Interview

Fabrice Juan Du goût et des couleurs

Depuis douze ans le designer et architecte d’intérieur Fabrice Juan enchante le quotidien avec des créations élégantes et joyeuses, qui fredonnent l’air du bonheur à coups de belles matières et de haute facture, de lignes originales et de couleurs pimpantes. Les dix années passées dans le studio de Jean-Louis Deniot, où il a fait ses armes, n’ont fait qu’affermir une esthétique très parisienne, celle d’un Paris en fête et haut en couleurs. Tai Ping lui a confié une large ligne de tapis, et cette rentrée a vu l’arrivée d’une nouvelle collection de mobilier.

Fabrice Juan

350, Rue Saint-Honoré, 1er www.fabricejuan.com/fr/
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Vous avez suivi une double formation d’ébéniste et d’architecte d’intérieur. Comment cela se traduit-il dans votre travail ?

Fabrice Juan : Lorsque je dessine un meuble, que je réfléchis à sa conception et à sa façon de fonctionner cela me permet de façon presque inconsciente d’avoir des clés, des automatismes, des facilités pour lever certaines barrières techniques… C’est aussi un langage et des réflexes communs que je partage avec les artisans qui mettent mes meubles en forme ou qui travaillent avec moi sur des rénovations d’appartements.

 

On dit de votre style qu’il est très français, voire parisien, qu’en pensez-vous ?

Fabrice Juan : C’est une orientation naturelle, qui s’est nourrie également des dix années passées à travailler avec Jean-Louis Deniot, dont les inspirations néo-classiques, XVIIIe, les décors français sont restés ancrés. Mais j’évolue au fil du temps car ce métier est aussi fait pour sortir de ses retranche- ments et de sa zone de confort. J’explore aujourd’hui des tonalités fortes, primaires, comme les rouges dans lesquels je ne m’aventurais pas. C’est arrivé au moment du Covid, lorsqu’en aidant mon fils à assembler ses Lego, à les mani- puler, j’ai eu l’idée de dessiner les vases Colorplay, qu’on peut empiler comme sur un totem. Cela se traduit par une nouvelle phase dans ma création et l’usage de dessins et de motifs très abstraits, notamment dans les pièces de vaisselle ou dans la collection de tapis pour Tai Ping.

 

Votre fils Angelin – 11 ans aujourd’hui – est d’ailleurs votre plus jeune assistant. C’est à lui que l’on doit la naissance du buffet Angelino à l’âge de 9 ans seulement ?

Fabrice Juan : Cela s’est fait spontanément, et c’était très amusant. J’ai conservé tous ses croquis, qu’on peut d’ailleurs voir sur le site. C’est lui qui a créé la forme de ce buffet haut, le motif chevron qui reprend le thème des parquets haussmanniens ainsi que les coloris initiaux, noir et bleu. Nous venons de sortir sa version basse, le Piccolo Angelino.

 

Vous sortez une nouvelle collection cette rentrée, très colorée et géométrique.

Fabrice Juan : Elle s’est nourrie de nombreuses inspirations, de la peinture graphique et colorée de Michel Herbin, des abstractions géométriques de Geneviève Claisse, des motifs de Pierre Cardin que l’on retrouve d’ailleurs dans le profilage même du fauteuil Odyssée, très pop, seventies, bicolore, que les clients peuvent personnaliser par les matières et les couleurs. J’ai une mémoire visuelle, je capte et retiens des détails qui vont ressortir dans telle ou telle création, des éléments architecturaux, des motifs, des œuvres, avec des gens qui m’inspirent beaucoup comme Ricardo Bofill, Carlos Scarpa, et d’autres moins liés à l’univers du design comme Paolo Sorrentino qui étudie très finement les décors de ses films.

 

Référence photo : Buffet Angelino, Fabrice Juan Édition.

 

 

Comment travaillez-vous et quelle pièce de mobilier a votre préférence ?

Fabrice Juan : L’inspiration part souvent d’un motif, c’est ce qui va me diriger plutôt vers une assise, un meuble à poser, un miroir… Je n’ai pas de préférence même si je m’aperçois que je fais peu de chaises. En ce moment, je travaille spécialement le plâtre, à la suite d’une collaboration avec la maison Pouenat pour laquelle j’ai réalisé le miroir Odéon, un clin d’œil aux moulures haussmanniennes. Toute une collection va suivre, de lampes notamment, mais aussi la console en plâtre Ricardo, que je réalise avec un staffeur en région parisienne, et l’atelier Prométhée à Saint- Denis. Dès que je le peux, j’essaie d’inscrire ma création dans un circuit local, proche de mon environnement.

 

Référence photo : L’une des quatre chambres du projet Magellan, pour cet appartement parisien de 280 m2 de la rive droite.

Crédits photos : Francis Amiand // Collection sz six vases Colorplay // assiette de la collection Bali.

Par Florence Halimi - Publié le

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