La hallyu arrive chez nous
La Corée du Sud commence à faire entendre sa voix de plus en plus fort. Dans les années 2000, la K-pop arrive comme un tsunami sur les ondes et marque les débuts de l’hallyu, la vague coréenne. Ce savant mélange de pop occidentale avec des paroles coréennes entonnées par des boys bands et girls bands aux looks ultra-léchés, a rassemblé des milliers de fans, prêts à se déplacer à Paris de toute la France voire de toute l’Europe pour assister en 2016 à la « première édition européenne de la KCON à l’AccorArena. Depuis l’engouement n’a pas faibli. En février, Ateez à La Défense Arena avait enflammé les foules tandis que le concert de Taemin du 12 mars au Zenith affichait complet, suivi de celui de Jennie, ici en solo, le 21 mars, leader du groupe Blackpink, l’un des plus populaires ces dernières années qui doit se produire le 2 août au Stade de France. Le succès est tel que les organisateurs envisagent déjà une deuxième date le 3 août. Quant à Rosé, elle aussi membre des Blackpink, elle cartonne au côté de Bruno Mars avec APT, qui littéralement veut dire appartement mais correspond aussi à un jeu à boire (et à draguer) coréen. Côté K pop, il faudra aussi compter sur le K-Street Festival, “une expérience immersive entre gastronomie, musique et arts urbains”, qui se tiendra en juin au parc André Citroën. Quelques mois plus tard, on enchaine avec le K Festival, qui revient pour la troisième fois au Jardin d’Acclimatation les 13 et 14 septembre avec au programme des danses folkloriques, un marché traditionnel coréen, de la street food et, bien sûr, des concerts de k-pop. Mais c’est le K-Plus Festival coréen qui démarre la saison. Les 16 et 17 mai, à l’Université Ouverte de Paris Cité, sur le Campus Grand Moulin dans le 13e arrondissement, cette troisième édition désire mettre en avant des aspects moins connus de la Corée, à travers des démonstrations culinaires et des conférences sur des sujets comme l’artisanat traditionnel, les Haenyo (plongeuses de l’île de Jeju), ou encore l’art de la calligraphie. Autre manifestation attendue, la Korean Expo 2025 du 13 au 15 juin au Parc Expo Porte de Versailles qui détaille toute l’excellence du pays autour de cinq thématiques dont la k pop mais aussi l’innovation et la technologie, l’art de vivre et le design.
Quant on vous dit que la Corée est partout… Après la musique, ce fut la vague de la K Beauty qui préconise une routine spécifique, un vrai rituel de soin minutieux et méthodique qui peut comprendre jusqu’à une dizaine d’étapes de soin. Le succès est fulgurant, d’ailleurs la Corée est devenue le 4e exportateur mondial de cosmétiques en 2022, derrière la France et les États-Unis. Des marques comme Erborian, Laneige, Dear Klairs, Skin 1004 ou plus récemment Yepoda, qui a annoncé son arrivée chez Sephora en mars, sont désormais connus de toutes les femmes. On peut aussi parler de Mi-Rê, bel avenir en coréen, lancée en 2015 par Elizabeth Trémosa, parisienne d’adoption, et Miseong Kim, qui ont développé leur marque en Corée tout en l’adaptant aux codes de beauté européens. D’ailleurs les Galeries Lafayette Haussmann consacre tout un corner à la K Beauty au sein de la Wellness Galerie, de même le Bon Marché Rive Gauche propose en exclusivité Maison Kosane qui réunit des marques pointues de cosmétiques coréennes. Quant à la session de soins Lift Coréen par See My Cosmetics, elle a enregistré une telle demande que cet atelier à l’origine éphémère est désormais prolongé jusqu’en septembre… Et le centre commercial des Halles annonce l’ouverture prochaine d’une GlowStation consacrée à la K-beauty
C’est tous les aspects de la vie qui s’épanouissent désormais à Paris. La mode n’y échappe pas. Les visages coréens ont déjà séduit nombre de marques de luxe. L’actrice (dans la série mythique Squid Game) et mannequin HoYeon Jung pour Louis Vuitton en 2022, la chanteuse Bae Suzy pour Celine ou Mun KaYoung qui est la vedette de la campagne publicitaire Automne-Hiver 2024-2025 de Dolce & Gabbana pour ne citer que quelques noms. Quant aux marques de prêt-à-porter coréennes, elles deviennent de plus en plus présentes.
Outre celles ouvertes de longues dates comme Votre Hanbok avenue Émile-Zola dans le 15e qui reprend le nom du vêtement traditionnel coréen, ou Maeum rue de Lesdiguières dans le 2e, ou encore le concept store Beside Kimchi rue Saint-Martin dans le 4e, on note l’arrivée de Songzio en mars rue Charlot dans le 2e dans un espace de deux étages qui présente une mode audacieuse, minimaliste et complexe. Rue Saintonge dans le Marais, pas moins de deux boutiques dont System qui a choisi Paris pour accroître la reconnaissance de sa marque à l’international l’été dernier dans un lieu d’une grande sobriété conçu comme une galerie. Sans oublier Merci, boulevard de Beaumarchais qui propose aussi la marque Original Garments.
Le visage frais après votre routine K-beauty, rhabillé à la mode coréenne, il ne manque plus qu’un détour par la gastronomie. Et là encore, il y a un sacré emballement avec des ouvertures qui s’enchainent à vive allure. On peut citer On, restaurant de barbecue coréen rue Saint Roch dans le 1er, cinquième adresse de la Coréenne Linda Lee à la tête de MariMari rue d’Antin dans le 2e, On The Bab près de l’Opéra, Misu rue Falguière dans le 15e, ou encore du néo-bistrot Sétopa rue Dupuytren dans le 6e dont la carte a été conçu par le chef Mingoo Kang, récompensé d’une troisième étoile en 2025 pour son restaurant Mingles à Séoul, et Chang-Ho Shin, ancien chef du Joo Ok à Séoul doublement étoilé. Autre entrepreneuse à succès Eun-Ok Lacour détient Sam Chic, rue Rameau dans le 2e, élu en 2024 Meilleur restaurant coréen à l’étranger, Sam Bun, rue Léopold Bellan dans le 2e, et Sam Sun rue de Richelieu dans le 1er où le chef Byunghuk Oh revisite les classiques tout en sublimant la tradition culinaire coréenne. Rue Gomboust, Kook Il Kwan fait partie aussi des adresses recommandées par les expatriés coréens. Un peu plus loin, avenue de l’Opéra, Na-Young s’affiche comme un bar à nouilles coréen… Mais on pourrait en citer bien d’autres, avec un bémol, les puristes nous disent d’être vigilants, certains restaurants coréens n’en ont que le nom car détenus par des Chinois !
Cet engouement pour la culture et les traditions du pays du Matin calme se traduit aussi dans les arts, le 7e en particulier avec des séries à succès comme Squid Game, des films comme Parasite, palme d’or en 2019 et dont le réalisateur Bong Joon Ho sort en 2025, Mickey 17 avec Robert Pattinson dans le rôle-titre. Quant à Netflix, la plateforme propose des dizaines de séries romantiques, de fictions dramatiques, de science-fiction ou de comédies, le tout à la sauce coréenne. Du cinéma, oui, mais les Coréens se distinguent aussi en BD avec en 2024 l’attribution du Fauve spécial du jury du Festival d’Angoulême à Sophie Darcq, née en Corée et adoptée en France, pour Hanbok qui s’appuie sur son histoire. Quant à l’écrivaine Han Kang, elle a reçu en 2024 le prix Nobel de Littérature pour la « profondeur de sa prose poétique qui s’oppose aux traumatismes de l’histoire et révèle la fragilité de la vie humaine ».
C’est l’arrivée du soft power coréen qui monte en puissance depuis la vague culturelle dans les années 1990 où l’on découvrait les premières séries et films coréens, avant le raz-de marée de la K-pop dans les années 2000, puis c’est au tour de la K-beauty de convertir les femmes. Maintenant la K-food envahit chaque coin de Paris… Tout en douceur et sans tapage, la Corée diffuse sa culture et ses valeurs.
Héroïne de la série sud-coréenne squid game HoYeon Jung, qui a défilé pour Louis Vuitton dès 2017, est devenue quelques années plus tard l’une de ses ambassadrices internationales
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