Rencontres Designer

José Lévy : Influx nippons

Design, stylisme, architecture, scénographie, photo, arts plastiques… José Lévy est un jongleur, ses terrains de jeu créatifs sont sans limites. À la confluence des disciplines depuis ses débuts dans la mode avec sa marque José Lévy à Paris, puis en tant que directeur artistique de grandes maisons de couture, chaque nouvelle aventure créative est l’occasion de stimuler sa curiosité et de pousser le geste artistique à son paroxysme. Que ce soit pour Hermès, Saint-Louis, Leblon-Delienne ou la Manufacture de Sèvres, son œuvre protéiforme entre design et sculpture, élégance française et esthétique minimaliste, lui vaut d’enchaîner les récompenses prestigieuses : Grand Prix de la Ville de Paris, Chevalier des Arts et des Lettres, Lauréat de la Villa Kujoyama à Kyoto (l’équivalent de la Villa Médicis à Rome). Avec un fil rouge qui sous-tend chaque projet : son amour du Japon, né sur un terreau familial propice – ses grands-parents collectionneurs d’arts nippons étaient entrepreneurs dans les arts martiaux – qui s’épanouit pleinement cette année, à travers deux événements dont il assure la scénographie : Le Pavillon France à l’Exposition Universelle d’Osaka, et l’exposition célébrant les dix ans de l’entrée des métiers d’art dans le programme des résidences de la Villa Kujoyama.

C’est une année très franco-japonaise pour vous. D’où vous vient cette attraction pour le Japon ?

José Lévy : « Mon histoire familiale a bien sûr été fondatrice dans mon imaginaire, et la mode m’a très vite conduit au Japon, qui a été le premier pays à s’intéresser à mon travail. Mais c’est lors de ma résidence à la Villa Kujoyama que j’ai pu appréhender le pays en profondeur, livré à moi-même, immergé dans la vie locale, alors que mes voyages étaient plutôt balisés jusque-là. C’est un privilège inouï de rencontrer une civilisation dans un rapport intime et quotidien. Il y a eu un avant et un après, qui a bouleversé ma relation à la création. C’est pourquoi j’ai voulu agrandir le champ de l’exposition en abordant la question de l’attachement des résidents à la Villa, de la transformation que cela a opéré en eux humainement et professionnellement. »

Vous signez la direction artistique du Pavillon France à Osaka, quelle était votre mission ?


José Lévy : « Mon rôle était de concevoir le design et la curation d’art de tous les espaces hors exposition permanente, de montrer la pluralité des arts décoratifs et des créateurs français, d’hier, d’aujourd’hui, de demain, et la relation particulière que la France et le Japon entretiennent. Les savoir-faire et l’esthétique japonais nourrissent l’imaginaire des créateurs français, un imaginaire qui s’incarne dans les pièces présentées, de Cinna, de ligne Roset, de la Manufacture de Sèvres, de l’Atelier Alain Illouz… Je me suis tourné également vers la maison d’art japonaise Kouseido, qui a la particularité de travailler avec des artistes français comme Pierre Charrier, Garnier et Linker, Céline Wright, et vers une Maîtresse Ikebana, dont les compositions fleurissent les espaces pendant tout l’événement. »

 

Comment voyez-vous votre style, quel est votre apport au design ?
José Lévy : « Mon travail conjugue un goût assez parisien et ce trait du Japon qui émerge toujours dans le dessin, dans sa rigueur, sa précision, mais aussi sa fantaisie. J’aime la modularité, ne pas figer les choses, que les éléments soient bousculés, réinterprétés, qu’ils entrent en affinité avec l’utilisateur, que celui-ci m’apporte un regard très personnel sur mes créations. Le terme de  jeu revient souvent dans mon travail, comme avec la collection Jeux de salon  pour Lelièvre, qui partait de l’idée d’enfants construisant des cabanes avec les coussins et le mobilier. »

Comment travaillez-vous ?


José Lévy : « Je suis très spontané, j’ai une vision assez rapide de ce que ce que je veux faire, et des gens avec qui je veux le faire. Comme je suis quelqu’un d’assez réaliste, je frotte toujours à la réalité les objets que je dessine, je suis donc très présent dans les ateliers des maisons avec lesquelles je collabore pour faire en sorte l’intention devienne réalité. »

Vous vivez entre Paris et Fontainebleau. Quel est votre rapport à Paris ?
José Lévy : « Paris nourrit toute mon approche créative. Ma marque de mode s’appelait José Levy à Paris et non de Paris, et cela dit tout de mon rapport à la capitale, avec l’idée d’y débarquer, sans jamais se l’approprier. Mon regard est celui de quelqu’un qui va vers la ville, ouvert, curieux, qui accroche d’infimes détails, et mes flâneries parisiennes font d’ailleurs l’objet d’un travail parallèle autour de la photo et des arts plastiques sur Instagram. »

www.joselevy.fr

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