Quand Paris se met à l’heure de la boxe
Aujourd’hui, cette discipline, qui a longtemps pâti d’une mauvaise réputation (un sport violent, essentiellement pratiqué par des hommes, dans des salles de quartiers mal famés etc.), n’a plus vraiment la même image. « Désormais, la boxe est aussi un outil de remise en forme et de bien-être. Ce qui n’était pas forcément le cas il y a encore quelques années. Moins connotée brutale, elle a même des vertus thérapeutiques », analyse Arnaud Romera, spécialiste des sports de combat et ancien président de la Ligue de boxe professionnelle. Des atouts qui ont fini par séduire de nouveaux profils. « La boxe envahit tous les espaces. Autrefois associée aux banlieues populaires, elle est désormais pratiquée par des femmes et des hommes vivant dans des quartiers privilégiés. Il suffit de regarder la mode des White Collar Boxing Night (en français, nuits de la boxe en col blanc), venues de l’étranger et qui font désormais leur apparition à Paris », souligne Arnaud Romera. Faire de la boxe oui, mais pas n’importe où. Voici le credo des boxeurs en herbe, qui se retrouvent dans des hôtels de luxe pour pratiquer leur nouveau sport fétiche (entraînement de boxe anglaise au Brach Paris, coaching privé au Cheval Blanc…) ainsi que dans des clubs huppés, à l’image du Temple. Proposant des cours avec ou sans combat, l’enseigne, qui compte cinq adresses à Paris, mise sur des cours en petit comité.
L’accompagnement sur mesure est l’une des clés de sa formidable réussite, comme le souligne son fondateur, Cyril Durand : « Nos coachs prennent en compte la personne qui a le niveau le moins élevé dans un groupe. Puis ils adaptent leur méthode et leur pédagogie en fonction. C’est vraiment l’un des mantras du Temple : adapter et s’ouvrir aux autres. » Les différents membres évoluent dans un cadre premium qui met en avant l’architecture et le confort. Ainsi, chaque salle du réseau est pourvue d’un certain nombre d’équipements haut de gamme (sauna, prêts de serviette, cosmétiques bio…). « C’est la logique du Temple. Nos adhérents ont les moyens de se payer un tel abonnement annuel (1 900 € en moyenne, N.D.L.R.). Il est donc fondamental qu’ils puissent prétendre à un standing et à un certain confort. L’idée est qu’ils se concentrent seulement sur la boxe. Et pour cela, le cadre doit être irréprochable », développe Cyril Durand.
Des prestations qui séduisent des chefs d’entre- prise, avocats et autres célébrités parmi lesquels Sarah Poniatowski, Antoine de Caunes, Thierry Marx ou encore Édouard Philippe. À l’image du Temple, d’autres lieux parisiens sont devenus incontournables pour faire de la boxe “version premium”. C’est le cas du club boxe fitness de l’Hôtel Villa M. Tous les jours de la semaine, de nombreux cours sont proposés, pour débutants ou confirmés (boxe anglaise, boxe pieds-poings, sessions sur ring…). « La boxe, telle qu’elle est enseignée à la Villa M, est ouverte à tout le monde. Il n’y a pas de niveau prérequis à avoir. Il faut casser ces mythes qui disent que ce sport ne peut être pratiqué que par des personnes musclées. Tout va dépendre de l’intensité. Il n’est absolument pas contre-indiqué de pratiquer la boxe, même si la personne n’en a jamais fait. Il faut juste y aller doucement dans un premier temps », préconise Mickael Mari Sardi, coach à la Villa M. Pour ce dernier, l’engouement des Parisiens pour la discipline est à croiser avec certaines étapes majeures dans l’histoire de ce sport ces dernières années: « Il y a eu un avant et un après la médaille d’or de Tony Yoka aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Depuis, la boxe est davantage mise en avant, grâce à des champions qui s’expriment mieux que leurs aînés. Le cliché du boxeur primaire est dépassé. Pour réussir dans cette discipline et espérer faire carrière, il faut être intelligent, anticiper et constamment se remettre en question. »
La boxe, un sport aussi mental que physique
Loin d’être une discipline purement physique, la boxe a également une dimension mentale importante. « Bien sûr, il y a cette volonté de se muscler, maigrir ou encore travailler son cardio. En cela, la boxe est l ’un des sports les plus complets qui existe. Mais les personnes qui s’inscrivent à nos cours viennent également chercher quelque chose de plus psychologique. Une confiance en soi qu’il s’agit de retrouver. Un stress à évacuer. C’est une discipline qui apprend à mieux gérer ses émotions et c’est aussi pour cela qu’elle est aujourd’hui si populaire», fait remarquer Cyril Durand. Cette évolution positive de la boxe, Jean-Philippe Lustyk s’en félicite. Journaliste sportif et grand spécialiste du sujet, il a récemment sorti une édition augmentée de son Grand Livre de la Boxe (Éditions Marabout). Un ouvrage de référence dans lequel il évoque de récents combats, de nouveaux territoires ou le développement de la boxe féminine. Une percée remarquable des femmes qu’il analyse ainsi: « Depuis plusieurs années, l’égalité des sexes est un sujet important. Les femmes veulent désormais se mettre à ce sport qu’elles n’ont pas pu pratiquer pendant très longtemps. Ou, tout du moins, au sein duquel elles étaient invisibilisées ». Aujourd’hui, la boxe féminine est mise en avant grâce à des athlètes comme Estelle Mossely, qui a été la première boxeuse française à remporter une médaille d’or aux Jeux Olympiques (à Rio, en 2016, N.D.L.R.). « Avant le sacre d’Estelle Mossely, le nombre de femmes qui pratiquaient était assez dérisoire. Désormais, un licencié sur trois en France est une femme. C’est d’ailleurs ce qui explique le développement du Lady Boxing », observe Arnaud Romera. Conçue comme une pratique exclusivement féminine, mélangeant les techniques de boxe thaïe et de kick boxing, elle est surtout réservée à celles qui cherchent à se réapproprier leur corps. « La boxe féminine ne doit pas être confondue avec du self-défense. Les femmes qui viennent boxer au Temple ne sont pas là dans une logique de riposte vis-à-vis d ’une potentielle agression. Elles boxent pour être bien dans leur peau. C’est aussi pour cela qu’il y a autant de sourires sur les visages. Avec les femmes comme avec les hommes, l’ambiance est conviviale et joyeuse », soulève Cyril Durand. Positive et branchée, la boxe 2.0 ou le sport dont les Parisiens ne peuvent plus se passer !
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