Peu de stars des années 1960 se sont réinventées avec autant de succès que Marianne Faithfull. Sa carrière musicale commence lorsque le label Decca publie en juin 1964 « As Tears Go By » un titre écrit par les Rolling Stones (qui enregistreront leur propre version un an plus tard, en octobre 1965 ) et qui sera un succès international. Plusieurs singles suivront portés par sa voix douce et ses talents d’interprète tels « This Little Bird » et « Summer Nights » ( dont on trouve ici la version française avec une diction sans accent, quasi parfaite). On notera plusieurs aussi ballades pop folk intéressantes « Come And Stay With Me », « What Have They Done To The Rain? » ou ce « Come My Way » et « Once I Had A Sweetheart » qui rappelle la voix soprano cristalline de Joni Mitchell. A noter également deux titres enregistrés live à la BBC, le « Yesterday » des Beatles (1965) et « Cockleshells » (1966).
À la fin des 60’s, tombée dans la toxicomanie, Marianne Faithfull enregistre « Sister Morphine », un titre co-écrit avec les Rolling Stones qui le reprendront eux un an plus tard sur « Sticky Fingers » (1971). La chanson est une complainte, celle d’un homme sur son lit d’hôpital qui se bat contre la douleur et le manque – un état que Marianne Faithfull, alors « accro », connaissait bien. En se séparant de Mick Jagger, elle interrompt les enregistrements et s’adonne de plus en plus aux drogues dures. Pendant deux ans, elle vit dans les rues du quartier de Soho à Londres. Des amis lui feront suivre un programme de désintoxication, grâce auquel elle a droit à une dose journalière délivrée en pharmacie. Durant ces années difficiles, elle enregistrera trois chansons avec David Bowie dont la reprise d’un succès de « Sonny and Cher, I Got You Babe » ainsi que « Dreamin’ My Dreams » qui ressortira modifié sous le titre « Faithless « deux ans plus tard.
En 1979, la chanteuse fait un retour étonnant avec l’album « Broken English ». Son timbre de voix a fortement changé, baissé d’un octave est devenu plus rugueux, plus profond ce qui renforce l’intensité dramatique des textes . C’est à ce moment qu’elle commence à écrire ses propres chansons dans lesquelles elle aborde le sexe et le désespoir avec un réalisme déchirant. Après avoir véhiculée l’image d’une chanteuse sage tout au long des 60’s, elle trouve enfin sa propre voix et sonne soudainement plus pertinente et contemporaine que la plupart des artiste de sa génération. « Broken English » est un tournant qui relancera sa carrière pour les décennies suivantes où elle a mélangera styles musicaux, alternant albums personnels « Dangerous Acquaintances » (1981) et « A Secret Life » (1995) avec un disque de reprise « Strange Weather » (1987) sur lequel figure ici une émouvante version live de « The Boulevard Of Broken Dream ».
Quel bonheur aujourd’hui de (re)découvrir ces chansons portée par cette voix brisée qui sonne quelque part entre Marlène Dietrich et Nico. A noter que cette compilation contient plusieurs 4 inédits et 9 jamais sortis en CD parmi lesquels « Nuit D’ été », « The First Time (Ever I Saw Your Face) », Hier Ou Demain (extraite du film « Anna ») Something Better et une version longue de Sister Morphine.