Olivia, rien qu’à vous regarder, on devine en vous un tempérament passionné…
Je vous accorde volontiers que je ne suis pas tiède ! (Rires) J’ai tendance à être toujours dans l’excès et à faire à fond tout ce que j’entreprends. Je ris beaucoup, je pleure beaucoup, au point d’être parfois pénible pour mon entourage et de m’épuiser moi-même… Et puis, sans doute que ce tempérament s’explique aussi par mes origines espagnoles…
Des origines que vous revendiquez totalement…
Ma grand-mère disait toujours de moi que j’étais la plus espagnole de la famille. Une famille qui s’était installée en France pour fuir le franquisme. C’est vrai que je suis assez écorchée vive, et que l’envie de comprendre mon histoire familiale m’est très vite apparue comme une nécessité qui me donnerait la clé pour savoir où j’allais. Trois de mes grands-parents sont des exilés qui ont été plutôt mal accueillis en France. Ils ont connu la violence et l’humiliation. Seul mon grand-père paternel est français de souche. D’où mon véritable patronyme : Olivia Blanc. Ruiz étant le nom d’une de mes grands-mères.
À quoi ressemblait votre enfance ?
Je suis née à Carcassonne mais j’ai grandi à Marseillette, dans le café-tabac tenu par mes grands-parents. Mes parents travaillaient comme des fous et cumulaient deux boulots sans jamais prendre de vacances. Ma mère travaillait à la Mutuelle sociale agricole et aujourd’hui encore, continue à aider les agriculteurs du village. Mon père travaillait au café et parallèlement, faisait l’artiste en donnant des concerts qui lui ont valu une certaine notoriété dans la région. Je l’ai toujours vu une guitare à la main et à la maison, tout le monde chantait à la moindre occasion. Nous formions une famille très unie qui vivait à l’espagnole et mes parents ont toujours été des points d’ancrage pour mon frère et moi. Ils nous ont donné le goût de la rigueur et du travail bien fait. Enfant, véritable garçon manqué, j’évoluais tel un petit Tom Sawyer. Il faut dire qu’à l’époque, le monde était bien moins dangereux qu’il ne l’est aujourd’hui.
Vous n’étiez pas aussi féminine qu’aujourd’hui ?
Loin de là ! J’étais petite, je n’avais pas de poitrine, je ne ressemblais à aucune des femmes de ma famille qui étaient toutes pulpeuses, charnelles, latines et que j’enviais tant. En même temps, j’étais très créative. Je m’habillais avec des associations improbables de vêtements et de couleurs qui devaient être assez réussies puisqu’au lycée, on me complimentait souvent sur mes tenues. Je me souviens avoir flashé pendant des mois sur une chemise Jean Paul Gaultier pas du tout dans nos moyens. Ma mère avait senti combien posséder cette pièce était important pour moi. Elle a économisé de l’argent, a attendu qu’elle soit remisée plusieurs fois avant de me l’offrir. Elle était noire avec des empiècements rose fluo. Je l’ai encore aujourd’hui…
Le chant a été très tôt l’une de vos passions ?
À 12 ans, j’ai été engagée comme soliste à la chorale du collège. À 15 ans, je fondais un groupe de rock avec des amis avant de me tourner vers la chanson réaliste. En même temps, je n’avais qu’un rêve, devenir comédienne ou danseuse, même si je vivais le chant comme un plaisir faisant partie intégrante de ma vie. Et puis, un soir alors que je rentrais de la fac, ma mère me dit : « il existe maintenant sur TF1 une école gratuite de chant et de danse ». Nous étions en 2001 et il s’agissait de la première Star Academy.
Où vous parvenez en demi-finale…
Mais où je refuse de rentrer dans le moule. Je souhaitais chanter mes propres textes, qu’on respecte mon univers, ne pas être formatée. Lorsque j’apprends que la chanson de la future gagnante est déjà écrite, je dis que j’aimerais travailler avec Juliette et l’on me rit au nez. Je quitte ma première maison de disques avant de mettre un an à entrer chez Polydor. Mon premier album, dont j’ai écrit tous les textes, ne remporte qu’un succès d’estime mais les salles se remplissent. En 2005, le suivant La Femme chocolat finira à un million trois cent mille exemplaires vendus et numéro un des ventes !