Les mille et une facettes d’Aurélie Saada
Jusqu’au 27 avril 2025, Aurélie Saada illumine la scène du Studio Marigny avec « Personne d’autre », un premier seul-en-scène au cours duquel elle livre une prestation aussi intense que poignante. L’autrice, compositrice, interprète et réalisatrice a accepté de nous parler de ce nouveau défi qui ajoute une corde à son arc, ainsi que sa vie de parisienne dans l’âme.
Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé cette pièce qui est, en plus, un seul en scène ?
Aurélie Saada : « L’aventure ne me fait pas reculer. Ça m’excitait d’entreprendre quelque chose de nouveau. Quand Daniel Benoin m’a proposé ce texte de Botho Strauss, j’en suis tombée amoureuse. Alors même si c’est un seul en scène à assurer pendant une heure, j’ai dit un grand oui au projet. Chaque soir est différent comme si la pièce se réinventait, au fil des émotions. »
Vous jouez le rôle d’une femme meurtrie par son homme qui refait sa vie avec une autre, et qui veut faire quelque chose de son chagrin. Comment se prépare-t-on à un rôle d’une telle intensité ?
Aurélie Saada : « Tout simplement en puisant dans les chagrins vécus. La séparation la douleur amoureuse, la reconstruction sont des sujets que j’ai souvent abordés dans les paroles de mes chansons ou même dans mon film Rose. J’ai eu beaucoup de plaisir à apprendre les mots d’un autre, même si apprendre un texte d’une heure est un travail colossal ! »
Que ressentez-vous sur scène ?
Aurélie Saada : « Jouer, c’est prendre rendez-vous avec des souvenirs. Ça demande beaucoup d’énergie et de cœur, mais c’est merveilleux. »
Dans cette pièce, il y a également des moments chantés, puisqu’on le sait, la musique est aussi votre métier. Est-ce que c’est de votre propre fait ?
Aurélie Saada : « Le metteur en scène avait envie que je chante, mais il voulait que les titres ne soient pas de moi. Je lui ai alors proposé Billie Holliday, Nat King Cole et une chanson de Sylvie Vartan que je trouve très belle. »
Finalement, Daniel Benoin vous a quand même demandé de composer et d’interpréter la dernière chanson de la pièce…
Aurélie Saada : » Oui, et j’avais un trac fou à l’idée de glisser mes mots dans ceux d’un autre, un exercice que je n’avais jamais fait auparavant. Mais le texte est si beau qu’il m’a inspiré. C’est drôle parce que parfois, à la sortie du spectacle, les gens me demandent qui a écrit « Où va l’amour quand il s’en va », eh bien, c’est moi ! (rire) »
Vous êtes autrice, compositrice, interprète, réalisatrice, actrice, et même à l’origine d’un livre de cuisine. Avez-vous un autre projet ?
Aurélie Saada : « J’aime bien savourer le moment présent quand je suis quelque part. J’ai l’impression d’en apprendre un peu plus chaque jour alors j’attends un peu avant de me lancer dans une autre aventure. »
Ce qui est intéressant dans votre œuvre, c’est ce mélange entre la solitude et l’envie de rassembler. Avez-vous besoin des deux ?
Aurélie Saada : « Oui. J’aime le silence et le bruit, les discussions et les disputes, tout ce qui nous oppose et nous relie. J’ai autant besoin de ma solitude pour créer, que des grandes tables pour vibrer. Il n’y a qu’ainsi que le monde peut avancer je crois. »
Vous avez confié dans une interview « créer, c’est réparer le cœur ». Avez-vous déjà réparé certaines de vos blessures ?
Aurélie Saada : « Je le fais encore chez mon psychanalyste ! (rire). Écrire, c’est déjà commencer à panser ses blessures. Je crois fort aux vertus de l’écriture, c’est une façon de métamorphoser nos souffrances faire en quelque chose qui ne soit plus juste du mal. »
Combien de temps faut-il pour mettre des mots sur vos maux ?
Aurélie Saada : « Je n’écris pas au moment où je vis mon chagrin, je profite un peu de lui avant !(rire) Mais quand j’ai suffisamment de recul sur un événement, je peux le transmettre, en faire des chansons, des histoires, de la poésie, qui fassent peut être échos aux vies des autres. »
Quel est votre rapport à Paris ?
Aurélie Saada : « C’est la ville où je suis née, ma ville de cœur. Quand je me suis exilée pendant un an en Californie, et elle me manquait tant que j’ai écrit une chanson pour lui rendre hommage, qui figure sur le dernier album de Brigitte. J’aime le Paris grandiose, le Paris caché, le Paris râleur, le Paris raffiné et, bien sûr, le Paris amoureux. »
Quelle Parisienne êtes-vous ?
Aurélie Saada : « Je suis une Parisienne des bistrots ! (rire) j’adore les cafés parisiens. Je marche beaucoup aussi le nez en l’air et m’émerveille devant l’architecture incroyable de cette capitale. »
Jouer, c’est prendre rendez-vous avec des souvenirs

Les adresses d’Aurélie Saada à Paris
- Les perspectives et la lumière y sont magnifiques.
- Je suis une inconditionnelle des artistes du XIXe et début du XXe siècle alors j’adore flâner dans ce musée, au même titre qu’au musée Bourdelle ou au Petit Palais.
- Tout ici me fait saliver J’aime recevoir et je cuisine beaucoup, alors j’achète mon pain là-bas.
- Sans doute la meilleure épicerie italienne de Paris. Quand on aime les commerces de bouche comme moi, ce quartier est idéal. Je pense notamment au fromager Quatrehomme rue des Martyrs, qui me rend folle.
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