Champagne

Ruinart, éloge à la « simplexité »

Parce que son champagne tient du grand art, et que du raisin, Ruinart, tel l’alchimiste, extrait un nectar proche de la perfection, la maison invite chaque année un artiste à livrer sa vision de son domaine, le plus ancien du territoire champenois. Carte blanche est laissée cette année à Eva Jospin, qui fait jaillir du carton un monde végétal et minéral miniature, accompagné d’un coffret en édition limitée pour sublimer le jéroboam de Blanc de Blancs.

Fondée en 1729, Ruinart ne partage pas seulement la temporalité avec le siècle des Lumières, mais aussi la clarté dans la simplicité, ce que la maison définit sous le néologisme de “simplexité”. Tout part d’un simple fruit chez Ruinart, nourri par les éléments et la riche terre calcaire, ciselé par le temps et la patte humaine des chefs de cave. L’emblématique cuvée Blanc de Blancs est la traduction de ce savoir-faire, fruit d’un assemblage méticuleux et non moins inspiré de vingt-cinq à trente chardonnays, issus en majorité de la Côte des Blancs, de la montagne de Reims, du Sézannais et de la vallée de la Vesle. Des territoires prodigues, des coteaux vallonnés aux clayères profondes où dorment les grands crus que l’artiste Eva Jospin a découverts, sillonnés, dont elle s’est imprégnée, pour faire naître du carton, matériau simplissime s’il en est, le monde merveilleux de Ruinart. Ses œuvres sont comme la traduction sculpturale des Correspondances baudelairiennes, qui font de la Nature un temple aux vivants piliers. Le paysage composé d’une vingtaine d’œuvres s’articule autour d’un transparent de Carmontelle, ancêtre du cinéma inventé au XVIIIe siècle, celui de Ruinart, et inspiré de la lanterne magique, qui se présente sous la forme d’un long rouleau de feuilles peintes et rétro-éclairées, tendues entre deux bobines. Celui d’Eva Jospin retrace à l’encre de Chine tous les sites jalonnant ses Promenade(s), titre de l’installation, les crayères et le vignoble, les entrelacs de vignes et de racines, les dédales de galeries souterraines, la montagne de Reims, la cathédrale, mais aussi la forêt voisine, source intarissable d’émerveillement pour l’artiste. Elle fait ici l’objet d’un haut-relief en trompe-l’œil dans lequel on souhaiterait se perdre comme le Petit Poucet. Tout autour, des décors miniatures sculptés, tout en verticalité, hybrident les architectures organique et humaine, dans un dialogue qui résume bien Ruinart, dont les crus sont le fruit d’une réciprocité voire d’une communion entre la nature protéiforme et la main de l’homme. À l’instar du Blanc de Blancs, dont le jéroboam (format idéal pour optimiser sa dégustation) fait l’objet d’une édition limitée à vingt-cinq exemplaires signés et numérotés par Eva Jospin. Véritable fragment de ses Promenade(s), le coffret sanglé de cuir s’ouvre sur une crayère miniature ciselée en carton, dans laquelle le breuvage velouté, enveloppant, ponctué des notes fruitées d’agrumes mûrs, vient s’enchâsser. Un coffret qui synthétise cet éloge de la “simplexité” cher à Ruinart, de la main de l’homme qui anoblit l’ordinaire, où tout procède de l’amour du beau, du bon et du bien fait.

  • Jéroboam Blanc de Blancs Ruinart édition limitée, 3500 €. www.ruinart.com
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