Entre le bas et le haut, les atmosphères sont différentes. Même au sein de la même rue, l’ambiance peut se moduler selon le numéro où l’on s’arrête. Ainsi, au début de la rue Charlot, plusieurs hôtels particuliers rappellent que le lieu fut prisé des bourgeois et des aristocrates. On pourrait ainsi citer au n° 7, l’hôtel de Cornuel, au n° 8 un hôtel construit au XVIIe siècle puis revendu au XIXe au préfet de police Louis-Marie de Belleyme, (une ruelle porte d’ailleurs son nom), au n° 9, l’Hôtel de Retz qui mérite un arrêt pour admirer son portail. Au n° 12 l’Hôtel de Brossier, qui a conservé une très belle porte sculptée, est revenu sur le devant de la scène en 2008 lorsqu’il a accueilli la huitième saison de l’émission de télé-réalité Star Academy. Au n° 28, on s’aventure au-delà du porche de l’hôtel de La Garde où la cour intérieure en demi-cercle et le corps de logis, agrémenté de tables, de bandeaux et d’encadrements moulurés autour des fenêtres, valent le détour.
La rue Charlot est une longue liste de monuments sinon remarquables du moins à remarquer. Au 57, l’hôtel du marquis de Boulainvilliers reste dans les mémoires du fait de sa femme, qui y recueillit Jeanne de Valois, future comtesse de La Motte, qui joua un rôle important dans l’Affaire du collier de la Reine. Au 58, derrière l’imposant portail sculpté de l’hôtel de Sauroy, cette belle demeure du XVIIe siècle a été réhabilité en appartements et en un espace pour la photographie où sont régulièrement organisés des expositions et des événements. Plus loin, la rue Charlot compte moins de belles maisons et laisse la place aux immeubles.
Pour l’instant, tous gardent un cachet parisien. On en oublierait presque que cet ancien quartier aristocratique des XVIIe et XVIIIe siècles, abandonné ensuite par les élites, a connu une densification importante et l’arrivée d’activités artisanales et industrielles dans des bâtiments qui ne leur étaient pas destinés au départ. Au fil des siècles, il devint même une zone insalubre aux immeubles surpeuplés. On avait même prévu de le raser dans les années 30 !!! Désormais après cinquante ans de sauvegarde, le quartier du Temple, où on ne s’aventurait pas, est devenu un des plus attrayants de Paris. Près de 75 % du bâti y est protégé et pour résister à la gentrification, voire la boboisation, la mairie projette d’y construire des logements sociaux à hauteur de 25 % du parc immobilier. Pour l’instant, on en est encore loin, à peine 7 %.
L’idée : remettre de la mixité dans un quartier et le rendre vivant par de “vrais” habitants pas seulement des touristes ou des Parisiens en quête d’une authenticité factice. La rue Charlot et ses alentours tentent de résister. Des métiers de bouche subsistent même s’ils s’apparentent plus à des lieux d’excellence mettant en avant le meilleur de la production. Les restaurants gardent une touche “rustique” avec poutres apparentes, parquets en bois, mais les cartes sont plutôt tendance healthy… Un mélange d’authenticité new age. Du neuf dans de l’ancien. C’est ce qu’on appelle la vie et qui rend ce quartier toujours aussi attrayant. Et où chacun vient chercher le bout d’histoire qui lui convient… ou mieux y vivre la sienne.
Le magazine Paris Capitale vous a préparé un dossier sur les bonnes adresses du gravitant autour de du Carreau du Temple, dans le quartier du Marais, que vous pouvez retrouver en cliquant sur ce lien.