Raymond Depardon : l’aventure humaine
De la ferme familiale du Garet aux Jeux Olympiques de Paris 2024, Raymond Depardon a parcouru le monde pour toujours mieux le découvrir, et surtout le donner à voir. A 81 ans, toujours aussi curieux et passionné, il raconte ses souvenirs fabuleux, quand, tous les quatre ans, de 1964 à 1980, il couvrait les Jeux Olympiques. Huit de ses œuvres se déploient actuellement sur des bâches géantes dans Paris. Interview depuis sa maison de Clamart.
Comment en êtes-vous venu à photographier les Jeux Olympiques ?
Raymond Depardon : « C’est assez étrange et paradoxal, je suis photographe de presse et je me suis trouvé un peu par hasard à faire les Jeux Olympiques à Tokyo à 22 ans. Ensuite, on m’a envoyé à Montréal, Munich, et j’ai continué ainsi. Je ne faisais des photographies de sport que tous les quatre ans. »
Qu’aimiez-vous saisir ?
Raymond Depardon : « La gestuelle, c’était vraiment magnifique. Il y avait aussi quelque chose de nouveau pour moi dans la photo de sport, c’était vibrer, rater, recommencer tout le temps. J’y ai pris goût et cela m’a fait progresser. C’était un défi. »
C’était aussi la découverte du monde ?
Raymond Depardon : « Oui, pour la première fois on voyait des gens d’Afrique, d’Asie, des pays du monde entier. Le tiers monde. C’était très émouvant. Je n’avais pas conscience de cela à ce moment-là. Il y avait une réparation de l’injustice avec le sport. Cela m’a sauvé aussi de voyager, pour être moins bête… »
Quelle est la définition d’une belle photographie ?
Raymond Depardon : « Une photo qui tienne le temps. Il faut que la photo ne bouge pas. Il y a toujours cette recherche du Graal, un « Fragonard » comme on disait à l’agence Gamma. »
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Raymond Depardon, photographe et réalisateur, fondateur de l’agence de presse Gamma. Huit de ses photographies mythiques sont exposées autour des sites olympiques dans la capitale.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Raymond Depardon : « Chaque photo était une aventure. A Montréal, en 1976, il y a eu l’histoire avec Nadia Comaneci. Au début je ne comprenait rien à la gymnastique car il y avait des figures imposées, des figures libres, et je me suis intéressé aux exercices des jeunes filles qui venaient de l’Est, que l’on ne connaissait pas. Je savais que je pouvais faire une très belle photo de profil. Et puis tout à coup, le miracle s’est produit. Il fallait être précis, rapide. Il y a aussi les à-côtés. A Tokyo, en 1964, Pierre Jonquères d’Oriola a gagné à la dernière minute la médaille d’or en saut d’obstacle et on m’a demandé de faire un gros plan de l’athlète. J’ai couru sur le stade et les policiers japonais m’ont poursuivi jusqu’à la clôture ! »
Qu’est-ce qui vous pousse ?
Raymond Depardon : « La passion, la curiosité aussi. Et puis, la photo, c’est universel, c’est très démocratique. Je fais des photos pour tout le monde. »
Qu’attendez-vous des JO de Paris ?
Raymond Depardon : « Je sais qu’à Paris il y aura des moments forts, des moments qui dépassent l’homme. Dans les jeux olympiques, il y a aussi le stade, intemporel. »
Que photographiez-vous en ce moment ?
Raymond Depardon : « Je vis à Clamart. Je photographie la vie autour de moi avec mon Leica. La ville, ma famille. Je suis aussi sur un projet de livre et d’exposition sur des photos que j’ai réalisées dans le désert. «
En 1964, Raymond Depardon est depuis quatre ans salarié en tant que photographe reporter pour l’agence Dalmas. Il est envoyé à Tokyo pour couvrir les Jeux Olympiques d’été et fait ses premiers pas de photographe de sport. Essai gagnant puisqu’il officiera durant 6 olympiades, jusqu’aux Jeux de Moscou, en 1980.
Photographier le sport
Lorsque Raymond Depardon est envoyé photographier ses premiers JO, il n’a pas d’expérience de la photographie de sport. Il comprend très vite que la position du photographe est primordiale et que l’important est de devancer l’événement.
« Le sport est peut-être la spécialité qui apprend le mieux à bien voir », explique-t-il. Photographier le sport lui a appris à être encore plus rapide dans la prise de vue, à être synchrone avec l’action.
Les photographies de ces épreuves sportives de haut niveau l’amènent à donner aux corps des athlètes une esthétique sculpturale: muscles saillants, expression figée dans la concentration ou l’effort. Le photographe aime également capter des images en marge de la performance, en photographiant les athlètes hors exercice, dans une approche plus intime.
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