ce qui a été la plus grande douleur de sa vie : la perte de maman. Les psys disent que pour passer à l’âge adulte, il faut voir les défauts de ses parents et moi, je n’arrive toujours pas à leur trouver un seul défaut ! Il ne se passe toujours pas une journée où je ne me dise : « Tiens, il faudra que je raconte cela à maman… »

 

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Votre père est-il proche de son frère Gérard ?

En tant qu’aîné, mon père a toujours eu un sentiment très protecteur envers Gérard. Ils ont été très proches très longtemps puis, ces dernières années, la vie les a un peu éloignés. Je me souviens de ces dimanches de mon enfance à Bougival où mon père et mon oncle testaient les vins dans la cave pendant que mon frère et moi jouions à l’étage avec nos cousins ! L’année dernière, mon père a écrit un livre sur son frère qui était une véritable déclaration d’amour. Mon père aime Gérard infiniment.

À l’image des Belmondo ou des Drucker, les Depardieu forment-ils un clan ?

Oh non, pas du tout ! Les Depardieu sont des taiseux. Des gens brut de décoffrage pas du tout du genre à se réunir tous à Noël ! En même temps, ce sont des gens passionnants dont l’une des qualités essentielles est de ne jamais mentir. Cela dit, je ne me verrais pas téléphoner à mon oncle Gérard pour lui demander simplement comment il va. Ce n’est pas le genre de la famille ! (rires)

Peut-on dire tout de même que s’appeler Depardieu facilite les choses pour passer des castings ?

Oui bien sûr ! Quand vous vous appelez Depardieu, les gens ont tout de suite tendance à vous considérer comme un professionnel du métier. J’en ai fait un jour l’expérience en appelant le même casting avec un ami comédien au patronyme anonyme. Lorsque j’ai donné mon nom, on m’a répondu immédiatement : « Ne quittez pas, je vous le passe ! » Lorsque mon ami a appelé à son tour deux minutes plus tard, on lui a dit : « Je ne peux pas vous le passer, il est en réunion. » Cela dit, une fois franchi le premier barrage, nous ne devons pas moins faire nos preuves !

Vous n’avez jamais songé à prendre un autre nom ?

Au cours de théâtre, j’avais pris un autre nom, celui de ma mère : Duval. J’avais dit à mon père que je ne voulais pas de piston, que je ne souhaitais pas qu’on sache qui j’étais. Parce qu’il est très attaché à la tradition et aux racines de sa famille il m’a rétorqué : « Depardieu, c’est ton nom. Garde le. »

Pour cette séance photo, vous avez choisi le parc des Buttes-Chaumont…

Parce que j’habite à côté et qu’il est devenu mon lieu de promenade préféré ! Il est si dépaysant ! Je suis venue dans le 19e rejoindre mon futur mari qui y était installé, mais mon quartier de prédilection reste le 14e qui demeure ma madeleine de Proust. Le 14e représente pour moi les années heureuses de mon enfance. Celles où ma mère était là, où mon père travaillait énormément, où tout allait bien et où j’étais super heureuse. Je me souviens de ma communion, à Saint-Pierre de Montrouge, place d’Alésia. Aujourd’hui encore, j’adore entrer dans les églises. Leur calme m’apaise. n

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Bio Express

Bio Express

  • Naissance
  • Bac, puis Cours Simon et Jean-Laurent Cochet
  • Délit de fuite de Jean-Claude Islert avec Roland Giraud au théâtre La Michodière et Vivaldi, un prince à Venise, film de Jean-Louis Guillermou
  • Astérix aux Jeux olympiques, film de Thomas Langmann
  • Aimer de Paul Géraldy au théâtre La Comedia
  • Équinoxe, film de Laurent Carcélès et De Filles en aiguilles de Robin Hawdon au théâtre de La Michodière
  • Hasta mañana, film de Sébastien Maggiani et La Pélerine écossaise de Sacha Guitry au théâtre Daunou
  • 1,2,3 soleil de Christelle George au théâtre du Ranelagh
  • Le Dernier baiser de Mozart d’Alain Teulié au théâtre du Petit Montparnasse et La Dormeuse Duval, film de Manuel Sanchez
Par Caroline Rochmann. Photos : Stéphanie Slama - Publié le

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