Interview

Cindy Bruna La Française qui fait chavirer le monde

La finesse incarnée, des jambes sublimes et un sourire magnifique : ils sont nombreux à voir en Cindy Bruna la nouvelle Naomi Campbell. Née à Saint-Raphaël d’un père italien et d’une mère congolaise, Cindy a déjà conquis la plupart des couturiers de la planète. Elle partage aujourd’hui sa vie entre Paris et New York avant de, seule Française dans ce cas, défiler en novembre à Shanghai pour Victoria Secret pour la cinquième année consécutive.

Cindy, à 23 ans votre parcours est incroyable. Jamais vous ne seriez devenue mannequin si Dominique Savri, votre agent, ne vous avait pas repérée sur la plage de Saint-Raphaël lorsque vous aviez 15 ans !

Ça, c’est sûr ! Je n’avais aucune idée de ce qu’était la mode, les marques et le mannequinat. Quand on habite une petite station du Sud, on n’a aucune idée de ces choses-là ! À l’époque, parce que je travaillais bien en classe et que j’étais très bonne en maths, je n’avais qu’une idée en tête : devenir expert-comptable. Quand Dominique a fait une proposition à ma mère, je peux vous assurer qu’elle n’a pas sauté dessus. Elle voulait avant tout que je poursuive mes études. Ce que j’ai fait. Il fut d’ailleurs assez vite décidé que je ne travaillerai que durant les vacances et les week-ends. Pour moi, c’était plus un passe-temps qu’autre chose. Un moyen de gagner de l’argent de poche.

À 16 ans, vous vous retrouvez dans le showroom d’Azzedine Alaïa…

Mon premier job à talons ! Je ne savais pas marcher avec, c’était épouvantable. En plus, je n’étais pas du tout à l’aise devant le photographe, je ne comprenais pas ce qu’il attendait de moi. Je me trouvais trop fine et trop grande (Cindy mesure 1,80 m) et j’étais gauche sur les tests. Ce qui m’a amenée à prendre des cours d’improvisation pour apprendre à jouer un rôle…

Après votre bac où vous avez été reçue avec mention, votre maman a enfin accepté que vous veniez vivre à Paris.

Oui, mais pas dans n’importe quelles conditions ! Il n’était pas question que je partage un appartement avec d’autres mannequins. J’ai été élevée avec des principes et le sens des valeurs. Ma famille avait peur des dérives de ce métier où l’on sait que circulent la drogue et l’alcool. Je me suis donc installée chez mon agent où je suis un peu devenue la grande sœur de sa propre fille. Notre cohabitation s’est très bien passée et a duré trois ans.

Très rapidement, vous partez tenter votre chance à New York…

Où ma famille me manquait énormément, où je n’avais presque pas de copines, où mon anglais était plus que limité. J’avais treize castings par jour et je passais des heures à attendre mon tour au milieu de casting directeurs qui faisaient de gros câlins aux filles qu’ils connaissaient et ne regardaient ni moi, ni mon book. J’en pleurais de fatigue, d’énervement et de déception. Et puis un soir, je reçois un coup de fil de mon agence – « Cindy,  tu es confirmée pour une exclu Calvin Klein ! » C’est le défilé qui a tout lancé. Ensuite, tout s’est enchaîné. Une campagne pour Prada, ma première couverture du Vogue italien avec Steven Meisel. New-York m’a propulsée !

Comment viviez-vous le fait d’être métisse ? Était-ce plutôt une force ou un handicap ?

Essentiellement une force, même si parfois c’était un peu compliqué. Jean Paul Gaultier, Pierre Balmain et Elie Saab m’ont toujours soutenue, depuis le début. Aujourd’hui, ils font partie de ma famille. Je suis issue d’un Italien du Nord blond aux yeux bleus et d’une Congolaise. Quand je me promenais avec mon père, tout le monde me prenait pour une enfant adoptée ! (rires) Mon père était parti travailler six ans au Congo où il a rencontré ma mère et l’a épousée là-bas. Par la suite, mes parents ont divorcé et mon père est parti habiter une ferme sur les hauteurs de Nice où je passais tous mes week-ends et la semaine chez maman à Saint-Raphaël.

Pour un mannequin, il n’y a pas si longtemps, être française ne semblait pas très porteur…

En me voyant, les Français disaient : « Elle est jeune, elle est métisse et elle est Française… » Maintenant, les Françaises reviennent à la mode. Ce qui n’était pas le cas il y a cinq ans. Désormais, chacun veut de la mixité. Des Chinoises, des Portoricaines, des Brésiliennes typées, des Indiennes.

Pour conserver cette taille filiforme, vous limitez-vous à une poignée de radis et quelques haricots par jour ?

Pas du tout, même si je n’ai pas pris un kilo depuis l’âge de 15 ans ! Depuis l’enfance, j’ai toujours été complexée par ma maigreur à tel point que certaines personnes me pensaient anorexique, ce qui n’était pas du tout le cas. Au contraire, je faisais tout pour grossir. Je mangeais de la viande deux fois par jour et raffolais des aliments aussi caloriques que la raclette et la tartiflette. Jusqu’au jour où j’ai compris que tout ce gras était nocif pour l’organisme.

Depuis six mois, vous êtes établie à New York. Pourquoi ce choix ?

Depuis quatre ans, je ne cessais de faire des allers-retours entre Paris et New York. J’ai fini par m’y installer parce qu’en matière de mode, c’est vraiment là-bas que tout se passe. La diversité y est mieux acceptée. Tous les photographes sont là-bas. La publicité aussi. Cela dit, j’ai conservé mon appartement à Paris car si je reste plus d’un mois sans voir ma ville, je craque ! Je m’arrange pour y revenir au minimum une semaine tous les deux mois, car je suis très attachée à la France. À New York, le mode de vie est très intense. L’effervescence y est constante. J’ai besoin de revenir ici pour me ressourcer. Moi qui trouvais Paris très agité en arrivant de mon Sud natal, je le trouve maintenant super paisible lorsque je reviens de New York !

Que trouve-t-on de plus parisien en vous ?

Le goût de la réussite et de la perfection et peut-être une certaine tendance à une insatisfaction permanente ! (rires) Je suis aussi une bonne vivante et à New York je suis en manque continuel de bon pain, de fromages et de bonnes viandes !

Quelles sont vos modèles dans le métier et quels sont vos projets immédiats ?

Christy Turlington et Gisele Bündchen qui ont eu des carrières formidables et sont devenues des épouses et des mères accomplies. Sinon, j’envisage de me rendre prochainement en Afrique où je ne suis encore jamais allée. Ma mère n’y est pas retournée depuis vingt-six ans et je souhaite faire ce voyage avec elle, car je me sens aussi Française qu’Africaine.

Par Caroline Rochmann. Photos : Stéphanie Slama. Remerciements au Shangri-La Hotel, Paris - Publié le

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