Rencontres Designer

Pierre Gonalons : l’art, la manière, la matière

A peine diplômé de Camondo, Pierre Gonalons s’impose dans l’univers des designers décorateurs et fonde son studio (Ascète) quand il n’a que 23 ans. Fin connaisseur de l’histoire des arts décoratifs et des savoir-faire les plus remarquables, cet adepte des géométries et des lignes claires est l’un des premiers de sa génération à mixer les styles, à s’appuyer sur les siècles passés pour inventer de nouvelles formes, unissant dans un même exercice des décors classiques et un design innovant.  S’il collabore depuis vingt ans avec de grandes maisons telles que Lalique, la Manufacture des Emaux de Longwy, Moissonnier, Duvivier, Philippe Hurel, CarréSol - pour laquelle il signe une spectaculaire collection de parquets associant essences et minéraux nobles - il n’est pas contre une certaine forme de démocratisation. En témoigne sa capsule pour Monoprix. Pierre Gonalons auto-édite également ses propres collections en s’entourant des meilleurs artisans d’art, condition sine qua non pour satisfaire sa quête de perfection.

Galerie Privée, sur RDV

52 rue de l’Arbre Sec, Paris 1er www.pierregonalons.com/

Galerie Pierre Gonalons

16 Galerie Véro-Dodat, Paris 1er www.pierregonalons.com/
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Vous aimez juxtaposer les styles, mêler dans un même décor le classique et le contemporain. Est-ce votre signature ?

Pierre Gonalons : « J’ai toujours travaillé comme ça. Je mobilise des réflexes différents selon que je dessine une pièce de mobilier ou un décor. J’aime confronter l’objet très contemporain à des intérieurs pleins de références aux Arts-Décoratifs. Je trouve ça très Français, Parisien, fidèle à notre grande nation de décorateurs et de culture décorative. Mais je me définis comme un créateur contemporain. En création de produits – puisque je suis avant tout designer – je m’inscris dans l’innovation, la recherche de nouveaux matériaux, de formes inédites. Mais en décoration je m’amuse en assumant pleinement les clins d’œil historiques. »

Vous venez de présenter la collection de luminaires Girouette pour Masiero à Milan. Le métal est-il votre nouveau terrain de jeu créatif ?

Pierre Gonalons : « Je suis passionné par le travail autour du métal et du verre, notamment celui du designer français Max Ingrand. On retrouve ça dans la collection Girouette, qui révèle un jeu de formes entre le carré et le rond, le métal plié et le globe de verre. Ce petit module peut exister seul – en applique, en lampe de table – ou se démultiplier dans de grands lustres, créant un déploiement de métal circulaire, comme de grandes couronnes suspendues dans l’espace. Le métal brossé dans les deux sens, produit un effet texturé, presque textile, un look un peu vintage et industriel qui me plait. »

 

Toute l’année vous célébrez dans votre Galerie le centenaire de l’exposition des arts décoratifs et industriels de 1925. Que présentez-vous actuellement ?

Pierre Gonalons : « J’ai voulu programmer plusieurs expositions dans l’esprit de ce salon qui a été fondateur dans mon parcours, lorsqu’à l’adolescence j’ai découvert la façon dont chaque décorateur faisait dialoguer ses créations avec des œuvres d’artistes et de maîtres d’art. Toute une équipe participait à la mise en scène de leur pavillon. Comme eux, je mets en regard mon travail et celui d’artistes que j’aime, dont je possède des œuvres achetées au fil du temps. Après celle dédiée à Larry Bell, l’expo en cours est consacrée aux créateurs japonais des années 80, comme le designer Shigeru Uchida et l’immense architecte Atsushi kitagawara, qui ont renouvelé l’artisanat séculaire du Japon, avec un travail subtil autour de la vannerie et du métal, de la légèreté et des transparences. Leurs œuvres m’ont inspiré, parfois inconsciemment, et je perçois aujourd’hui le rôle qu’elles jouent dans mon univers très graphique, qui s’appuie sur la ligne, la silhouette, les géométries… J’expose du mobilier mais aussi des dessins, des kimonos, des objets en laque et des textiles peints qui cohabitent avec mon propre travail sur le mobilier et le design de tissus. »

Vos projets à court terme ?

Pierre Gonalons : « J’achève la décoration intérieure du restaurant « À la ville de Paris », une institution à Colmar qui va rouvrir au début de l’été. Je viens également de présenter à Milan une collection de tapis pour la maison Art de Vivre, inspirée des plafonds moulurés des palais parisiens. J’ai dessiné 6 modèles, chacun d’entre eux développé en trois variations de couleurs, ainsi qu’une série limitée qui fait l’objet d’un exercice encore plus créatif, puisque sous les moulures, en arrière-plan, on reproduit le ciel à partir de photos. L’effet est spectaculaire. Ils seront présentés à la Art Basel Paris en octobre. Conjointement, je présenterai une collection de tissus pour Prelle, l’une des plus belles manufactures lyonnaises, scénographiée parmi mes créations dans son showroom place des Victoires, puis dans ma Galerie Privée où j’expose mes nouvelles pièces. »

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