Les coups de coeur de Paris Capitale
Junko Shimada est la plus Parisienne des Japonaises. Depuis les années 60, elle a défilé à Paris plus de quatre-vingts fois, toujours avec la même élégance, la même précision et, surtout, la même créativité comme si le temps n’avait pas de prise. Pour cette session au palais de Tokyo, c’est l’Afrique et ses tribus massaïs – qu’elle ne connaît que par les livres et les photos – qui l’ont inspirée pour des silhouettes colorées et inattendues, mélange de tissus africains et d’autres venus d’Écosse, le tout soutenu par sa profession de foi : « Je fais ce que je veux. »
La source d’inspiration de Richard René pour Guy Laroche ? Une feuille blanche rectangulaire… À partir de là, sa collection, faite de rectangles de tissus, mise sur des capes et des robes souvent asymétriques, une ligne minimale et fuselée, des tailleurs-pantalons sans concession, taillés au cordeau, avec, ici et là, l’éclat d’un bleu canard pour un pantalon ou des griffures dorées sur une veste noire. Monsieur Laroche était grand collectionneur d’art brut, c’est aussi la passion de Richard René, rien d’étonnant alors à ce que le résultat détonne en toute cohérence.
À la Maison de la Radio, une bourgeoise défile pour Chloé. Natacha Ramsay-Levi, s’est inspirée de la bourgeoisie et de sa muse par excellence, la comédienne Stéphane Audran pour cause de chic absolu et de transgression… Le tout se traduit par des variations autour de la robe chemise, évasée, au profond décolleté, aux motifs Art déco, des jupes fendues sur shorts courts ou encore, très remarqué, un jodhpur, allongé, fait pour qui sait oser… La bourgeoise de Natacha Ramsay-Levi ne court pas les rues.
Albert Kriemler a décidé de rendre hommage aux femmes activistes du début du XXe siècle à Vienne, à celles qui se sont battues pour leur dignité, à celles qui ont su reconnaître les artistes de leur temps comme Klimt ou Schiele. Ces femmes aimaient la retenue élégante, la précision, l’audace… Dont acte. Le défilé Akris est à leur image, avec ces mailles précises et travaillées, ce costume masculin et cette chemise satin bleu saphir – couleur signature d’Egon Schiele –, ou cette robe du soir ornée d’un imprimé abstrait. Les images en fond de correspondent aux tenues qui s’en sont inspirées, ainsi que le propose souvent Albert Kriemler. Car si la mode n’est pas un art, il aime à prouver qu’elle s’en inspire avec talent.