La nouvelle vie de Marion Barbeau
Première danseuse à l’Opéra de Paris, Marion Barbeau a quitté l’institution il y a trois ans pour suivre ses deux passions : la danse contemporaine et le cinéma. Un pari gagnant. La jeune trentenaire idépendante et determiné, fourmille de projets. A l’occasion du film Drone de Simon Bouisson, ou elle tient le rôle principal, en salles depuis le 2 octobre, elle nous parle de son actualité, et de sa vie à Paris.
Dans Drone, vous jouez Emilie, une jeune étudiante en architecture, mystérieusement poursuivie par un drone. Qu’avez-vous ressenti à la lecture du scénario?
Marion Barbeau : « J’ai été intriguée parce que le scénario est très ambigu, tout en contractions. C’est un sujet qui med épasse, mais que j’avais envie de creuser. L’histoire est si audacieuse ! Quand j’ai rencontré Simon Bouisson et que j’ai vu combien il était passionné par son projet, ça m’a fait basculer.
Emilie fait du caming, une pratique qui consiste à montrer son corps sur un site pour se faire de l’argent. C’est malheureseument une réalité chez de nombreux étudiants, comment vous êtes-vous préparée au rôle ?
Marion Barbeau : » Je suis partie à la rencontre d’une camgirl qui elle, voulait développer son activité. Dans le film, Emilie souhaite arrêter pour se consacrer à ses études. Ensuite, j’ai essayé de cultiver cette ambivalence entre tous les moments ou Emilie est introvertie en société, avec une manière de se tenir, de marcher, de regarder les gens et ce qu’elle peut être quand elle fait du caming, désinvolte et nonchalante.
Vous êtes de la génération des réseaux sociaux qui s’en sert pour montrer son travail, mais qui doit composer avec un revers de la médaille, à savoir le voyeurisme. Est-ce cela que vous vouliez explorer aussi?
Marion Barbeau : » Oui, on pense pouvoir maîtriser son image alors que ce n’est pas du tout le cas. C’est cela qui m’a percuté dans le scénario. Il y a une véritable absence de contrôle, mais sans qu’on le sache. »
Certains danseurs doivent se reconvertir à la suite d’une blessure. Ce n’est pas votre cas. Comment est venu cet amour pour le cinéma?
Marion Barbeau : « J’ai toujours vu beaucoupp de films, mais en me choisissant pour En Corps, Cédric Klapisch m’a donné ce goût pour le jeu. Longtemps, j’ai pensé que mon chemin était tout tracé dans la danse. Quand Cédric est qrrivé dans ma vie, ça a été une révélation. »
Sur scène, malgré tout, vous abordiez des rôles classiques comme une actrice…
Marion Barbeau : » Evidemment ! J’ai eu la chance d’avoir une coach à l’Opéra, Florence Clair, qui allait dans ce sens, avec un travail du jeu très moderne. Un défi dans un ballet classique, parce qu’on doit faire comprendre quelque chose sur les huit temps de la musique, avec des spectateurs qui sont loin de la scène. Durant mes dernières années à l’Opéra, j’ai essayé de véhiculer des émotions malgré toutes ces contraintes. »
Dans En Corps, il y a cette phrase : « Aujourd’hui, tu commences une nouvelle vie. » Est-ce une nouvelle vie ou une vie en parallèle à la danse?
Marion Barbeau : « C’est une nouvelle vie totale par rapport à l’Opéra que j’ai quitté il y a trois ans. Mais la danse est toujours énormément présente. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir choisir mes chorégraphes, de rencontrer de nouvelles personnes et surtout de faire des films. Il s’agit juste d’organiser nous-même notre planning. J’apprends encore, mais entre le cinéma et la danse, c’est parfois difficile de tout gérer ! »
Abordez-vous un tournage comme une chorégraphie? il y a des points communs comme les placements, le travail du corps, c’est le cas de la scène du parking dans Drone.
Marion Barbeau : « Mon expérience m’a beaucoup servie pour cette scène, qui a été improvisée. En tant que danseuse, on a ce côté organique, on sait ou placer son corps par rapport à l’espace, par rapport au rythme, mais aussi vis-à-vis d’un autre corps, en l’occurrence ici, une machine. »
Vous intégrer l’école de danse de l’Opéra de Paris, puis le Corps de Ballet à 17 ans. Que représente Paris pour vous en tant qu’artiste? En tant que femme?
Marion Barbeau : « C’est la ville que j’aime, je me sens très Parisienne. Cela ne m’empêche pas d’avoir un rapport un peu particulier avec la Capitale, parce que j’ai eu la chance de beaucoup voyager avec la Compagnie et parfois, je me sens même mieux dans une autre ville. Mais j’y reviens toujours. Avec Paris, j’ai une relation de vieux couple !
Quels sont vos projets?
Marion Barbeau : » J’ai dansé à Chaillot en septembre dans Takemehome, une chorégraphie de Dimitri Chamblas. J’explore également els ambiguïtés de notre rapport au corps dans Ne me touchez pas, une pièce de et avec Laura Bachman et je participe à plusieurs tournages, notamment un film de Leïla Bouzid qui sortira l’année prochaine.