Palace

Le Meurice La grâce en héritage

Surnommé “l’hôtel des rois” pour avoir accueilli tout le gotha au cours de son histoire – dont le roi d’Espagne Alphonse XIII – Le Meurice est aussi celui des artistes les plus marquants des deux derniers siècles. Cette passion esthétique se traduit dans chaque détail décoratif, mais aussi dans le programme culturel proposé à ses hôtes.

À sa naissance en 1835, les muses se sont penchées sur le berceau du Meurice, joyau de l’hôtellerie de luxe serti dans le cœur historique de Paris, les Tuileries à ses pieds. Depuis lors, le plus ancien des palaces parisiens, qui fut aussi le premier à obtenir cette appellation, aimante les artistes comme les fleurs les abeilles, lieu de villégiature obligé des plus talentueux d’entre eux, Léon Tolstoï, Tchaïkovski, Edmond Rostand, Orson Welles, Coco Chanel, Elizabeth Taylor et Richard Burton, jusqu’à Woody Allen et Jay-Z récemment. Salvador Dalí y a séjourné un mois tous les ans pendant trois décennies, débarquant avec malles, toiles, pinceaux et tigres apprivoisés, tandis que Pablo Picasso y a organisé son repas de mariage avec la ballerine Olga Khokhlova en juillet 1918, en présence de témoins non moins célèbres, Guillaume Apollinaire, Jean Cocteau et Max Jacob.

Le Meurice

228, rue de Rivoli, 75001 Paris www.dorchestercollection.com/fr/paris/le-meurice/
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Picasso fait justement l’objet de l’une des trois escapades culturelles du Meurice proposées à ses hôtes (avec Rodin et Monet), en privé ou en petit comité, éclairées par les lumières d’un spécialiste qui adapte son itinéraire aux connaissances et aux souhaits des participants. Ces parcours émaillés d’anecdotes méconnues sont autant de voyages spatiaux-temporels dans la vie et l’œuvre de ces artistes qui ont en commun d’avoir vécu à Paris. Et pour deux d’entre eux, d’avoir un lien avec le jardin des Tuileries. Installée sur la terrasse de l’Orangerie, une version en bronze du Baiser de Rodin devient ainsi le point d’ancrage et de départ du circuit consacré au “père de la sculpture moderne”. Quant à Monet, il a peint le parc à plusieurs reprises, et l’une de ses toiles, réalisée en 1876, dévoile le même panorama que celui qui s’offre en majesté depuis le toit du Meurice. Cet amour du palace pour l’art sous toutes ses formes trouve son prolongement dans le goût des belles choses, de la grande facture, des savoir-faire de haut vol sublimés à chaque rénovation, sous l’impulsion de sa directrice générale Franka Holtmann. Dès son arrivée en 2006, elle confie l’embellissement des espaces communs au grand Philippe Starck, qui entamera avec Le Meurice la première de ses nombreuses décorations d’hôtels de luxe. Le designer fait évidemment mer- veille en magnifiant les décors historiques, comme ceux lambrissés de boiseries or et blanc – créés en 1907 – du salon Pompadour et du doublement étoilé Restaurant le Meurice Alain Ducasse. Avec sa touche de folie subtile, de luxe rassurant et décontracté qui exhale un charme unique, Philippe Starck va jusqu’à faire recouvrir la verrière circulaire qui coiffe le Restaurant Le Dalí d’une immense toile peinte par sa fille Ara. Le lieu y gagne en chaleur et en intimité.

Les chambres, suites et appartements sont confiés à Charles Jouffre, fondateur des fameux ateliers lyonnais de tapisserie et décorateur attitré du palace depuis plus de dix ans. Il s’entoure des designers Margaux Lally et Luc Berger pour la décoration de la suite Pompadour d’abord, puis d’une cinquantaine de chambres et de suites dont la spectaculaire Belle-Étoile, penthouse de 620 m2 au dernier étage, ouvrant sur un jardin qui tutoie le ciel de Paris. Sous leur direction, un ballet d’artisans d’art s’est déployé pour sublimer chaque détail, perpétuant des savoir-faire patrimoniaux parfois multiséculaires, comme la marqueterie de paille des Ateliers Lison de Caunes, les vitraux des Ateliers Duchemin, les soieries de la Manufacture Prelle, la passementerie Declercq, les papiers peints à la main de De Gournay, les fresques murales de Galatée Martin ou encore la marqueterie de pierres de Sylvaine Gorgo. « Notre conception était de rester fidèle à l’esprit français du XVIIIe siècle, là où l’histoire du Meurice a commencé, sans surenchère de style mais dans la finesse et l ’élégance, en ajoutant les justes touches de modernité pour rester dans l ’air du temps », indiquait Franka Holtmann lors de la remise des dernières clés au printemps. Et d’ajouter : « L’essentiel dans ce projet est que nos hôtes reconnaissent l’exceptionnel dans le détail, et posent un nouveau regard sur 200 ans d’histoire. »

Par Florence Halimi - Publié le

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