Culture

La Fondation Pernod Ricard à l’aube d’un nouveau départ

Colette Barbier, la directrice de la Fondation Ricard devenue Fondation Pernod Ricard, en rêvait ! Après 22 ans de découvertes, d’échanges, de partage au 12 rue Boissy-d’Anglas, la fondation emménage au rez-de-chaussée du nouveau siège flambant neuf du groupe éponyme, cours Paul Ricard à quelques enjambées de la gare Saint-Lazare. Ouverture le 6 mars 

Un petit escalier de l’une des sorties du métro Saint-Lazare propulse le visiteur sur l’esplanade du 1 cours Paul Ricard devant l’entrée de la Fondation. Il fait doux ce matin de mars et Colette Barbier, toujours élégante, en costume noir, fait découvrir avec passion sa “nouvelle boîte à outils” aménagée par l’agence NeM/Niney et Marca Architectes. « J’aimerais que ce lieu  devienne le début d’un parcours culturel du samedi, avec comme point de départ le Café Mirette (prénom de la très discrète épouse de Paul Ricard) où une jeune équipe de restaurateurs bien connus propose un brunch et de très bons produits éco-responsables aux prix attractifs. On peut garer son vélo sans crainte sur l’esplanade surveillée où les enfants peuvent courir, les parents et les grands-parents, se restaurer, puis se cultiver. Ce sont de petites choses qui faciliteront la vie de nos visiteurs pour une découverte de nos expositions en toute sérénité. »

“Convivialité, proximité, exigence”. Les mots sont pensés. Pesés. Ce sont les mêmes que Colette Barbier prononce depuis les vingt-deux ans qu’elle est la directrice de la Fondation. Ici, ils prennent encore plus leurs sens. Dès l’arrivée à la Fondation, la bibliothèque-librairie (dont le choix des livres d’art a été judicieusement élaboré avec la complicité des spécialistes de la petite librairie indépendante After 8 books) résume les trois mots clés du message de Colette Barbier. L’artiste Mathieu Mercier s’est chargé de l’aménagement de cet espace chaleureux qui se prolonge, se confond avec le Café Mirette. Sur le grand mur, une toile imprimée laisse un artiste s’exprimer en toute liberté. Mathieu Mercier est le premier à y laisser sa marque, puis il transmettra sa place à un artiste qu’il aura lui-même choisi. Un principe cher à la fondation qui veut que ce mur se transmette d’artiste en artiste sans veto institutionnel de six mois en six mois. Transmission, un autre mot essentiel pour la Fondation. Cet espace caméléon se transforme au fil de la programmation, devient lieu de débat, incite à prolonger les rencontres autour d’un verre. Tout y est art, même le mobilier d’usage qui a été commandé à des artistes : Katinka Bock a imaginé un tapis, Neïl Beloufa, les lampadaires, Robert Stadler, les chaises, les architectes NeM, les tables, la céramiste Natsuko Uchino, les vasques des sanitaires, etc.

De la bibliothèque-libraire, on passe au Café Mirette et la circulation se poursuit avec le premier espace d’exposition de 100 m2, puis vers un second deux fois plus grand et totalement hermétique. « Tout est conçu pour une modulation maximale. Décloisonner totalement l’espace ou le cloisonner à volonté. Pour recevoir de grandes installations ou au contraire de petites pièces. D’ailleurs, aucune de nos cimaises (les murs d’expositions où sont accrochés les œuvres, NDRL) ne sera jetée. Tout est prévu pour leur conservation », explique Colette Barbier, soucieuse de l’environnement. Entièrement vitrée, une agréable coursive modulable, avec si besoin des gradins, nommée Traverse donne sur le cours Paul Ricard et mène à l’auditorium au confort dernier cri de 112 places, amarré à la proue du siège de Pernod-Ricard, prêt à accueillir débats, projections, interventions d’artistes, d’écrivains, de poètes, de performers, de philosophes. Bien plus qu’un lieu d’art contemporain de soutien à la jeune scène française, la Fondation Pernod Ricard renouvelle ce dont l’art a le plus besoin : “une nouvelle façon de venir consommer et d’appréhender l’art contemporain qui soit à la fois proche des artistes et du public”. « Nous espérons profiter de cette nouvelle configuration pour inventer une approche différente », conclut Colette Barbier.

Une programmation sur mesure

Quatre expositions par an et le Prix de la Fondation Pernod Ricard vont ponctuer la programmation de la fondation. Pour Colette Barbier « les meilleurs commissaires d’exposition ce sont les artistes eux-mêmes », fidèle à ce credo elle a confié au surdoué vidéaste Bertrand Dezoteux l’inauguration du lieu. « Cela change la façon dont le public regarde les œuvres », poursuit la directrice. « L’exposition va être baroque. Bertrand Dezoteux a choisi des artistes singuliers que l’on ne connaît pas. C’est l’esprit de la Fondation que j’aimerais que les gens remarquent : la recherche, la découverte, la prise de risque, le tremplin que nous sommes pour les artistes exposés. » Par la suite Isabelle Cornaro investira le lieu avec des œuvres en écho avec ses immenses toiles accrochées avec les Nymphéas de Monet au musée de l’Orangerie. Le désir de Colette Barbier ? Inventer une nouvelle façon de consommer l’art !

 Exposition “Le juste Prix”, du 6 mars au 17 avril. Ouvert du mardi au samedi de 11 h à 19 h. Entrée libre.

16.Olivier-Passieux
12.Liv-Schulman

Interview 

Colette Barbier,

directrice de la Fondation Pernod Ricard

Pourquoi un nouveau lieu ?

Nous sommes venus nous installer dans les locaux de Pernod Ricard parce que le groupe a souhaitérassembler toutes ses filiales y compris son siège. Alexandre Ricard, le P.-d.g. du groupe, est très attaché à la Fondation. Il a tenu à l’intégrer au sein même de ce bâtiment pour irriguer, distillé un message auprès de l’ensemble de ses collaborateurs.

Une nouvelle mission pour la Fondation ?

À cette occasion, Alexandre Ricard a voulu que la Fondation, jusqu’alors rattachée à la filiale France, devienne celle du groupe Pernod Ricard. Notre mission reste la même, qui est, depuis toujours, de soutenir la jeune scène française avec, aujourd’hui, un objectif supplémentaire, celui de l’accompagner aussi à l’étranger. Exposer à New York ou Shanghai, faire des projets à Los Angeles, cela sera extrêmement porteur. On travaille dans ce sens-là.

Quelle est la force de ce nouveau lieu ?

Les espaces ont été totalement aménagés par le bureau NeM/Niney et Marca Architectes, choisis pour leur proximité avec les artistes qui sont aujourd’hui beaucoup moins attachés à des espaces impersonnels et aseptisés, du type “white cube”. Tous les artistes qui sont venus trouvent que le lieu est intéressant en cela. Il n’est pas ordinaire. Il y a des décrochages, des différences de hauteurs de plafonds, nous voulons en faire une force. La vue sur la gare, c’est incroyable comme cela les inspire. L’espace stimule le voyage, la traversée, le départ, et en même temps nous sommes en plein cœur de Paris.

La convivialité est-elle toujours au cœur de l’esprit de la fondation ?

Oui, évidemment ! Le quartier est plus populaire que celui de la rue Boissy-d’Anglas où nous étions, en plus, en étage. Ici, nous avons une “boîte à outils” plus complète pour ouvrir sincèrement à un public beaucoup plus large que celui du milieu de l’art. Avec une esplanade entre les rues d’Amsterdam et de Londres, un auditorium, un espace de conférence, un autre d’exposition et un dédié à la performance d’artistes. Et bien entendu, ce qui est au cœur du lieu, et qui va le faire vivre, la librairie et le Café Mirette.

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Par Anne Kerner - Publié le

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