Laura Gonzalez : la généreuse
Hôtels, restaurants, particuliers, tous s’arrachent notre Frenchy, à laquelle les éditions Assouline viennent de consacrer une monographie. Elle travaille actuellement sur le futur Printemps à New York, l’hôtel Casa Monti à Rome, et sur la brasserie Public House qui a ouvert, en douceur, ses portes à Paris en mars. Pour l’heure, après Dar Mima – resto perché sur le toit de l’Institut du monde arabe – elle signe la décoration de l’hôtel Hana, un bijou de raffinement dans le 2e arrondissement, qui fait cohabiter en majesté bohème parisienne et zénitude japonaise.
Comment définir le style Laura Gonzalez ?
Laura Gonzalez : « Je m’identifie comme maximaliste, sans me soucier des tendances. J’adore faire fusionner des œuvres artistiques et des designs variés pour concevoir une décoration d’intérieur singulière, tout en jouant avec les motifs et les palettes de couleurs. »
Comment votre style et votre travail ont-ils évolué depuis vos premierssuccès ?
Laura Gonzalez : « J’ai introduit un style il y a plus de quinze ans qui restait encore très confidentiel. Exalter le mélange des motifs, des textures et trancher avec le minimalisme ambiant était pour moi très important. Je pars du principe qu’il faut tou- jours avancer, se challenger et ne jamais se reposer sur ses lauriers. C’est pourquoi je cherche à aller vers des projets de plus en plus différents, en prenant en compte les dimensions culturelles et patrimoniales de chacun. »
Qu’attendent de vous vos clients lorsqu’ils vous confient un projet ?
Laura Gonzalez : « Je construis des environnements sur mesure, en écoutant attentivement les demandes d’une clientèle internationale exigeante. Je me positionne comme le chef d’orchestre de projets de transformation, auxquels j’apporte ma créativité et mon inspiration, en adoptant une approche holistique. »
En particulier pour l’hôtel Hana, quelles étaient les contraintes, vos marges de manœuvre ?
Laura Gonzalez : « L’hôtel Hana était un challenge intéressant, en particulier dans la manière de conjuguer de grandes idées dans un petit espace. Il s’agissait pour moi de composer une nouvelle par- tition et de signer un décor unifié, chic et convivial, inspiré par mon précédent voyage au Japon, de trouver le mélange parfait entre l’effervescence urbaine parisienne et les influences chaleureusement enchanteresses du Japon. C’est un lieu dans lequel circule une véritable énergie entre le romantisme et la philosophie japonaise qui trouve la beauté dans l’imperfection et la simplicité. »
Où trouvez-vous vos inspirations ?
Laura Gonzalez : « J’aime revisiter les références classiques tout en explorant les matières, les tissus, les teintes et les motifs pour concevoir des intérieurs élégants et chaleureux, pour donner vie à des espaces à la fois majestueux et intimes, impressionnants et conviviaux. Pour moi, le design s’apparente à la mode, mon approche repose sur l’utilisation d’une palette de couleurs chaudes et de matériaux qui invitent au toucher et créent une atmosphère accueillante. »
Quel lien entretenez-vous avec les artisans qui fabriquent vos pièces?
Laura Gonzalez : « Ce sont des professionnels qui partagent mon univers depuis des années et ils me sont indispensables. J’aime surtout organiser des points régulièrement avec eux pour les pousser loin dans leur processus créatif, et réaliser ainsi un travail à plusieurs mains, comme sur la table Rainbow en raku créée avec Fabienne l’Hostis. »
L’an passé, vous avez également ouvert votre galerie parisienne dans le 7e arrondissement…
Laura Gonzalez : « L’ouverture de la galerie – véritable terrain de jeu créa- tif – répondait à l’envie d’imaginer et de concevoir des pièces de mobilier qui expriment mon goût pour les mélanges de tissus, de matières et de couleurs. Mais également de montrer au grand public ce que nous faisons et de cristalliser cet univers créatif qui constitue l’esprit Laura Gonzalez. »
Comment avez-vous sélectionné les dix projets présentés dans la monographie Intérieurs qui vous est consacrée aux éditions Assouline ?
Laura Gonzalez : « J’ai choisi ces dix projets parmi ceux que je considérais les plus importants sur l’ensemble de mes réalisations, comme les boutiques Cartier, et ceux qui illustrent au mieux mes inspirations, ma maison de campagne, par exemple, où j’ai mis tout mon cœur, l’hôtel Saint-James à Paris qui a été l’un des plus importants de ma carrière. J’ai travaillé avec l’éditeur et l’auteur de manière à faire comprendre au mieux mon travail aux lecteurs, en détaillant le cheminement de chaque réalisation au travers de moodboards notamment. »