Interview

Ross Hamilton, un Américain à Paris

Derrière son nom à consonance anglo-saxonne, la maison Hamilton Conte, fondée en 2009, est une vraie parisienne. Le mobilier qu’elle crée et édite en a l’allure, l’élégance, l’intemporalité et la modernité, sous l’impulsion de son fondateur Ross Hamilton. Économiste de formation, le créateur a eu une première vie dans le secteur automobile, avant de se consacrer à sa passion, la décoration, pour les clients privés et les architectes d’intérieur que la maison accompagne dans leurs projets. Hamilton Conte ne fabrique qu’à la demande, dans les dimensions et avec les finitions voulues, dans une logique de création responsable. Pour reprendre les mots de Ross Hamilton, « il s’agit d’être plus conscient dans sa consommation en s’offrant des objets qui durent et qui ont un sens. »

Showroom Hamilton Conte

50, rue de Babylone, 75007 Paris Tel : 01 75 57 76 52 hamiltonconte.com

Comment êtes-vous arrivé à la décoration et à l’édition de mobilier ?

J’ai beaucoup voyagé, souvent déménagé, à Bucarest par exemple où j’étais directeur marketing pour Renault, mais avec une appétence pour la décoration et l’art de vivre qui vient de l’enfance. À chaque fois, il y a cette notion de faire maison, de bâtir sa petite tanière. J’ai également commencé à entreprendre des travaux de déco pour des amis, avant de franchir le Rubicon en 2008 et de cofonder Hamilton Conte à Paris. Je voulais travailler sur des produits ayant une dimension émotionnelle, et le lien qu’on entretient avec sa voiture est assez semblable à celui qu’on a avec sa maison. Même si l’automobile est un signe extérieur de soi-même tandis qu’avec la déco- ration on raconte son histoire, on dit qui l’on est.

Comment se distingue la marque Hamilton Conte ?

En tant qu’économiste, on apprend qu’il faut toujours avoir un avantage compétitif, faire ce que les autres ne font pas. Dès le début, il y a près de quinze ans de cela, nous avons été parmi les premiers à concevoir des canapés galbés, arrondis, plus techniques en termes de main-d’œuvre et de fabrication. La fonte est également très présente, car si la notion de fonctionnalité est primordiale pour moi, le meuble doit aussi avoir une dimension sculpturale, artistique et esthétique : après tout, il s’agit de décorer sa maison. Pour autant, je ne veux pas que l’on achète mes meubles juste pour meubler. Je cherche plutôt à favoriser l’alignement de la personne avec ce qu’elle est et avec ses vrais besoins. On n’est pas dans la mode, ni dans la notion de collection. C’est un engagement à long terme, pensé, responsable, même s’il répond d’abord à un désir.

 

Comment travaillez-vous ?

On fait beaucoup de personnalisations, de tailles, de finitions, donc le client a l’impression d’avoir une pièce faite pour lui, qui lui permet de se sentir unique. Tout le monde a besoin d’être le héros de sa propre histoire, on les soutient dans la création de leur récit. Assez souvent, les modèles sont clairs, pour mettre le produit et seule- ment le produit en avant. Je travaille avec les architectes d’intérieur et je veux leur donner une toile neutre, pour qu’ils imaginent leur décoration sans biaiser ni influencer leur choix. Je ne crois pas que mon rôle soit de suggérer couleurs et motifs, je laisse ce choix à mes clients dans leur personnalisation.

Quels liens entretenez-vous avec Paris ?

Je suis Américain, naturalisé Français, j’ai vécu dans plu- sieurs pays, au Japon, au Maroc, en Roumanie, au Portugal maintenant, mais quand j’arrive à Paris je me sens chez moi, il y a un truc, un lien – j’y ai d’ailleurs beaucoup d’amis proches –, une énergie qui m’inspire, c’est inexplicable. Comme tous les Américains, j’aime la rive gauche, le Paris germanopratin, et je suis toujours dans le 7e autour du Bon Marché. J’aime Paris à mon échelle, et il y a indéniablement ici ce côté village, palpable.

Quels sont vos lieux de prédilection à Paris ?

Ils sont très liés à la gastronomie, au terroir. J’ai quelques restos fétiches, comme Plume, dans le 7ème arrondissement, une adresse de quartier pour une cuisine d’auteur, à petite échelle, qui sublime le produit de saison et illustre parfaitement cette part de création unique que j’aime à Paris. Il y a aussi le Marsan d’Hélène Darroze, rue d’Assas. La décoration est fabuleuse, le service exceptionnel et la cuisine tellement personnelle que comme une madeleine de Proust, elle vous arrache des larmes. Et d’ordinaire, je suis plutôt radin avec les éloges !

Par Florence Halimi - Publié le

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