Dans le Dernier baiser de Mozart, d’Alain Teulié, vous interprétez Constance Weber, l’épouse du musicien souvent dépeinte comme une jeune femme superficielle…
Ce qui est faux ! Constance était exactement le contraire d’une godiche. C’était une femme très intelligente, grande musicienne elle-même, qui a passé sa vie à gérer son mari qui, malgré son génie, était resté un homme très infantile. Durant toute leur vie, le couple est resté très amoureux, partageant le même humour et la même énergie. Ce que peu de gens savent, c’est qu’elle est également à l’origine des droits d’auteur. La pièce commence peu après la mort de Mozart lorsque, incapable de rembourser les 30 ducats que le commanditaire du Requiem avait versés à Mozart, elle demande à Franz Xaver Süssmayr, l’ami et principal collaborateur du musicien, de terminer l’œuvre.
Delphine, vous portez l’un des noms les plus connus du cinéma français étant à la fois la nièce de Gérard, la cousine de Julie et la fille d’Alain, qui fut l’un des plus grands producteurs de la fin du XXe siècle. Le cinéma a-t-il toujours fait partie de votre vie ?
Mon père avait produit des films très forts comme Tchao Pantin ou La Leçon de piano et moi, dès l’enfance, j’étais déterminée à faire ce métier. Quand je l’ai annoncé à mon père, il a commencé par me répondre : « Passe ton bac d’abord ! » Ce que j’ai fait, avant d’enchaîner avec le Cours Simon puis celui de Jean-Laurent Cochet.
Votre adolescence n’a pourtant pas toujours été rose…
J’ai vu mon père faire des films magnifiques, puis, un peu comme Mozart, à savoir vivant très bien sans penser à l’avenir en mettant de l’argent de côté, connaître de très grosses difficultés financières quand le vent a tourné. J’ai vu combien d’autres ont été ravis de prendre sa place quand sa boîte a fermé, j’ai découvert la grande jalousie mêlée à la grande hypocrisie de ce métier. Avec le recul, je me dis que c’est une chance d’avoir connu très jeune ce genre de difficultés, car j’ai eu très vite la conscience de la valeur de l’argent. Parce que j’ai vu notre train de vie se réduire considérablement, je ne dépense jamais plus que ce que j’ai !
Vous avez traversé ensuite une autre grande épreuve…
Celle de la maladie puis de la mort, trois ans plus tard, de ma mère que j’adorais et avec qui j’entretenais une relation fusionnelle. Aujourd’hui, la jeunesse devient adulte très tard et quand elle est morte, son travail n’était pas terminé. J’ai dû construire ma vie de femme sans maman, ce qui n’a pas toujours été simple. Même si j’entretiens une très belle relation avec mon père qui a tout de même réussi à remonter la pente après ce qui a été la plus grande douleur de sa vie : la perte de maman. Les psys disent que pour passer à l’âge adulte, il faut voir les défauts de ses parents et moi, je n’arrive toujours pas à leur trouver un seul défaut ! Il ne se passe toujours pas une journée où je ne me dise : « Tiens, il faudra que je raconte cela à maman… »