Interview

Audrey Dana : à la pointe de l’épée !

Intrépide, engagée et déterminée, Audrey Dana l’est autant dans sa vie privée que devant la caméra. Dans la série événement Zorro sur France 2 diffusée en fin d’année, elle y donne la réplique à Jean Dujardin et y incarne Gabriella, la femme de Don Diego de la Vega, qui ne rêve que d’une chose : mettre du piment dans sa vie monotone. C’est plein d’enthousiasme et d’énergie qu’elle se confie tour à tour sur ce rôle important dans sa carrière, sur son autre métier de réalisatrice, mais aussi sur son amour immodéré pour Paris.

Gabriella et Don Diego de la Vega sont un vieux couple depuis 17 ans. Ils font chambre à part et Zorro vient ranimer ce désir. Gabriella devient en quelque sorte la maîtresse de son propre mari dans un habile jeu de non-dits. Est-ce cette modernité qui vous a séduite ?

Audrey Dana : « Oui, j’ai aimé la place centrale du personnage féminin, ainsi que son évolution. Mais ce qui m’a surtout plu dans le scénario, c’est son fond engagé sous couvert de divertissement. Cette série raconte ce qui s’est vraiment passé entre les colons et les autochtones à l’époque, et cette quête de la vérité m’a convaincue d’y participer. »

Est-ce un sujet encore tabou ?

Audrey Dana : « De nombreux génocides ont été reconnus comme la Shoah ou le Rwanda, mais il n’y a jamais eu aucune reconnaissance pour les autochtones qui ont été pillés, décimés, à qui on a volé leur terre. Nous sommes actuellement à un carrefour de l’humanité, avec des enjeux sociaux et climatiques très intenses. Avoir une série populaire qui aborde ce thème est essentiel. »

Gabriella et Don Diego n’ont pas réussi à avoir d’enfant, ce qui, en 1820, est dramatique pour une femme. Mais n’est-ce pas d’aventure plutôt que d’un bébé dont Gabriella a véritablement besoin ?

Audrey Dana : »C’est exactement ça! Gabriella croit manquer d’un enfant au début, mais ce qu’elle veut en réalité, c’est une place dans la société. Elle a un besoin viscéral d’aventures parce qu’elle s’ennuie dans sa vie. Comme c’est une aristocrate, elle n’a pas à s’acquitter des tâches ménagères. Imaginez donc le vide de son existence si en plus elle n’a pas d’enfant à s’occuper! Sa rencontre avec Zorro va donc bouleverser son quotidien. »

Comment avez-vous préparé le rôle ?

Audrey Dana : « Le tournage a duré cinq mois et mon seul but, c’était de finir en un seul morceau ! (rire) J’avais pratiqué l’équitation, mais je voulais être solide, avoir de l’endurance, donc je me suis énormément préparée physiquement pour les scènes de combats. Dans un second temps, j’ai voulu connaître Gabriella par cœur. Les huit épisodes étant tournés dans le désordre, il fallait que je fasse de mon personnage une seconde peau, et je veillais à ce que chaque étape de son évolution soit la plus précise possible. »

 

Vous êtes également réalisatrice et vous aimez vous- même mettre en avant la force féminine. Est-ce que Gabriella aurait pu être une douzième fille de Sous les jupes des filles, votre premier long-métrage ?

Audrey Dana :Pourquoi pas (rire) ! Il y a encore un tel travail à faire sur l’émancipation des femmes, avec toujours des écarts de salaire entre les deux sexes. On méprise ceux qui n’ont pas d’argent, donc si la femme gagne moins que l’homme, elle est d’emblée considérée comme inférieure. Le mâle part chasser et la femme reste au foyer, c’est très archaïque. »

Est-ce l’une des raisons qui motivent Gabriella à se rebeller…

Audrey Dana : « Oui, mais attention, il y a des femmes qui ont choisi de rester à la maison, par pur plaisir. Je respecte leur décision autant que celle d’une entrepreneuse qui souhaite privilégier sa carrière. Élever ses enfants est aussi difficile que d’exercer un métier. Pour ma part, j’ai essayé de concilier les deux, même si au fond, j’ai toujours préféré m’occuper de mes garçons que de me rendre à des mondanités ! »

Vous habitez dans la Capitale. Quelle Parisienne êtes- vous ?

Audrey Dana : »Je suis l’une des rares personnes qui aiment encore Paris. J’ai un besoin extrême de nature, mais je ne pourrais pas vivre ailleurs qu’ici. La seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir été capable d’en mesurer la splendeur quand j’étais plus jeune. Étant Franco-Américaine, j’ai vécu plusieurs années à New York, quand je suis revenue, j’étais comme une touriste, je m’extasiais sur tout. Malgré le temps, cette passion ne s’est pas tarie. »

Vous avez souvent filmé Paris dans vos films. Que vous inspire ce décor ?

Audrey Dana : »J’aime filmer les endroits que j’aime et mettre la ville en avant. Même si c’est très complexe de tourner à Paris, ça vaut le coup, c’est l’une des plus belles villes au monde. »

Les bonnes adresses d'Audrey Dana

Le Grenier de Notre-Dame : Les restos végétariens sont souvent ennuyeux, mais celui-ci est top. Les produits sont frais, de saison et la promenade pour s’y rendre est magnifique ! 18, rue de la Bûcherie, 5e

Le jardin du Luxembourg : L’un des plus beaux parcs de Paris. J’aimerais qu’ils laissent un peu plus la nature reprendre sa place car la pelouse est trop tondue, mais les arbres y sont époustouflants. Mon préféré ? Celui qui ressemble à une main ouverte avec un cœur au milieu. Je vais le voir, et il me ressource. Paris, 6e

Le Sacré-Cœur : Je ne suis pas de confession catholique, mais j’aime me rendre au Sacré- Cœur, m’asseoir dans la nef, et imaginer les heures de travail colossales que l’édifice a nécessité. 35, rue du Chevalier-de-La-Barre, 18e

Big Band Poterie : Un atelier de poterie où l’on paye ses créations au poids. On y rencontre des gens formidables, il y a de la musique, une bonne ambiance. Je peux y passer des heures, notamment à confectionner des petites fées… sans doute parce qu’elles vivent dans les arbres! 57, rue Saint-André-des-Arts, 6e www.bigbandpoterie.com 

Par Paola Dicelli - Publié le

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