À quel âge avez-vous décidé de devenir cuisinier ?
J’avais 17 ans, et des amis de mes parents connaissaient le chef étoilé Jacques Thorel, chez qui je suis allé faire un stage. À 18 ans, j’entrais à l’Institut Paul Bocuse. Après un stage à l’étoilé lyonnais Les Trois Dômes, j’ai participé à l’ouverture de l’Atelier Joël Robuchon à Londres. L’école Robuchon, c’est très formateur. J’ai ensuite rejoint L’Arpège, d’Alain Passard, avant de revenir chez Joël Robuchon pour intégrer son laboratoire parisien, où je travaillais directement avec lui et Éric Bouchenoire. Une expérience incroyable : on voyageait autour du monde pour les ouvertures de ses Ateliers, on préparait les menus des repas de gala auxquels Joël Robuchon participait dans de nombreux pays… Puis, j’ai dû rentrer en Grèce pour mon service militaire dans l’armée de terre. Ça a été un choc, on a fini par me demander ce que je faisais dans la vie et je me suis retrouvé cuisinier personnel du chef des armées ! Je cuisinais pour une seule personne, j’avais un chauffeur pour faire les courses au marché, c’était génial !
Votre formation à l’Institut Paul Bocuse a-t-elle été une période compliquée ?
Je ne parlais pratiquement pas français. On me conseillait d’abandonner. Je suivais assidûment, mais je ne comprenais presque rien, j’avais le moral à zéro. Alors j’apprenais par cœur. Je voulais prouver que je pouvais y arriver. La possibilité de m’exprimer au travers d’une assiette, cela me motivait vraiment, alors j’ai puisé dans mes ressources pour me donner les moyens de réussir.
En 2017, première étoile Michelin. Cela a-t-il changé votre façon de travailler ?
C’était un an et demi après mon arrivée. Lorsque la nouvelle est tombée, nous l’avons prise comme une reconnaissance du travail accompli. Les gens sont venus pour la cuisine, plus seulement pour la superbe terrasse !
Avez-vous commencé à penser à la seconde étoile ?
Nous étions très content d’obtenir cette première étoile. L’idée de départ était d’en viser deux, alors on continue à s’améliorer. La marche à gravir pour la seconde étoile est encore plus motivante.
Comment créez-vous vos recettes, dans lesquelles vous glissez parfois des clins d’œil à vos origines grecques ?
Jusqu’à maintenant, je n’osais pas trop afficher mes racines. J’avais peur qu’on dise « Chronopoulos, il fait de la cuisine grecque. » Alors j’ai longtemps fait abstraction de mes origines. Mais mon pays me manque, et j’ai deux enfants auxquels j’essaye de transmettre ma culture. J’assume beaucoup plus cet héritage sur ma nouvelle carte. Cela reste des clins d’œil, mais en termes de goût, je revendique de plus en plus mon identité. Inutile d’aller chercher plus loin une inspiration que je peux trouver en moi. Il faut juste l’accepter.