Culture

Palais de Tokyo, un sacré numéro

Le plus grand centre d’art contemporain d’Europe, installé dans l’ancien Palais des musées d’art moderne, inauguré en 1937, célèbre ses vingt ans. Une histoire mouvementée, scandée en six chiffres.

1937 : C’est l’année de l’Exposition universelle, dite aussi “Exposition internationale des arts et techniques appliquées à la vie moderne”, et la dernière en France. À cette occasion, Paris voit grand. Et sur le Champs-de-Mars, le terrain de l’ancienne manufacture de tapis de la Savonnerie, face au quai de Tokio (selon la graphie au début du XXe siècle et actuelle avenue de New York) devient un monumental Palais des arts, destiné à accueillir deux musées d’art moderne ; l’un national,
l’actuel Palais de Tokyo, qui va connaître plusieurs mutations au fil du temps, et l’autre municipal, où il réside toujours. Le projet déroutant de quatre jeunes architectes méconnus a été préféré à ceux, plus coûteux, de Mallet-Stevens et Le Corbusier.

22 000 : C’est la superficie, en mètres carrés, d’un établissement longtemps “versatile”. Avant de devenir le plus grand centre d’art contemporain d’Europe, l’actuel Palais de Tokyo qui demeure, jusqu’en 1976, l’adresse du Musée national d’art moderne (déplacé quelques mois plus tard au Centre Pompidou, créé pour l’occasion), sera aussi le siège d’un énigmatique musée d’Arts et d’Essais, abritant, entre autres, des œuvres de Picasso, en attente de “son” musée, mais aussi un Palais de l’image, intégrant la Cinémathèque française, la future Femis et le Centre national de la Photographie. Rappel moins glorieux, fin 1941, il servira, également, de “magasin de séquestres de biens juifs spoliés”.

Palais de Tokyo

13, avenue du Président Wilson, 16e palaisdetokyo.com/
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221 075 : C’est le record absolu du nombre de visiteurs, pour la carte blanche de Tomás Saraceno, en 2018. Déployées sur 13 000 m2, les installations minimalistes de l’artiste d’origine argentine (né en 1973) magnifiaient les toiles d’araignées.

5 : C’est le nombre de rendez-vous proposés dans la programmation-anniversaire (démarrée le 12 mars), à suivre tout au long de l’année, en parallèle des habituelles saisons d’expositions. Guillaume Désanges, président depuis le 22 février, souhaiterait faire de ce monument de béton brut un « corps vivant, vivace et vulnérable, ouvert sur une grande diversité de la création contemporaine et à l’écoute des enjeux de la société ». L’écologie, en tête de proue, naturellement. Parmi les cinq événements, “la culture durable” sera célébrée, le temps d’un week-end de juin, en parallèle de la saison actuelle “Réclamer la terre”, visible jusqu’au 15 septembre. Au menu : huit expositions (Laura Henno, Hélène Bertin, César Chevalier, Aïcha Snoussi, Mimosa Echard…), des performances, des ateliers, des débats, etc. Quant au nouvel espace du Palais, un centre de “mieux-être par l’art”, baptisé Hamo, il ouvrira ses portes en décembre prochain, à côté de la librairie.

2002 : C’est la date d’inauguration du Palais de Tokyo, initié par le ministère de la Culture, en 1999, pour offrir une alternative au Centre Pompidou et rivaliser avec Berlin et Londres. Le futur vaisseau amiral de l’art contemporain s’installe – littéralement – dans le chantier du Palais du cinéma, un temps envisagé… Les démolitions révèlent des espaces surprenants ; la structure en béton d’origine, mise à nu, suggère aux architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, l’idée de conserver cette configuration de vaste friche industrielle, conforme à la créativité de la scène artistique émergente. Dix ans après, au terme de dix mois de travaux, le Palais redéploie toute son aile et s’ouvre sur l’extérieur : le duo de bâtisseurs, déjà à l’œuvre en 2002, ajoute au plateau initial de 5 000 m2, un espace labyrinthique réparti sur quatre niveaux, de 16 000 m2, révélant trois salles de cinéma, de grandes baie vitrées, un autre restaurant, etc. Jean de Loisy, président et figure tutélaire (de 2011 à 2018), parle alors d’un “territoire d’explorations, plutôt qu’un lieu d’expositions”…

12 : C’est le nombre d’heures d’ouverture au public. Sa particularité étant, qu’accessible de midi à minuit, il attire des visiteurs de tous bords, qu’ils soient skaters sur le parvis (rebaptisé “le Dôme”), gastronomes branchés à la terrasse du Bambini (côté avenue du Président Wilson) ou dans les fauteuils cosy de Monsieur Bleu (côté Seine), ou simplement promeneurs dans le Jardin
aux Habitants, créé par l’artiste Robert Milin, qui longe le bâtiment et la rue de la Manutention.

palais de tokyo expo 1937
Par Mireille Sartore - Publié le

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