Interview

Les énergies lumineuses de Nathalie Junod Ponsard

Si la lumière est la condition de l’apparition du monde, elle est le matériau même de l’œuvre de Nathalie Junod Ponsard. L’artiste française a déjà travaillé in situ au Centre Pompidou, à la Maison Hermès de Barcelone, au Palais Farnese à Rome ou au Singapore Art Museum. En pleine création d’un projet monumental pour la ville de Riyad en Arabie saoudite, elle se confie à Paris Capitale au sujet de Voie Lactée et Le Moment magnétique, deux œuvres sélectionnées dans le cadre de l’opération Courants Fertiles pour le village olympique des athlètes à Saint-Denis.

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Pourquoi avoir choisi de travailler autour de la halle Maxwell qui doit accueillir les organisateurs des JO avant de devenir le siège du ministère de l’Intérieur ?

Nathalie Junod Ponsard : « La halle Maxwell, ancienne centrale électrique construite en 1907 qui alimentait toute la partie nord de Paris, a été abandonnée dans les années 1980. En tant qu’artiste qui travaille avec le médium de la lumière, j’ai été attirée par ce lieu. J’ai retrouvé les racines de cet ancien quartier pour continuer à lui donner vie. »

Quel est le thème de vos œuvres ?

Nathalie Junod Ponsard : « Le sujet de mes œuvres est la création de nouvelles énergies dans des espaces : je change de longueur d’onde, je les additionne, je les superpose et les appose les unes aux autres. »

Vous êtes donc sensible à l’environnement…

Nathalie Junod Ponsard : « Pour moi, l’influence de la lumière sur le vivant est source de recherche et d’expérimentation. C’est une œuvre qui se fait alchimie lumineuse et qui propose des seuils sensoriels. Je sensibilise le public aux phénomènes invisibles qui nous entourent et qui influent sur nous. »

Vous avez installé l’œuvre, Le Moment magnétique, sur la façade de la halle Maxwell.

Nathalie Junod Ponsard : « Oui, face à la Seine, face au vent, face aux éléments naturels. Je me suis inspirée de James Maxwell,
le scientifique écossais, fondateur de l’électromagnétisme, dont le bâtiment porte le nom. J’ai créé les mouvements de mes plages de longueur d’onde pures et saturées en expansion. Le mouvement rappelle aussi les prouesses sportives des athlètes tout comme nos mouvements corporels, vitaux. »

Avez-vous trouvé une autre source d’inspiration ?

Nathalie Junod Ponsard : « J’ai découvert que l’architecture de cette façade faisait penser au temple grec d’Olympie, le premier village des athlètes construit dans le Péloponnèse qui faisait face à l’Ouest. Or, cette façade est plein ouest. Je n’ai fait que des connexions et montré tous les liens invisibles.

Que voit le spectateur ?

Nathalie Junod Ponsard : « Il découvre Le Moment magnétique, une œuvre lumineuse complètement intégrée à cette façade, comme des étendues ondulantes, fluides et lentes. Des mouvements assez hypnotiques, des jeux de torsions simples, mais efficaces. J’ai vingt-deux longueurs d’onde programmées au cours de ce déploiement. C’est comme un film, une œuvre qui fait un avec le bâtiment. »

Votre seconde œuvre, Voie Lactée, se trouve sous le porche de la halle Maxwell…

Nathalie Junod Ponsard : « Voie Lactée se projette au plafond du porche. L’œuvre fait 12 mètres de long, se situe à plus de 7 mètres du sol et se présente comme un ruban lumineux composé de cinq
projections lumineuses et dynamiques qui varient doucement, signe du vivant. De jour, on ne voit que les cinq cercles lumineux et de nuit tout l’espace est subtilement immergé par la lumière colorée et réfléchie. Les couleurs sont issues du RVB ou rouge-vert-bleu, encore un hommage à leur découvreur, James Maxwell qui inventa la synthèse additive. Une partie de l’œuvre est créée pour ceux qui ne peuvent voir toutes les couleurs.

Qu’est-ce qui vous réjouit dans ce projet ?

Nathalie Junod Ponsard : « J’ai tenu une conférence avec un athlète paralympique Dimitri Jozwicki. Il expliquait que les athlètes subissent le décalage horaire, se réveillent la nuit, croisent d’autres athlètes,
discutent et essaient les sports les uns des autres. Il disait que si des œuvres lumineuses les accompagnaient la nuit, ce serait extraordinaire. Cela m’a donc d’autant plus touchée de penser que les œuvres lumineuses, qui sont là une partie de la nuit, allaient accompagner les athlètes.

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