Interview

Hannah O’Neill, l’étoile gracieuse

Nommée étoile de l’Opéra de Paris, le 2 mars dernier, à l’issue de la représentation de Ballet impérial de George Balanchine au Palais Garnier, la danseuse néo-zélandaise Hannah O’Neill brille autant par sa technique parfaite que par son jeu d’actrice bouleversant. Rencontre. 

Néo-Zélandaise, née à Tokyo, et aujourd’hui habitant en France où vous venez d’être nommée étoile de l’Opéra de Paris, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Hannah O’Neill : Je ne réalise pas encore. Je ne suis pas Française, mais c’est une maison que j’aime et dont je voulais faire partie depuis longtemps. Très vite, je me suis imprégnée de la manière dont les gens dansent ici, en France, et que j’admire depuis toujours. La technique y est si particulière. C’est beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de plaisir.

Rêviez-vous de Paris lorsque vous étiez enfant ? Qu’évoque cette ville pour vous ?

Hannah O’Neill : Pour tous les étrangers, Paris est une destination de rêve. La première fois que je suis venue dans la capitale, je me souviens ne pas avoir compris où les gens habitaient, tellement les bâtiments étaient beaux ! (rires). C’était irréel, et si différent de la Nouvelle-Zélande, dont les constructions sont beaucoup plus récentes. Mais aujourd’hui, c’est chez moi et j’adore y flâner.

Justement, quand vous ne dansez pas, qu’aimez-vous faire à Paris ?

Hannah O’Neill : Mon quartier préféré reste Montmartre. C’est un quartier qui garde une étiquette assez “cliché”, mais à laquelle je suis réellement attachée. Après les spectacles, on aime se retrouver Chez Eugène, un restaurant de la place du Tertre qui a toujours du bon vin ! Je suis également avide du calme du jardin du musée Montmartre, avec un petit café devant sa fontaine. Cela fait longtemps que je ne me suis pas détendue, alors quand l’occasion se présente, j’adore aller voir un vieux film au cinéma Le Champo dans le 6e, ou bien faire du shopping chez Irrégulières, une friperie du 9e qui est une véritable caverne d’Ali Baba !

Vous avez un parcours atypique, car vous avez directement intégré le Corps de Ballet sans passer par l’École de danse, contrairement à vos camarades. Quelles difficultés avez-vous pu rencontrer ?

Hannah O’Neill : Le plus grand obstacle pour moi, c’était la langue. Quand je suis arrivée à Paris, je parlais seulement anglais et japonais, mais pas un seul mot de français, hormis le vocabulaire universel de la danse classique. Ne pas pouvoir communiquer a été très frustrant. Heureusement, mes camarades m’ont appris et je parle maintenant presque couramment, sans avoir pris un seul cours !

Dans votre style, notamment votre interprétation de la Carmen de Roland Petit, le jeu d’actrice semble presque aussi important que la danse. Comment travaillez-vous chaque rôle ?

Hannah O’Neill : À mon sens, on danse toujours mieux lorsqu’on interprète. C’est là que les mouvements se font plus naturels. Il faut connaître ce que l’on a envie de raconter. Je lis beaucoup de livres, ensuite, j’y mets un peu de moi.

Depuis une dizaine d’années, les danseurs de l’Opéra de Paris sont devenus populaires, à travers des publicités, auxquelles vous avez participé, et des émissions. Comment expliquez-vous un tel engouement ?

Hannah O’Neill : La danse est redevenue à la mode, surtout auprès de la jeune génération. Les gens veulent avoir du vrai, de l’émotion, et c’est ce qu’offre cet art. C’est super d’avoir cette visibilité, même si je trouve qu’en France, c’est relativement modéré. Lorsque vous allez au Japon, berceau de mon enfance, les danseurs de l’Opéra de Paris sont de véritables rock stars !

L’Opéra s’ouvre de plus en plus à la diversité et aux danseurs étrangers, je pense aux nominations comme étoile de la Coréenne Sae Eun Park, de Guillaume Diop, premier danseur noir de l’Opéra de Paris à obtenir ce titre. Quel regard portez-vous sur ce changement ?

Hannah O’Neill : C’est un message fort, qui dit que pour entrer à l’Opéra de Paris, il n’y a pas de règle, tout est ouvert à tout le monde. Je trouve cela vraiment bien.

Comment imaginez-vous la suite ?

Hannah O’Neill : Je vais déjà être heureuse de ne plus être remplaçante ! (rire). Je vais pouvoir construire des personnages en studio, et les répéter dans ce sens. Après, classique ou contemporain, peu importe. J’aime cette diversité de programmation qu’offre l’Opéra de Paris, qui permet aux danseurs de ne pas s’enfermer dans des cases.

Quelles sont les qualités principales selon vous pour être étoile ?

Hannah O’Neill : C’est difficile à exprimer avec des mots. Disons qu’être étoile, c’est savoir exprimer l’indicible sur scène et…y briller.

Bio Express

Bio Express

  • Naissance à Tokyo.
  • Intègre l’Australian Ballet School.
  • Remporte le Prix de Lausanne.
  • Engagée dans le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris
  • Promue coryphée. Médaille d’argent au Concours de Varna.
  • Promue sujet.
  • Promue première danseuse. Prix Benois de la Danse
  • Nommée étoile de l’Opéra de Paris le 2 mars au Palais Garnier.
Par Léna Le Fur - Publié le

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