Blanca, depuis des mois, votre spectacle était annoncé comme un duo avec Marie-Agnès Gillot. Et voici qu’au dernier moment, elle est remplacée par l’étoile du Bolchoï Maria Alexandrova.
Avec Marie-Agnès, nous nous sommes rendues compte que nos emplois du temps étaient très difficiles à accorder. Nous avions à peine commencé à répéter ensemble que je partais au Mexique et à Hong Kong tandis que Marie-Agnès avait des répétitions quotidiennes à l’Opéra de Paris. Comme il nous était impossible de répéter jour et nuit, j’ai eu peur que notre spectacle arrive imparfait au théâtre des Champs-Élysées. D’un commun accord, nous avons décidé de renoncer à notre collaboration.
Marie-Agnès Gillot cède donc la place à l’étoile du Bolchoï Maria Alexandrova…
Ce qui me vaut de recommencer tout à zéro, car je ne peux utiliser avec elle la chorégraphie prévue avec Marie-Agnès ! J’adore les danseuses russes dont le caractère est à la fois différent et très proche de celui des Espagnoles : très fort avec une nette tendance dramatique !
Vous êtes née à Grenade dans une famille de sept enfants.
Où mon père était employé de banque et adorait chanter. Et ma mère danser ! Ma famille était très gaie, très unie et de tempérament artiste. Mon frère jouait de la guitare, mon oncle était poète, et moi j’adorais danser : essentiellement le flamenco ! Jusqu’à l’âge de 12 ans, avec mes frères et sœurs, nous dormions à quatre par chambre. De 12 à 17 ans, nous n’étions plus que deux. À la maison, je n’ai jamais su ce que c’était d’avoir une chambre à moi.
À douze ans, vous intégrez l’équipe nationale espagnole de gymnastique.
Pour finalement la quitter à 15 ans, parce que je trouvais que le côté artistique n’y était pas assez développé. J’avais envie d’aller plus loin, d’inventer des choses. Mais à l’époque, en Espagne, nous n’avions pas d’autre choix que la danse classique qui était beaucoup trop codée pour moi. Si je voulais découvrir la danse contemporaine, il me fallait aller à New York. Ce que j’ai fait à 17 ans pour intégrer l’école de Marta Graham. Quel choc ! Sa danse passionnée me correspondait parfaitement. Je suis restée cinq ans dans son école tout en m’initiant en parallèle au flamenco professionnel.