Paris design week : sur les pavés, le design !
L’heure du design dans tous ses états a sonné, un design hors limites, transversal et protéiforme, qui irrigue tous les domaines de l’art de vivre, la création de mobilier, le graphisme, l’architecture d’intérieur, le sport, la santé, l’urbanisme… Paris se transforme en vaste jeu de piste, sur les traces des 375 lieux qui mettent en scène leurs créations et collaborations spéciales. Un rendez-vous qui fait palpiter le cœur de la capitale, dans le Marais, mais aussi à Saint-Germain-des-Prés, Opéra, Bastille, jusqu’à la Galerie des Gobelins et au Mobilier National, de l’autre côté de la Seine, multipliant les rencontres fructueuses entre les artistes, les galeries, les maisons d’édition, les artisans, au-delà des frontières. Car la création internationale est aussi distinguée, de Hong Kong au Guatemala. Un hommage spécial est rendu à la création chinoise à travers un grand parcours dédié dans le Marais. Le Portugal, invité particulier, fait aussi l’objet d’une exposition dans le Marais, mise en scène par la tête d’affiche du design lusitanien, Nini Andrade Silva.
L’occasion de découvrir la créativité débridée de cette grande nation du design, à travers ses savoir-faire et ses richesses artistiques. Aux côtés des talents confirmés, l’événement est aussi un laboratoire où les idées germent et se matérialisent, où legénie de la jeunesse s’exerce. Ainsi, les étudiants de l’Ensci-Les Ateliers imaginent, en partenariat avec la Croix-Rouge française, un design de crise et d’urgence au service des populations en danger. Véritable tremplin pour l’avant-garde, la Paris Design Week nous donne à voir le futur du design, à travers le parcours Factory, de galerie en galerie (en particulier rue de Turenne), et notamment via le quatrième opus de l’exposition “Vivement Demain”, organisée par le Campus des Métiers d’Art et du Design à la Galerie des Gobelins, qui présente les créations d’une dizaine de grandes écoles, parmi lesquelles Boulle, Camondo, Estienne, Duperré, l’École Bleue… 2025 marque également le lancement de la première édition du prix France Design Impact Award. Il récompense des créations innovantes qui influencent, voire transforment positivement la société, l’environnement, l’économie, dans un contexte de mutations profondes. Trois jurys d’experts ont sélectionné 40 projets exposés du 12 au 22 septembre au Wilde – Le Lieu (4, rue François-Miron, 4e), dont les 13 lauréats de ce prix présidé par Mathieu Lehanneur, également président du jury design des Grands Prix de la Création de la Ville de Paris et parrain de la 6e édition de la France Design Week (organisée partout en France jusqu’à fin septembre). Mathieu Lehanneur est par ailleurs inscrit sur le parcours Design sur Cours pour sa vasque olympique, ce ballon d’or onirique qui s’élève encore dans le crépuscule parisien jusqu’à la clôture de la Paris Design Week.
Libres cours
Avec Design sur Cours, la création contemporaine et le patrimoine historique se confrontent et dansent de concert un pas de deux harmonieux. Chaque œuvre a été pensée pour cette rencontre au sommet de l’art. Ainsi, l’artiste textile Aude Franjou investit l’intérieur de la Colonne de Juillet, place de la Bastille, exceptionnellement ouverte aux visiteurs (sur réservation à la galerie Maison Parisienne). Avec l’installation Coraux de la liberté, elle tisse sa toile délicate en fibres de lin blanches et rouges, dont les ramifications s’élèvent du sol vers le plafond, grimpant le long des escaliers vers le Génie de la Liberté, comme un récif corallien révolutionnaire. Du côté de la place de la Concorde, l’Hôtel de la Marine est occupé par le designer et directeur artistique Jérémy Pradier-Jeauneau, dont Le Labyrinthe se déploie de la cour d’honneur aux salons d’apparat et à la loggia. Ce dédale en trois tableaux essaime monts et merveilles sur son chemin, entre pièces de design contemporain et d’artisanat d’art, mais aussi objets chinés, comme un double clin d’œil à ses débuts d’antiquaire et à la vocation de l’Hôtel de la Marine, jadis Garde-Meuble royal (jusqu’au 21 septembre). Cette exceptionnelle chasse aux cours passe par la Maison de Victor Hugo, la Maison-Atelier Ozenfant, imaginée par Le Corbusier, la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, où se tient l’expo Fibois France “Espaces à vivre, bois français et design”, et une nouvelle fois par l’Hôtel de Sully. Au cœur de ce joyau architectural du XVIIe siècle, l’orangerie, le jardin, la cour sont magnifiés par le mobilier d’art poétique et organique de la maison d ’é dition Ymer&Malta, tandis que, sur la terrasse, le designer Lucas Huillet et le parfumeur Alexandre Helwani rééditent leur collaboration, après le carton de l’installation 2024, qui avait suscité 2,8 millions de vues. Le tandem revient avec une nouvelle installation olfactive baptisée Folie, qui nous couche sur un immense divan-causeur, sous une valse de tissus mouvants parfumés, pour un moment d’introspection aussi visuel qu’aromatique.
La route des légendes
La Paris Design Week trace aussi sa route, de showrooms en galeries, sur les pas des légendes de la décoration, comme Cassina, qui célèbre les 60 ans de sa collection hommage à Le Corbusier, Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret, en scénographiant quatre assises emblématiques dans une édition spéciale, durables dans leur composition, parées de franches couleurs. De son côté, Le Bon Marché Rive Gauche met l’accent sur un design rock’n’roll, combinant dans un parcours immersif musique et pièces maîtresses du design – les radios collectors Brionvega, les pièces mythiques de Codiceicona et de Poltronova – via des zones d’écoute, des expériences musicales et des pop-up aux airs de studios d’enregistrement ou de bistrots glam rock, comme le Café Eames éphémère, né de la collaboration entre Vitra et L’Arbre à Café. Point d’orgue de sa programmation, l’hommage à Pierre Paulin, avec la complicité de l’entreprise familiale Paulin, Paulin, Paulin, qui édite pour l’occasion le fauteuil Tongue empilable, la Groovy Chair et le canapé BlubBlub. À retrouver dans un espace d’écoute aux allures pop, sur une bande-son créée spécialement par le label maison Sounds like Paulin
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