Evénement

Sotheby’s en toute transparence

La maison d’enchères Sotheby’s vient d’inaugurer son nouveau siège rue du Faubourg-Saint-Honoré. Désormais, les immenses baies vitrées invitent les passants à s’immerger dans le monde de la vente d’art. Une évolution plus qu’une révolution. Décryptage.

Elle ne bouge que de quelques numéros et passe du 76 au 83 rue du Faubourg-Saint-Honoré. Pourtant, c’est un grand changement pour Sotheby’s Paris qui s’installe dans un bâtiment historiquement emblématique – l’ancien siège de la célèbre Galerie Bernheim-Jeune dans les années 1920 – et qui accroît sa surface de près de 30 %. Soit 3 300 m2 répartis sur cinq niveaux où, désormais, la lumière est au cœur de l’aménagement. Car Sotheby’s réussit à marier l’ancien en l’ancrant dans le moderne qui revendique transparence et ouverture au grand jour. C’est ce que met en avant Mario Tavella, président de Sotheby’s France et chairman de Sotheby’s Europe : « Les passants auront un aperçu unique de la salle de vente à travers les grandes vitrines donnant sur la rue. » Les éléments phares Art déco de ce bâtiment ont été conservés comme les portes extérieures en ferronnerie et verre bombé, les grilles, les mains courantes en laiton tout comme les miroirs, les mosaïques, les parements en bois et les parquets.

Sotheby's Paris

83 Rue du Faubourg Saint-Honoré, paris 8e www.sothebys.com/en/
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Fidèle à son attachement au passé, la maison Sotheby’s, réputée pour ses ventes aux enchères des joyaux et œuvres d’art des temps anciens, est bien présente dans le XXIe siècle. Le siège s’enorgueillit, par exemple, d’une commande de nouveaux lustres monumentaux d’une rare élégance. Des compagnons tailleurs de pierre, des ferronniers, des éclairagistes et des paysagistes ont apporté leur concours sous l’égide de l’agence d’architecture Architecture studio et de l’entreprise Degaine qui a participé à la restauration de l’Hôtel de la Marine à Paris. Ce nouveau siège est aussi une manière de montrer l’im- portance et l’attractivité de Paris dans le domaine de l’art tout comme le dynamisme de la maison Sotheby’s. Celle-ci vient d’ouvrir en juillet un lieu à Hong Kong et prévoit, en 2025, à New York, son emménagement dans le Breuer Building au cœur de Greenwich Village, lieu du premier Whitney Museum of American Art dans les années 30, aujourd’hui installé dans le district de Meatpacking. Cette volonté d’ouverture et de transparence se caractérise par le choix de déployer les 1 275 m2 des salles d’exposition au rez-de-chaussée, avec une vue directe sur l’avenue Matignon et la rue du Faubourg Saint-Honoré, à travers les immenses baies vitrées. Autre atout majeur des autres niveaux, la lumière naturelle dispensée par la verrière de l’atrium complétée par un apport de lumière artificielle afin d’uniformiser l’éclairage des œuvres. Quant à la principale salle de vente de 200 places assises, elle sera visible depuis les galeries suspendues de l’atrium et aussi depuis le café. « Nos clients pourront profiter de l’excitation suscitée par les enchères, non seulement dans la salle de vente mais aussi depuis les étages supérieurs », renchérit Mario Tavella.

Une première pour Sotheby’s : la vente à prix fixe Néanmoins, Sotheby’s prévoit aussi un service sur mesure – en fort développement depuis plusieurs années et devenu un des points forts de la maison – avec des espaces plus dis- crets où recevoir les clients désireux de vendre de manière confidentielle des œuvres haut de gamme. Paris marque aussi une grande première pour Sotheby’s: la vente d’ob- jets uniques et de produits exceptionnels à prix fixe. Une nouveauté pour cette maison de ventes aux enchères qui répond manifestement à une demande de nombreux connaisseurs. Ces ventes auront lieu au Salon, un showroom luxe aménagé dans les étages supérieurs. Ce désir de s’ouvrir sur la rue et sur l’ensemble des galeries du Comité Matignon et de s’insérer dans la vie culturelle parisienne va se manifester au fil des mois via une programmation de cycles de master classes, d’événements réguliers organisés au sein du bâtiment. Plus encore, Sotheby’s se veut un lieu de rencontres, d’échanges, de vie et c’est pour- quoi de nombreux espaces de détente et de restauration élégants et accessibles à tous ont été aménagés. Il y a ainsi un café et même une cave à vins, dont certains très rares, dotée d’un espace dégustation. L’idée ? Désacraliser les ventes aux enchères et inciter un nouveau public à oser pénétrer dans ce lieu avant, peut-être, de participer à l’effervescence et l’excitation des ventes elles-mêmes. Sotheby’s, c’est un peu un musée gratuit pour tous où venir admirer des œuvres remarquables avant qu’elles disparaissent dans des collections privées ou au contraire enrichissent les murs de musées du monde entier. Parmi les prestigieuses collections dispersées d’ici la fin de l’année, il y a eu le 18 octobre Surrealism and its Legacy, une vente phare avec des œuvres de Picabia, Dali, Magritte, Man Ray ou encore Pistoletto, Klein, Warhol… Sans compter, celle dédiée à l’œuvre de Joseph Beuys ou celle consacrée à L’Excellence à la française du 12 au 18 octobre. Dans le cadre de ventes privées, un ensemble exceptionnel d’œuvres signées par les plus grands noms de l’art moderne et contemporain sera exposé jusqu’au 24 octobre. Une exposition sans précédent dont Londres a eu la primeur avant Paris. Autre temps fort, la vente de la collection Giordano des 26 et 27 novembre, annoncée comme la plus importante pour le marché des arts décoratifs italiens depuis celle de Borghèse en 1892. Sotheby’s s’affiche plus que jamais comme le nouveau lieu culturel d’envergure pour tous les amateurs d’art.

Par Dominique Millérioux - Publié le

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