Une question fuse d’emblée lorsqu’on rencontre le créateur : pourquoi s’installer avenue Matignon alors que sa précédente boutique était située place Vendôme ? « Là-bas, soyons francs : nous avions un trou dans un mur ! L’espace était tellement sombre, petit (20 m2), qu’il ne pouvait plus présenter la diversité de nos créations. Il fallait donc voir plus grand, et autrement. Comme personne n’est condamné à demeurer place Vendôme tant Paris possède d’adresses phares, comme Matignon est l’une des plus prestigieuses avenues de la capitale, qui plus est en pleine mutation avec des galeries, des cafés élégants, des boutiques de luxe, des maisons de vente, je me suis dit : le moment de bouger est venu. Une autre donnée m’importait : penser un endroit incitant à la rêverie, traduisant la passion que nous avons tous, témoignant de la diversité de nos modèles, dont les montres féminines de plus en plus appréciées. Sortir de la grotte un peu masculine de la place Vendôme pour intégrer ces 200 m2 lumineux, c’est montrer combien notre univers est technique certes, sportif aussi, mais de plus en plus ouvert, féminin, jeune, varié, lifestyle donc. »
Une démarche à laquelle les premiers visiteurs adhèrent. Ils entrent dans le lieu “comme chez eux”, apprécient les jeux de textures, les éclairages indirects savamment pensés. « Je suis obsédé par la scénographie lumineuse, explique le boss. Nos montres étant pensées, peaufinées dans les moindres détails, on doit pouvoir les admirer quasiment en 3D, sous toutes les coutures. ». Puis, ils arpentent le rez-de-chaussée où se trouve un espace dédié aux montres féminines, admirent les tables en cuir sombre, les matériaux soignés… Ils aiment aussi qu’un horloger soit en permanence sur place et assure un suivi immédiat, une réparation éventuelle. « J’ai voulu montrer l’excellence d’un métier que, d’ordinaire, on cache, précise Richard Mille. En outre, rien ne m’agace plus que d’entendre, quand on croit que sa montre a besoin d’une intervention : « Nous devons l’envoyer à l’usine, ça va durer des mois. » Lorsqu’on sait que 90 % des réparations sont mineures et peuvent s’effectuer en dix minutes, que les constructeurs automobiles sont capables de réparer une voiture en deux jours maxi, pourquoi l’horlogerie conserverait-elle des délais ahurissants ? Rapidité, efficacité et visibilité sont essentiels dans notre univers. »